Le Devoir

Il manque 140 millions de femmes dans le monde, selon l’ONU

La préférence pour les fils a causé un déséquilib­re entre les sexes, déplorent les Nations unies, qui dénoncent dans un rapport de nombreuses pratiques nuisibles pour les femmes

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La préférence pour les fils a provoqué un déficit de près de 140 millions de femmes dans le monde a déclaré le Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP) dans son rapport annuel publié mardi.

L’agence a également déclaré qu’un mariage sur cinq qui a lieu aujourd’hui se fait avec une fille mineure, et environ 4,1 millions de filles risquent cette année d’être soumises à la circoncisi­on féminine, également connue sous le nom de mutilation génitale féminine, ou MGF, qui a été condamnée par les Nations unies.

La Dre Natalia Kanem, directrice générale de l’FNUAP, a déclaré : « Les pratiques néfastes contre les filles provoquent un traumatism­e profond et durable, les privant de leur droit de réaliser leur plein potentiel. »

Le rapport sur l’état de la population mondiale 2020 identifie 19 pratiques néfastes constituan­t des violations des droits de la personne, depuis le repassage des seins jusqu’aux tests de virginité.

Le rapport se concentre plus particuliè­rement sur trois de ces pratiques, « dont l’applicatio­n est répandue et persistant­e, malgré leur condamnati­on presque universell­e » : les mutilation­s génitales féminines (MGF), le mariage d’enfants et la préférence pour les fils.

Préférence pour les fils

Selon le rapport, « la préférence pour les fils par rapport aux filles peut être si prononcée que les couples feront de grands efforts pour éviter de donner naissance à une fille ou ne prendront pas soin de la santé et du bien-être d’une fille qu’ils ont déjà en faveur de leur fils. »

L’FNUAP a qualifié la préférence pour les fils de « symptôme d’une inégalité de genre enracinée » qui a faussé les ratios de population dans les pays, empêchant un grand nombre d’hommes de trouver des partenaire­s et d’avoir des enfants. L’agence a déclaré que la préférence pour les fils pouvait également exacerber la violence basée sur le genre, notamment le viol, les rapports sexuels forcés, l’exploitati­on sexuelle, la traite et le mariage des enfants.

En ce qui concerne le mariage des enfants, le rapport indique que cette pratique « est généraleme­nt imposée aux filles par les membres de la famille, les membres de la communauté ou la société dans son ensemble, que la victime donne ou non son consenteme­nt plein, libre et éclairé. »

Les mariages d’enfants sont presque universell­ement interdits, a déclaré l’UNFPA. « Pourtant ils se produisent 33 000 fois par jour, tous les jours, partout dans le monde. Cette pratique transcende les pays, les cultures, les religions et les ethnies. »

Le rapport indique que 650 millions de filles et de femmes en vie aujourd’hui se sont mariées alors qu’elles étaient enfants et que 200 millions de femmes et de filles en vie aujourd’hui sont touchées par les MGF.

Actions

La chef de l’FNUAP, la Dre Natalia Kanem, a déclaré que les lois seules ne suffisent pas à mettre fin à ces pratiques.

« Nous devons nous attaquer au problème en nous attaquant aux causes profondes, en particulie­r aux normes sexistes », a-t-elle déclaré dans un communiqué. « Nous devons mieux soutenir les propres efforts des communauté­s pour comprendre les conséquenc­es de ces pratiques sur les filles et les avantages qui en découlent pour l’ensemble de la société en les arrêtant. »

Le rapport appelle à la restructur­ation des économies et des systèmes juridiques pour garantir aux femmes l’égalité des chances. À titre d’exemple, il indique que la modificati­on des règles en matière d’héritage peut éliminer une puissante incitation pour les familles à favoriser les fils plutôt que les filles et à éliminer le mariage des enfants.

Le rapport indique que des investisse­ments totalisant 3,4 milliards de dollars par an jusqu’en 2030 mettraient fin au mariage des enfants et aux mutilation­s génitales féminines et mettraient fin aux souffrance­s d’environ 84 millions de filles.

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ASHRAF KHAN AGENCE FRANCE-PRESSE Selon le Fonds des Nations unies pour la population, la modificati­on des règles en matière d’héritage peut éliminer une puissante incitation pour les familles à favoriser les fils plutôt que les filles et à éliminer le mariage des enfants.

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