Prévoir l’avenir des services aériens régionaux |
Qui sera capable de combler les besoins lorsque Air Canada suspendra ses liaisons ?
Vingt-quatre heures après l’annonce officielle d’Air Canada concernant la suspension indéfinie du service sur un certain nombre de liaisons au Québec, des acteurs du transport régional s’activent en coulisses pour entrevoir la suite des choses, un des transporteurs se disant déjà prêt à combler des besoins « au pied levé ».
« Ça fait 20 ans qu’on fait exactement ça, des vols en région. On relie des régions avec les grands centres, et les régions entre elles », a dit mercredi le copropriétaire de Pascan Aviation, Yani Gagnon. Selon lui, le visage du transport régional se dirigeait visiblement vers des changements, mais le plan communiqué par Air Canada mardi « a vraiment fait peur aux différents intervenants du milieu ».
« Demain matin, si on me demande si on est capables de combler le vide d’Air Canada, la réponse est oui.
Premièrement, on était déjà présents dans la plupart de ces endroits, et pour les endroits où on n’était pas, comme Gaspé, c’est très facile pour nous de les relier dans notre réseau actuel. […] On a la capacité physique, c’est-à-dire des avions, le personnel qualifié, la connaissance du terrain, de l’expertise opérationnelle. […] Si on nous demande de venir dans une région parce que les besoins sont là, on peut le faire au pied levé », a dit M. Gagnon.
Les appareils exploités par Pascan sont de plus petite taille que ceux d’Air Canada, a dit M. Gagnon. Selon le site Internet, la compagnie compte 28 avions, dont la moitié sont des Jetstream 32 pouvant accueillir 18 passagers. Cependant, pour moderniser sa flotte, l’entreprise vient d’acquérir un premier Saab 340, qui peut recevoir 33 passagers mais dont le poids est inférieur.
Temps de réflexion
D’autres transporteurs régionaux se donnent du temps pour analyser la situation. Le spécialiste de vols nolisés Propair, par exemple, doit discuter jeudi matin avec le transporteur Air Creebec, qui en détient 50 %. Les deux entreprises étaient ouvertes à des entrevues jeudi. À la coopérative Air du Lac-SaintJean, un projet auquel travaille la Corporation d’innovation et développement Alma–Lac-Saint-Jean-Est (CIDAL) pour faciliter les vols entre la région et les grands centres, on préférait aussi attendre quelques jours en raison des travaux d’urgence entrepris par l’Union des municipalités (UMQ) sur la question du transport régional.
Après qu’Air Canada a invoqué des raisons financières mardi pour suspendre indéfiniment huit liaisons au Québec, ce à quoi s’ajoutent les fermetures des escales de Baie-Comeau, MontJoli, Gaspé et Val-d’Or, l’UMQ a évoqué un « enclavement partiel » des régions. Le maire de Gaspé, Daniel Côté, président du comité sur le transport aérien, a affirmé que, « pour rejoindre Gaspé de Montréal ou de Québec, la seule possibilité est de prendre la route pendant plus de 10 heures. Le retrait d’Air Canada est l’occasion de revoir nos façons de faire en matière de transport aérien régional ».
« S’il y a des occasions pour faire voler dans les régions avec des plus petits transporteurs, c’est certain qu’au niveau du réseau on est capables d’aider là-dessus. Parce qu’à l’heure actuelle, on ne répond pas à la demande », a dit Marilyn Désy, directrice générale de l’association des Agences réceptives et forfaitistes du Québec. S’il était possible de « rallonger » la saison touristique, « ça serait l’idéal, car ça permettrait un peu de limiter les pertes », a-t-elle dit. Aux Îles-de-la-Madeleine, selon elle, le traversier est plein jusqu’à la fin d’août, et Pascan est complet jusqu’à ce moment-là aussi. Or, selon RadioCanada, Air Canada enverra deux vols par jour aux Îles jusqu’au 7 septembre, moment auquel la desserte sera suspendue de manière indéfinie.
Le retrait d’Air Canada est l’occasion de revoir nos façons de faire en matière de transport aérien régional
DANIEL CÔTÉ