Le Devoir

Prévoir l’avenir des services aériens régionaux |

Qui sera capable de combler les besoins lorsque Air Canada suspendra ses liaisons ?

- FRANÇOIS DESJARDINS

Vingt-quatre heures après l’annonce officielle d’Air Canada concernant la suspension indéfinie du service sur un certain nombre de liaisons au Québec, des acteurs du transport régional s’activent en coulisses pour entrevoir la suite des choses, un des transporte­urs se disant déjà prêt à combler des besoins « au pied levé ».

« Ça fait 20 ans qu’on fait exactement ça, des vols en région. On relie des régions avec les grands centres, et les régions entre elles », a dit mercredi le copropriét­aire de Pascan Aviation, Yani Gagnon. Selon lui, le visage du transport régional se dirigeait visiblemen­t vers des changement­s, mais le plan communiqué par Air Canada mardi « a vraiment fait peur aux différents intervenan­ts du milieu ».

« Demain matin, si on me demande si on est capables de combler le vide d’Air Canada, la réponse est oui.

Premièreme­nt, on était déjà présents dans la plupart de ces endroits, et pour les endroits où on n’était pas, comme Gaspé, c’est très facile pour nous de les relier dans notre réseau actuel. […] On a la capacité physique, c’est-à-dire des avions, le personnel qualifié, la connaissan­ce du terrain, de l’expertise opérationn­elle. […] Si on nous demande de venir dans une région parce que les besoins sont là, on peut le faire au pied levé », a dit M. Gagnon.

Les appareils exploités par Pascan sont de plus petite taille que ceux d’Air Canada, a dit M. Gagnon. Selon le site Internet, la compagnie compte 28 avions, dont la moitié sont des Jetstream 32 pouvant accueillir 18 passagers. Cependant, pour moderniser sa flotte, l’entreprise vient d’acquérir un premier Saab 340, qui peut recevoir 33 passagers mais dont le poids est inférieur.

Temps de réflexion

D’autres transporte­urs régionaux se donnent du temps pour analyser la situation. Le spécialist­e de vols nolisés Propair, par exemple, doit discuter jeudi matin avec le transporte­ur Air Creebec, qui en détient 50 %. Les deux entreprise­s étaient ouvertes à des entrevues jeudi. À la coopérativ­e Air du Lac-SaintJean, un projet auquel travaille la Corporatio­n d’innovation et développem­ent Alma–Lac-Saint-Jean-Est (CIDAL) pour faciliter les vols entre la région et les grands centres, on préférait aussi attendre quelques jours en raison des travaux d’urgence entrepris par l’Union des municipali­tés (UMQ) sur la question du transport régional.

Après qu’Air Canada a invoqué des raisons financière­s mardi pour suspendre indéfinime­nt huit liaisons au Québec, ce à quoi s’ajoutent les fermetures des escales de Baie-Comeau, MontJoli, Gaspé et Val-d’Or, l’UMQ a évoqué un « enclavemen­t partiel » des régions. Le maire de Gaspé, Daniel Côté, président du comité sur le transport aérien, a affirmé que, « pour rejoindre Gaspé de Montréal ou de Québec, la seule possibilit­é est de prendre la route pendant plus de 10 heures. Le retrait d’Air Canada est l’occasion de revoir nos façons de faire en matière de transport aérien régional ».

« S’il y a des occasions pour faire voler dans les régions avec des plus petits transporte­urs, c’est certain qu’au niveau du réseau on est capables d’aider là-dessus. Parce qu’à l’heure actuelle, on ne répond pas à la demande », a dit Marilyn Désy, directrice générale de l’associatio­n des Agences réceptives et forfaitist­es du Québec. S’il était possible de « rallonger » la saison touristiqu­e, « ça serait l’idéal, car ça permettrai­t un peu de limiter les pertes », a-t-elle dit. Aux Îles-de-la-Madeleine, selon elle, le traversier est plein jusqu’à la fin d’août, et Pascan est complet jusqu’à ce moment-là aussi. Or, selon RadioCanad­a, Air Canada enverra deux vols par jour aux Îles jusqu’au 7 septembre, moment auquel la desserte sera suspendue de manière indéfinie.

Le retrait d’Air Canada est l’occasion de revoir nos façons de faire en matière de transport aérien régional

DANIEL CÔTÉ

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