Le Devoir

Multiplica­tion des appels contre le projet d’annexion israélien |

- GUILLAUME LAVALLÉE À JÉRUSALEM AGENCE FRANCE-PRESSE

De Gaza à Londres, les appels se sont multipliés mercredi pour pousser le premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou, à abandonner son projet d’annexion de pans du territoire palestinie­n de Cisjordani­e qui ferait bouger les « frontières » d’Israël, au risque d’un nouveau conflit. Israël a annexé Jérusalem-Est en 1967, puis le plateau syrien du Golan en 1981. Le pays écrirat-il en 2020 une nouvelle page de son histoire en décrétant « israélienn­e » une partie de la Cisjordani­e occupée ?

Selon l’accord conclu entre Benjamin Nétanyahou et son ex-rival Benny Gantz, leur gouverneme­nt d’union peut se prononcer à partir de mercredi sur l’applicatio­n du plan américain pour le Proche-Orient, qui prévoit notamment l’annexion par Israël de la vallée du Jourdain et de colonies juives établies en Cisjordani­e. Le premier ministre, proche allié du président Donald Trump, bénéficie d’une « fenêtre » de tir de quelques mois, car une victoire en novembre à la présidenti­elle américaine du démocrate Joe Biden, hostile à l’annexion, pourrait anéantir l’appui américain à ce projet condamné par les Palestinie­ns.

M. Nétanyahou, qui a rencontré mardi à Jérusalem Avi Berkowitz, conseiller spécial de Donald Trump, et David Friedman, ambassadeu­r américain en

Israël, « poursuit ses discussion­s avec les Américains », ont indiqué mercredi ses services. Il s’entretient aussi avec de hauts responsabl­es militaires et du renseignem­ent, a ajouté cette source, confirmant sans plus de détails que « d’autres discussion­s étaient au programme des prochains jours ».

Déstabilis­ation

Le plan d’annexion suscite de vives critiques de l’Union européenne (UE), de l’ONU et de plusieurs pays arabes. Et désormais du premier ministre britanniqu­e, Boris Johnson, que Benjamin Nétanyahou qualifiait « d’ami » il y a quelques mois, qui s’est invité mercredi en une du quotidien israélien Yediot Aharonot pour exhorter son homologue israélien à annuler son projet. « Je suis un défenseur passionné d’Israël », mais « j’espère profondéme­nt que l’annexion n’ira pas de l’avant », écrit M. Johnson, disant craindre pour le processus de paix.

À Berlin, les députés allemands ont estimé dans une résolution qu’une annexion faisait « courir le risque d’une nouvelle déstabilis­ation de la région » et ils ont enjoint à Israël d’abandonner ce plan « urgemment ». Ils ont toutefois jugé que des menaces de l’UE de sanctions contre Israël seraient contreprod­uctives.

Dans l’enclave de Gaza, contrôlée par le Hamas islamiste et sous blocus israélien, des milliers de Palestinie­ns ont manifesté leur opposition au plan. « La résistance doit reprendre, seul le recours à la force fait peur à Israël », a déclaré un manifestan­t. Toute annexion sans pourparler­s de paix préalables serait une « déclaratio­n de guerre », a récemment averti le Hamas, qui ne cherche cependant pas un nouvel affronteme­nt avec Israël, selon des analystes.

Le Hamas doit participer jeudi, aux côtés du parti Fatah du président de l’Autorité palestinie­nne, au pouvoir en Cisjordani­e, à une conférence de presse à Ramallah sur le projet d’annexion israélien. Les Palestinie­ns tentent de rallier des appuis contre le projet israélien, qui fait voler en éclats, selon eux, les accords d’Oslo prévoyant une solution « à deux États », une Palestine viable aux côtés d’Israël.

Les Palestinie­ns se disent prêts à relancer des négociatio­ns avec les Israéliens, mais pas sur les bases du plan américain. « Nous n’allons pas nous asseoir à une table de négociatio­ns où sont proposés l’annexion ou le plan Trump, car il ne s’agit pas là d’un plan de paix, mais d’un projet pour légitimer l’occupation » israélienn­e, a déclaré à l’AFP le négociateu­r des Palestinie­ns Saëb Erakat.

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MENAHEM KAHANA AGENCE FRANCE-PRESSE L’annexion ferait bouger les « frontières » d’Israël, au risque d’un nouveau conflit.

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