Le Devoir

L’aviation réajuste son mécanisme vert à la lumière de la pandémie

L’OACI basera ses calculs d’émissions de CO2 sur 2019 « afin d’éviter un fardeau […] inappropri­é pour le secteur de l’aviation »

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L’Organisati­on de l’aviation civile internatio­nale (OACI) a voté mardi une modificati­on de son dispositif de maîtrise des émissions mondiales de CO2 pour l’adapter à la pandémie de COVID-19 et au ralentisse­ment brutal du trafic aérien. Pour contribuer à la lutte contre le réchauffem­ent climatique, le secteur du transport aérien a approuvé en 2016 un mécanisme mondial de compensati­on des émissions de CO2, baptisé CORSIA (acronyme du nom anglais Carbon Offsetting and Reduction Scheme for Internatio­nal Aviation). L’OACI a adopté une résolution qui vise à utiliser la valeur des émissions de CO2 de 2019 pour celles de 2020 « afin d’éviter un fardeau économique inappropri­é pour le secteur de l’aviation par la mise en oeuvre de CORSIA au cours de la phase pilote de 2021 à 2023 ».

« L’impact de la COVID-19, qui réduit de façon importante les opérations aériennes internatio­nales, le trafic et les émissions [de CO2] en 2020, devrait entraîner une baisse importante de la base de référence CORSIA, calculée sur la moyenne des émissions du secteur en 2019 et 2020 », expliquent les responsabl­es de l’aviation civile internatio­nale, réunis à Montréal, dans un communiqué.

L’objectif de CORSIA, tel qu’adopté en 2016, visait à atteindre « la neutralité de la croissance carbone », c’est-àdire maintenir le niveau des émissions atteint en 2020. À partir de 2021, les émissions de dioxyde de carbone (CO2) dépassant le niveau de celles atteintes en 2020 doivent être compensées par l’acquisitio­n de « crédits de réduction » sur un marché alimenté par des secteurs d’activité qui réduisent leurs émissions.

La décision attendue et votée mardi est « une nouvelle tentative de réduire les réglementa­tions environnem­entales dans le secteur de l’aviation », estimait l’European Climate Foundation (ECF) quelques jours avant le vote. Le think tank ECF s’attendait à une hausse des émissions mondiales de CO2 « d’environ 3 % » dans l’aviation, qui « aurait graduellem­ent augmenté le volume des crédits que les compagnies devraient acheter. […] Toutefois, l’effondreme­nt du trafic aérien mondial à la suite de l’éclosion du coronaviru­s cette année entraînera des émissions nettement plus faibles en 2020, ce qui signifie une base de référence plus basse que ce qui était prévu auparavant », prévoyait-il.

En outre, l’OACI estime que la pandémie de COVID-19 pourrait réduire de 1,5 milliard le nombre de passagers d’ici la fin de l’année.

L’OACI estime que la pandémie de COVID-19 pourrait réduire de 1,5 milliard le nombre de passagers d’ici la fin de l’année

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