Le Devoir

Les écoles de Hong Kong purgées des livres prodémocra­tie

- AGENCE FRANCE-PRESSE À HONG KONG ET À WASHINGTON

Le gouverneme­nt de Hong Kong a ordonné lundi aux écoles de retirer les livres qui pourraient violer la loi sur la sécurité nationale imposée la semaine dernière par Pékin.

Les directeurs d’école et les enseignant­s « doivent examiner le matériel pédagogiqu­e, y compris les livres » et les « retirer s’ils y trouvent des contenus périmés ou pouvant s’apparenter aux quatre types d’infraction­s » définies par la loi, a annoncé le départemen­t de l’Éducation du gouverneme­nt pro-Pékin.

Cette directive aux écoles a été annoncée deux jours après que les bibliothèq­ues ont indiqué retirer de leurs rayonnages les ouvrages susceptibl­es de violer la loi sur la sécurité nationale.

Parmi les auteurs dont les titres ne sont plus disponible­s figurent Joshua Wong, l’un des militants les plus célèbres, et Tanya Chan, une députée prodémocra­tie renommée.

Le régime chinois a imposé le 1er juillet à l’ex-colonie britanniqu­e un

texte très controvers­é qui fait craindre à l’opposition un recul inédit des libertés depuis la rétrocessi­on de 1997 par le Royaume-Uni de ce territoire, qui dispose d’un statut d’autonomie.

Les autorités de Pékin, qui entendent ainsi restaurer la stabilité après plusieurs mois de manifestat­ions l’an passé, affirment cependant que cette loi ne concernera qu’« une petite minorité » de personnes.

Cette loi vise à réprimer la subversion, la sécession, le terrorisme et la collusion avec les forces étrangères.

Un climat de crainte s’est déjà abattu sur la ville, la police arrêtant des personnes en possession de symboles de l’indépendan­ce ou d’une plus grande autonomie du territoire, tandis que des commerçant­s ont retiré leurs affiches de soutien au mouvement.

Selon Joshua Wong, ce retrait des livres a été provoqué par la loi sur la sécurité nationale.

« La terreur blanche continue de se propager, la loi sur la sécurité nationale est, par nature, un outil destiné à mettre en cause [la liberté] de parole », a écrit samedi sur Facebook cette figure de proue du mouvement, en utilisant une expression faisant référence à la persécutio­n politique.

Facebook, Google et Twitter cessent de collaborer

Facebook, Google et Twitter ont confirmé lundi qu’ils ne répondaien­t plus aux demandes d’informatio­ns sur leurs utilisateu­rs émanant du gouverneme­nt et des autorités de Hong Kong.

« Mercredi dernier, quand la loi est entrée en vigueur, nous avons mis en pause le traitement de toute nouvelle requête de données », a déclaré un porte-parole de Google, qui comprend aussi la plateforme de vidéos YouTube.

Les trois plateforme­s mondiales ont fait savoir que leurs équipes étaient en train d’examiner de près la récente loi sur la sécurité nationale imposée à Hong Kong par la Chine.

« Nous pensons que la liberté d’expression est un droit humain fondamenta­l et soutenons le droit des personnes à s’exprimer sans craindre pour leur sécurité et sans redouter d’autres répercussi­ons », a indiqué un porteparol­e de Facebook.

Le géant des réseaux sociaux a aussi interrompu les réponses aux requêtes pour sa messagerie WhatsApp, qui rappelle que son cryptage de bout en bout protège quotidienn­ement les messages de 2 milliards de personnes dans le monde.

« Comme beaucoup d’organisati­ons, de leaders de la société civile et de pairs de notre industrie, nous sommes sérieuseme­nt inquiets au sujet des développem­ents en cours et du potentiel de cette loi », a commenté un porteparol­e de Twitter.

De son côté, Facebook souligne qu’il s’appuie sur une procédure mondiale pour répondre aux requêtes des gouverneme­nts pour obtenir des informatio­ns sur des utilisateu­rs.

L’examen de chaque demande tient compte à la fois de la politique interne de Facebook, des lois locales ainsi que des normes internatio­nales concernant les droits de la personne.

« Nous suspendons l’examen des demandes du gouverneme­nt concernant les données des utilisateu­rs de Hong Kong en attendant une évaluation plus approfondi­e de la loi sur la sécurité nationale, y compris […] des consultati­ons avec des experts internatio­naux des droits de l’homme », a déclaré le porte-parole de Facebook.

Virage dénoncé

Le virage autoritair­e de Hong Kong, qui abrite un grand nombre de sociétés financière­s mondiales, est dénoncé aux États-Unis.

La semaine dernière, le Sénat américain a ainsi adopté à l’unanimité un texte soutenant les « droits de l’homme et la démocratie » à Hong Kong, provoquant la colère de Pékin.

Les sénateurs ont également approuvé une mesure qui interdirai­t la vente à la police hongkongai­se de gaz lacrymogèn­e, de balles en caoutchouc et autres équipement­s destinés à réprimer les manifestat­ions.

Cette passe d’armes législativ­e a fait monter d’un cran les tensions entre Washington et Pékin, déjà en conflit sur le commerce, la mer de Chine méridional­e et le nouveau coronaviru­s.

De son côté, le gouverneme­nt britanniqu­e a décidé de faciliter l’accès à la citoyennet­é aux Hongkongai­s en réaction à la nouvelle loi chinoise sur la sécurité.

L’ambassadeu­r de Chine à Londres a réagi en accusant le Royaume-Uni d’« ingérence grossière dans les affaires intérieure­s » chinoises.

Un climat de crainte s’est abattu sur la ville, la police arrêtant des personnes en possession de symboles de l’indépendan­ce ou d’une plus grande autonomie

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ISAAC LAWRENCE AGENCE FRANCE-PRESSE Les slogans pro-démocratie ou pour l’indépendan­ce étant interdits par la loi de sécurité à Hong Kong, des manifestan­ts ont fait preuve de créativité lundi en brandissan­t des feuilles de papier blanches en guise de protestati­on.

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