La pandémie s’accélère, selon l’OMS
Des preuves commencent à émerger sur la transmission par l’air de la COVID-19, a reconnu mardi l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), avertissant que l’« épidémie s’accélérait » dans le monde.
« Nous reconnaissons que des preuves émergent dans ce domaine et, par conséquent, nous devons être ouverts à cette possibilité, et comprendre ses implications », a déclaré Benedetta Allegranzi, une responsable de l’OMS, lors d’une conférence de presse virtuelle.
La veille, un groupe de scientifiques internationaux avait sonné l’alarme sur ce mode de contagion.
« La possibilité d’une transmission par voie aérienne dans les lieux publics, particulièrement bondés, ne peut pas être exclue. Les preuves doivent toutefois être rassemblées et interprétées », a poursuivi Mme Allegranzi, recommandant « une ventilation efficace dans les lieux fermés, une distanciation physique ». « Lorsque ce n’est pas possible, nous recommandons le port du masque », a-t-elle ajouté.
Plus de 200 scientifiques internationaux ont exhorté lundi l’OMS et la communauté médicale internationale à « reconnaître le potentiel de transmission aérienne de la COVID-19 », dans un article publié dans la revue Clinical Infectious Diseases d’Oxford.
L’OMS, déjà critiquée pour avoir tardé à recommander les masques, a été accusée de refuser de voir l’accumulation d’indices d’une propagation par l’air du virus.
La possibilité d’une transmission par voie aérienne dans les lieux publics, particulièrement bondés, ne peut pas être exclue. Les preuves doivent toutefois être rassemblées et interprétées. BENEDETTA ALLEGRANZI »
« L’épidémie s’accélère et nous n’avons pas atteint le pic », a pour sa part mis en garde le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, lors de la conférence de presse.
« Si le nombre de décès semble s’être stabilisé à l’échelle mondiale, en réalité, certains pays ont fait des progrès significatifs dans la réduction du nombre de décès, alors que dans d’autres pays, les décès sont toujours en augmentation », a-t-il souligné, rappelant que 11,4 millions de cas avaient été recensés dans le monde, et que le virus avait tué plus de 535 000 personnes en six mois.
« Nous sommes tous vulnérables », a-t-il martelé, estimant que le virus avait « pris l’humanité en otage ».
« Nous n’avons rien vu de tel depuis 1918 », a-t-il dit, en référence à la pandémie de grippe espagnole qui fit des dizaines de millions de morts dans le monde. « L’unité nationale et la solidarité mondiale sont cruciales et sans elles, nous ne pourrons pas battre le virus », a-t-il déclaré.
Reconfinement en Australie
Si la situation semble sous contrôle en Europe, continent le plus durement touché par le virus, qui y a fait plus de 200 000 morts — dont plus des deux tiers au Royaume-Uni, en Italie, en France et en Espagne —, l’inquiétude se renforce en Australie, où plus de cinq millions de personnes ont reçu mardi l’ordre de rester confinées à Melbourne, mais aussi aux États-Unis, qui continuent de battre des records de contaminations.
En Australie, le reconfinement à Melbourne, ville qui a fait état de 191 nouveaux cas en 24 heures, durera au moins six semaines, a annoncé le premier ministre de l’État de Victoria, Daniel Andrews. Selon lui, sans cette mesure, il y aurait « potentiellement […] des milliers et des milliers de cas » supplémentaires.
En outre, tout l’État de Victoria est isolé du reste du pays : policiers et militaires surveillent ses frontières avec drones et avions.
Les États-Unis, le pays le plus touché par la pandémie, ont de leur côté enregistré lundi près de 55 000 nouveaux cas et font maintenant état de 131 362 morts, conduisant le directeur de l’Institut américain des maladies infectieuses, Anthony Fauci, à juger que son pays était encore « enfoncé jusqu’aux genoux » dans la pandémie.
Selon lui, il faut agir immédiatement pour enrayer la résurgence actuelle, notamment dans l’ouest et le sud du pays, alors que le président Donald Trump continue d’affirmer que la crise est « sur le point » de s’achever.
Le gouvernement de Donald Trump a annoncé mardi avoir accordé 1,6 milliard de dollars à la biotech américaine Novavax pour son projet de vaccin, garantissant aux États-Unis, le cas échéant, la priorité des 100 millions premières doses.
Explosion en Inde
Le nombre de contaminations explose aussi en Inde, troisième pays du monde en nombre de cas déclarés (derrière les États-Unis et le Brésil) et qui a franchi mardi la barre des 20 000 morts.
L’épidémie est particulièrement virulente dans les grandes villes de Bombay, de Delhi et de Chennai.
Tragique au Brésil, la tendance demeure également inquiétante dans plusieurs autres pays d’Amérique latine.
Pays le plus durement touché au Proche et au Moyen-Orient, l’Iran a enregistré mardi un nouveau record de morts, soit 200 décès.