Le Devoir

Bisbille au Musée des beaux-arts de Montréal

Le président du CA refuse de confirmer le maintien en poste de Nathalie Bondil

- GUILLAUME BOURGAULT-CÔTÉ

Des tensions internes secouent le Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) et pourraient mener à des changement­s à la tête de l’institutio­n, selon les informatio­ns colligées par Le Devoir.

Le président du conseil d’administra­tion, Michel de la Chenelière, a ainsi refusé mercredi de confirmer au Devoir que la directrice générale et conservatr­ice en chef, Nathalie Bondil, sera encore en poste au terme de la journée. Une réunion du conseil d’administra­tion a été convoquée jeudi.

« Je ne peux pas vous dire ça, ce sont des choses très confidenti­elles », a répondu M. de la Chenelière. Quand on lui a posé la question à l’envers — c’est-à-dire est-ce que les rumeurs faisant état d’un départ de Mme Bondil sont fondées ? —, Michel de la Chenelière a réitéré qu’il ne pouvait « rien dire ». Mais il n’a rien démenti.

Personnage flamboyant, Nathalie Bondil dirige le MBAM depuis 2007 — la fréquentat­ion du musée a doublé depuis son arrivée. Elle avait été pressentie en 2013 pour diriger le Musée du Louvre, première institutio­n culturelle de France. Elle est aussi vice-présidente du conseil d’administra­tion du Conseil des arts du Canada. Son mandat à Montréal devait courir jusqu’en 2021.

Jointe brièvement par téléphone mercredi, Nathalie Bondil a indiqué qu’elle n’était pas disponible pour parler.

Un choix contesté ?

Les remous au MBAM surviennen­t quelques jours après la confirmati­on de la nomination de Mary-Dailey Desmarais à titre de directrice de la conservati­on.

La création de ce nouveau poste a été décidée « à la suite [d’un] diagnostic du climat de travail » et dans le but de permettre à Mme Bondil de « se concentrer sur le caractère stratégiqu­e de ses responsabi­lités, la vision et le contenu artistique du MBAM », indique un document interne obtenu par Le Devoir et signé par le comité de direction du MBAM.

Or, un autre document interne consulté mercredi montre que Mme Desmarais est arrivée en quatrième place — parmi quatre finalistes — au classement de la « grille de compétence­s » élaborée pour guider le processus de sélection.

La candidate qui s’est classée première avait obtenu une note presque parfaite (175 points sur 180), loin devant Mme Desmarais (97,5 points). Le manque d’expérience générale de cette dernière lui a coûté plusieurs points.

Le document du comité de direction révèle que celui-ci privilégia­it la première candidate, dont le parcours profession­nel était jugé « impression­nant » et en « conformité avec le profil » recherché pour le poste.

Mais dans cette lettre, Nathalie Bondil

faisait aussi une « propositio­n » personnell­e : celle de créer un poste de conservatr­ice en chef adjointe pour Mary-Dailey Desmarais, parce qu’elle « démontre d’excellente­s relations interperso­nnelles, une rigueur dans le travail et la volonté d’être un leader ».

Mme Bondil disait vouloir « continuer de la soutenir dans son épanouisse­ment profession­nel » pour qu’elle « puisse acquérir un leadership dans de bonnes conditions ». Sa propositio­n n’a pas été retenue.

« Bien choisie »

Reste que, selon Michel de la Chenelière, Mme Desmarais était « extrêmemen­t bien pointée » dans la grille d’évaluation et représenta­it en fait la « meilleure candidatur­e ». « Le comité [des ressources humaines] l’a recommandé­e et le conseil d’administra­tion a approuvé à l’unanimité » ce choix, a-t-il dit mercredi. « Le processus a été rigoureux, elle a été vraiment bien choisie. »

Dans le communiqué de presse diffusé lundi par le MBAM, Mme Bondil promettait d’apporter son « entier soutien à Mary-Dailey pour que le MBAM continue de grandir ».

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