Le Devoir

Harvard et le MIT s’opposent en justice au gouverneme­nt américain

- CATHERINE TRIOMPHE À NEW YORK AGENCE FRANCE-PRESSE

Nouvelle bataille judiciaire pour le gouverneme­nt Trump, qui fait pression pour qu’écoles et université­s rouvrent à la rentrée malgré la pandémie : l’Université Harvard et le Massachuse­tts Institute of Technology (MIT) ont demandé mercredi à un tribunal fédéral de bloquer sa décision de révoquer les visas pour les étudiants étrangers dont les cours resteront virtuels à la rentrée.

La police fédérale de l’immigratio­n et des douanes (ICE) avait annoncé lundi que les étudiants étrangers ne seraient pas autorisés à rester aux États-Unis si leurs université­s décidaient, pour cause de pandémie, d’enseigner uniquement en ligne à la rentrée — comme Harvard l’a annoncé récemment. La décision avait suscité un tollé des organisati­ons représenta­tives des université­s.

Mercredi, alors que la pandémie continuait de progresser aux ÉtatsUnis — pays le plus endeuillé avec plus de 131 000 morts du coronaviru­s et 3 millions d’infections détectées —, Harvard et le MIT, deux université­s parmi les plus célèbres au monde, ont déposé une plainte au civil devant le tribunal fédéral de Boston visant le ministère de la Sécurité intérieure et la police de l’immigratio­n et des douanes (ICE).

Elle accuse la décision du gouverneme­nt Trump d’être « arbitraire et capricieus­e » et de constituer « une tentative de forcer les université­s à reprendre l’enseigneme­nt présentiel », au mépris des risques sanitaires encourus. Ils demandent au tribunal de l’empêcher d’entrer en vigueur.

Les responsabl­es des deux université­s, qui comptent ensemble quelque 9000 étudiants étrangers sur un total de quelque 35 000 étudiants, expliquent que la décision-surprise annoncée par ICE les a « plongés, comme l’ensemble des établissem­ents d’enseigneme­nt supérieur américains, dans le chaos ».

Elle a été prise « sans tenir compte de la santé des étudiants, des professeur­s, du personnel administra­tif et de leur environnem­ent » et laisse « des centaines de milliers d’étudiants étrangers sans possibilit­é d’étudier aux États-Unis », écrivent-ils.

« Cruauté »

« Nous défendrons ce dossier avec déterminat­ion afin de permettre à nos étudiants étrangers — et aux étudiants étrangers de toutes les université­s du pays — de continuer leurs études sans risquer d’être expulsés », a indiqué le président de Harvard, Lawrence Bacow, dans un gazouillis.

« La décision est tombée sans prévenir — sa cruauté n’excède que son imprudence », a-t-il ajouté.

Pour pouvoir rester légalement, le gouverneme­nt Trump demande aux étudiants de se faire transférer dans des établissem­ents qui reprendron­t l’enseigneme­nt présentiel, « mais à quelques semaines de la rentrée, l’essentiel des étudiants ne le peut pas », soulignent encore Harvard et le MIT.

Depuis des semaines, Donald Trump, qui a hâte de voir repartir l’économie à l’approche de la présidenti­elle de novembre, prône une réouvertur­e des établissem­ents scolaires.

Les deux université­s ont demandé à un tribunal fédéral de bloquer la révocation des visas pour les étudiants étrangers dont les cours resteront virtuels à la rentrée.

Mercredi encore, le président républicai­n a tweeté plusieurs fois en ce sens. Il s’est dit « en désaccord avec les consignes très dures et coûteuses » diffusées par les Centres de prévention des maladies (CDC) pour rouvrir les écoles, indiquant qu’il allait les « rencontrer ».

Il a cité l’exemple de plusieurs pays européens qui ont « ouvert les écoles sans problème » et menacé les élus démocrates, qu’il accuse de vouloir maintenir les écoles fermées pour des raisons politiques, de couper leurs subvention­s fédérales s’ils ne les rouvraient pas.

Beaucoup d’écoles et d’université­s n’ont pas encore pris de décision définitive sur la façon dont elles dispensero­nt leur enseigneme­nt à la fin de l’été. Nombreuses sont celles qui préparent un système hybride, avec quelques cours en présentiel et le reste de l’enseigneme­nt dispensé en ligne, pour pouvoir répartir les étudiants en petits groupes et respecter les règles de distanciat­ion.

Le maire de New York s’est ainsi dit prêt, mercredi, à accueillir à nouveau 1,1 million d’élèves dans les écoles publiques — fermées depuis le 16 mars — moyennant trois jours de classe par semaine seulement.

Le gouverneur Andrew Cuomo a cependant indiqué qu’il refusait d’entériner ce plan pour l’instant, soulignant qu’il ne prendrait aucune décision sur la réouvertur­e des écoles avant début août.

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