Le Devoir

L’art de bien faire les choses chez Leméac

La brasserie française Leméac n’a pas pris une ride après près de 20 ans

- RESTO LAURENCE-MICHÈLE DUFOUR COLLABORAT­RICE Restaurant Leméac 1045, avenue Laurier Ouest, Outremont, 514 270-0999. Ouvert du mardi au dimanche jusqu’à minuit.

Au moment où nous en sommes à nous demander si tout va réellement bien aller et où la menace d’une refermetur­e des bars et des restaurant­s plane à la suite de la nonchalanc­e de certains, ce n’est pas le temps de baisser la garde. Il faut bien sûr sortir un peu et encourager nos restaurate­urs, mais surtout, privilégie­r ceux qui font bien les choses par force de constance et de rigueur.

Au Restaurant Leméac, véritable institutio­n du quartier Outremont, quelques tables ont été retirées. De 150 places assises, le restaurant est passé à près de 70. Cet espace épuré, ponctué de panneaux de plexiglas mobiles, plutôt élégants dans les circonstan­ces, nous fait remarquer à quel point cette brasserie française, conçue par l’architecte Luc Laporte, n’a pas pris une ride après près de 20 ans.

À l’accueil, Sandrine, sourire aux yeux, s’empresse de désinfecte­r les tables et les chaises aussitôt les clients partis. Outre l’accoutreme­nt chirurgica­l que l’équipe en salle doit porter au visage, tout semble presque normal. On répond chaleureus­ement à nos nombreuses interrogat­ions, tout en nous guidant au passage quand l’on se trompe de direction, malgré les flèches nous indiquant le droit chemin. Ici, tout se fait dans les règles de l’art.

En semaine, la table d’hôte du midi est toujours au rendez-vous, jusqu’à 15 h. Notre visite un peu tardive nous vaudra la déception de ne pouvoir nous régaler de cette alléchante morue d’Islande, accompagné­e de ce que l’on imagine être les toutes dernières asperges du Québec.

Gaspacho à partager

En entrée, le gaspacho d’un jaune ensoleillé est tout ce qu’il y a de plus rafraîchis­sant en cette chaude journée d’été. Parce qu’on aime partager et qu’en ces temps incertains, la prudence est de mise, notre charmante serveuse Marie-Pier s’empresse de nous apporter quelques cuillères supplément­aires pour que ma complice puisse elle aussi y plonger avec joie.

Pendant qu’elle s’affaire dans mon bol, je lui dérobe quelques bouchées de ses poireaux vinaigrett­e. D’un bel équilibre, le plat de légumes, surmonté d’une mayonnaise à la moutarde à l’ancienne et de quelques lardons, aurait très bien pu se passer de cet oeuf mollet en friture qui, bien qu’exécuté à la perfection, alourdit quelque peu le tout.

Très heureuses de pouvoir nous ravitaille­r en toute sécurité, nous décidons de nous laisser tenter par un verre de vin. La sélection, très variée, est onéreuse. Ce chardonnay québécois du domaine Les Pervenches et cet assemblage de grenache et de clairette du domaine Saladin, dans le Rhône, ne manqueront toutefois pas de nous ravir.

L’onglet de boeuf grillé sur lequel s’est rabattue ma convive, à défaut de pouvoir opter pour le poisson, est arrivé à table trop cuit. Lorsque mentionnée au personnel, la chose a été traitée rapidement et dans le plus grand respect.

Pendant que la cuisine corrige le tir, nous ne sommes pas en reste. Le généreux plat de moules et frites, un classique de la maison, nous fait vite oublier le reste. Les mollusques nagent dans un bouillon de fond de volaille, de fumet et de vin blanc. Beaucoup d’herbes, juste ce qu’il faut de Ricard et des petits cubes de tomates confites. Que du bonheur.

Le retour de la pièce de viande et de sa cuisson impeccable confirme le sérieux de la maison. Les oignons nouveaux, les bouquets de brocolis marqués au grill et un délicieux chimichurr­i ajoutent beaucoup de fraîcheur à cette assiette aux saveurs estivales.

Même si nous sommes repues, le dessert du moment nous fait de l’oeil. Comment résister à ce shortcake aux fraises ? Les petites baies macèrent dans le miel d’Anicet, le gâteau à la fois craquant et moelleux est juste assez citronné et la crème fraîche nous semble même légère. Nous n’en ferons que quelques bouchées.

La maison a dû modifier certaines de ses habitudes, ces temps extraordin­aires exigeant des mesures qui le sont tout autant. L’offre du menu fin de soirée est suspendue jusqu’à nouvel ordre. Une limite de deux heures est attribuée aux visiteurs lors de leur séjour en salle et le restaurant fera relâche le lundi jusqu’au mois de septembre. Rien qui ne soit trop déstabilis­ant pour les habitués, manifestem­ent nombreux au rendez-vous.

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MARIE-FRANCE COALLIER LE DEVOIR La maison a dû modifier certaines de ses habitudes, ces temps extraordin­aires exigeant des mesures qui le sont tout autant.

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