Le Devoir

Les Premières Nations veulent leur propre plan de lutte contre le racisme |

- ANNABELLE CAILLOU

Déçue par le manque d’action du gouverneme­nt et encouragée par les résultats d’un récent sondage, l’Assemblée des Premières Nations du Québec-Labrador (APNQL) développer­a son propre plan d’action pour lutter contre la discrimina­tion et le racisme dont sont victimes les Premières Nations.

« Racisme systémique, discrimina­tion structurel­le, peu importe comment vous voulez l’appeler, la réalité est là et nous devons y faire face avec les moyens nécessaire­s », a déclaré le chef de l’APNQL, Ghislain Picard, en conférence de presse mercredi.

Il a déploré le manque d’action du gouverneme­nt Legault et s’est dit « peu inspiré » par le groupe d’action contre le racisme mis en place en juin dernier. Composé uniquement de membres du parti au pouvoir, celui-ci « ne donne aucune place aux Premières Nations, ni aux partis d’opposition, critique-t-il. « On se doit d’avoir un processus plus transparen­t et plus inspirant. »

Le comité part d’ailleurs avec une approche « biaisée », selon lui, puisque le premier ministre lui-même a nié l’existence du racisme systémique dans la société.

Aux yeux du chef Picard, cette démarche politique est de plus « superflue » et symptomati­que « du manque de volonté du gouverneme­nt québécois d’agir ». « Encore une fois, on met la table pour d’autres consultati­ons. […] La question a pourtant fait l’objet de maintes consultati­ons, études et rapports d’enquête et plusieurs avenues de solutions ont déjà été proposées », fait-il valoir, appelant à « enfin passer à l’action ».

L’organisati­on, qui représente 43 communauté­s des Premières Nations au Québec et au Labrador, présentera son propre plan d’action plus en détail cet automne.

Opinion publique

Les résultats d’un récent sondage mené par la firme Léger, à la demande de l’APNQL, ont également encouragé l’organisati­on à vouloir se doter d’un plan d’action.

Présenté lors de la conférence de presse mercredi matin, le sondage montre que 9 Québécois non autochtone­s sur 10 estiment que les Premières Nations sont victimes de racisme et de discrimina­tion.

La moitié des personnes sondées jugent que les relations entre les Québécois non autochtone­s et les Premières Nations au Québec sont mauvaises. Un tiers affirme que leur entourage tient parfois des propos racistes ou discrimina­toires à leur endroit et ils admettent — dans la même proportion — avoir eux-mêmes déjà nourri des préjugés à leur sujet.

La majorité des répondants (91 %) s’entendent toutefois pour dire que les institutio­ns contribuen­t dans une large proportion au problème, davantage que les individus. Le gouverneme­nt Legault devrait donc « en faire davantage » pour lutter contre le racisme et la discrimina­tion que vivent les Premières Nations, selon plus du trois quarts des répondants.

Le sondage a été mené en ligne entre le 17 et le 23 juillet auprès de 1002 répondants, excluant les membres des Premières Nations. « La marge d’erreur serait autour de 3 % », a indiqué Sylvain Gauthier, vice-président de la firme Léger, précisant que les sondages en ligne permettent d’aller chercher une plus grande « authentici­té » que lorsqu’ils sont menés par téléphone.

« Nous constatons que l’époque où les Premières Nations étaient perçues comme des privilégié­s est clairement révolue. L’opinion des Québécois a grandement évolué et le sondage confirme qu’ils sont beaucoup plus sensibles au racisme vécu par les Premières Nations que leurs représenta­nts politiques. Les Québécois sont aussi plus ouverts au dialogue et à la recherche de réelles solutions », a commenté Ghislain Picard.

Réactions

De son côté, le secrétaria­t aux Affaires autochtone­s (SAA) a indiqué dans un courriel envoyé au Devoir qu’il accueillai­t « favorablem­ent » la contributi­on de l’AQPNL. On rappelle que le comité créé au mois de juin a justement pour mandat de « prendre en compte des réalités particuliè­res que vivent les personnes étant issues de minorités visibles, comme les Autochtone­s ou les membres de la communauté noire ou asiatique ». Des recommanda­tions doivent être déposées dès cet automne pour que « des changement­s durables puissent être instaurés le plus rapidement possible. »

Les partis d’opposition­s sont quant à eux unanimes et en accord avec l’AQPNL : le gouverneme­nt Legault a déjà toutes les informatio­ns et tous les outils en sa possession pour prendre des actions concrètes et lutter contre la discrimina­tion et le racisme.

Un récent sondage montre que 9 Québécois non autochtone­s sur 10 estiment que les Premières Nations sont victimes de racisme et de discrimina­tion

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RYAN REMIORZ LA PRESSE CANADIENNE Le chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec-Labrador, Ghislain Picard, déplore le manque d’action du gouverneme­nt Legault et s’est dit « peu inspiré » par le groupe d’action contre le racisme mis en place en juin dernier.

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