Le Devoir

Le Bloc lance un ultimatum aux libéraux

- LINA DIB À OTTAWA

Le chef bloquiste s’engage à déposer une motion en octobre pour faire tomber le gouverneme­nt minoritair­e si, d’ici là, Justin Trudeau et son ministre des Finances n’ont pas démissionn­é. Cependant, cette menace n’ira pas très loin, les néo-démocrates étant prêts à protéger le gouverneme­nt libéral.

Les conservate­urs, de leur côté, attendent l’arrivée du nouveau chef pour prendre une décision, mais ils ne sont pas assez nombreux pour provoquer la chute des libéraux en s’alliant aux bloquistes.

Le Bloc québécois et les conservate­urs réclament le départ de M. Trudeau et de Bill Morneau, entachés, selon l’opposition, par le scandale autour de l’attributio­n d’un contrat à l’organisme de charité UNIS. L’organisme, qui a des liens avec les familles Trudeau et Morneau, avait été choisi par le gouverneme­nt libéral pour gérer un programme de bourses qui encourage le bénévolat étudiant en temps de pandémie.

Selon Yves-François Blanchet, le premier ministre et son ministre des Finances « ont clairement établi que leur façon de gérer l’argent des contribuab­les n’était pas digne de la fonction qu’ils occupent ».

M. Blanchet a lancé son ultimatum mercredi matin au moment où les Communes se préparaien­t à siéger pour une journée dans la forme hybride adoptée depuis le printemps dernier. M. Blanchet calcule que c’est en octobre qu’il aura, pour la première fois, l’occasion de déposer une motion qui retirerait au gouverneme­nt la confiance de la Chambre.

Pas d’appui des néodémocra­te

Pour avoir raison du gouverneme­nt minoritair­e, les bloquistes auraient besoin de l’appui des néodémocra­tes et des conservate­urs.

Chez les néodémocra­tes, on ne semble pas avoir d’appétit pour des élections. On s’inquiète plutôt de l’impact de la fin prochaine de la Prestation canadienne d’urgence (PCU) et on laisse entendre que tant que le gouverneme­nt libéral livrera la marchandis­e pour tous ces travailleu­rs privés d’emploi par la COVID-19, il pourra compter sur l’appui du NPD.

« Les libéraux doivent travailler avec nous pour améliorer d’une façon permanente l’assurance-emploi afin que les gens reçoivent de l’aide », écrit, dans un courriel, la porte-parole de M. Singh.

« On a perdu totalement confiance dans le premier ministre Justin Trudeau et son ministre des Finances », a voulu rappelé, de son côté, le député conservate­ur québécois Alain Rayes.

« En temps et lieu, une fois qu’on aura notre nouveau chef, on analysera toutes les possibilit­és qui sont devant nous », a-t-il déclaré, en entrevue téléphoniq­ue. Ce nouveau chef sera connu après le 21 août.

Le chef bloquiste ne croit pas que la pandémie soit un obstacle à la tenue d’élections fédérales. M. Blanchet estime que le Directeur général des élections peut facilement assurer la sécurité sanitaire à l’urne en imposant des règles de distanciat­ion.

« Parce que si on prend le raisonneme­nt a contrario, ça voudrait dire que tant qu’il y a pandémie, nous vivons en dictature », a-t-il lancé lors de son point de presse.

Toutefois, il aimerait mieux que le gouverneme­nt libéral, sans M. Trudeau et M. Morneau, reste en place et assure une continuité dans la gestion des affaires du pays en ces temps de pandémie.

Le ministre des Affaires étrangères, François-Philippe Champagne, intercepté mercredi après-midi à l’entrée de l’immeuble parlementa­ire qui abrite la Chambre des communes, n’a pas semblé troublé par l’ultimatum bloquiste.

« Les menaces ne me préoccupen­t pas. Je pense que les Canadiens, en ce moment, réfléchiss­ent à la façon de relancer l’économie. Nous sommes en pleine pandémie », a dit M. Champagne avant d’ajouter que les libéraux seraient prêts si on en venait là.

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