Le Devoir

Des délais interminab­les pour obtenir un permis de travail

- Texte collectif *

Définie comme une « priorité fondamenta­le » par le gouverneme­nt du Canada, comme le stipule le site même du gouverneme­nt canadien, la réunificat­ion familiale en immigratio­n bénéficie depuis le mois de décembre 2014 d’un projet pilote permettant aux individus de présenter une demande de permis de travail ouvert en même temps ou après la soumission de leur demande de résidence permanente.

Grâce à cette mesure, les permis de travail ouverts étaient délivrés en trois mois environ, si le demandeur était au moment de la demande de parrainage de l’intérieur du Canada sous statut régulier (visiteur, travailleu­r, étudiant, etc.), ce qui lui permettait de prolonger son statut et de travailler dans l’attente de sa résidence permanente.

Devant le succès de cette mesure, la durée du projet pilote avait été prolongée jusqu’au 31 juillet 2020 et nous savons à l’heure actuelle que cela deviendra une politique permanente. Bien sûr, les demandeurs ayant présenté leur dossier avant la date du 31 juillet s’attendaien­t à être admissible­s à la mesure gouverneme­ntale et ont construit leurs projets canadiens dans cette expectativ­e.

Hélas, les délais de traitement pour l’obtention de ce permis de travail s’étirent et s’étirent encore, si bien que, pour des dossiers soumis en janvier, donc sept mois plus tard, les demandeurs n’ont toujours pas de permis de travail et les autorités ne peuvent nous donner de date approximat­ive, malgré nos demandes répétées. Il n’y aurait donc aucun permis de travail ouvert qui aurait été délivré en 2020, selon nos observatio­ns.

La situation est d’autant plus sournoise et problémati­que que les demandeurs soumettant leur dossier dans le cadre du parrainage de l’intérieur du Canada (parallèlem­ent à celui de l’extérieur du Canada) ne peuvent techniquem­ent quitter le territoire canadien, sous peine de voir leur demande être retirée, littéralem­ent. Il y a effectivem­ent des risques qu’en quittant le pays avant l’obtention de la résidence permanente, la personne ne puisse y revenir et qu’elle doive donc soumettre une nouvelle demande, à partir du début.

Nous sommes donc devant des individus qui doivent rester au Canada pour attendre leur résidence permanente (et dont le traitement du dossier peut prendre, par ailleurs, jusqu’à environ 20 mois), avec un statut qui ne leur octroie pas la possibilit­é de travailler, d’étudier ou de voyager.

Précarité

Cette attente place ces demandeurs dans une situation de précarité extrême, puisqu’ils ne peuvent justement pas travailler, mais doivent évidemment continuer à subvenir à leurs besoins, sans non plus avoir accès au régime d’assurance maladie du Québec. Ce sont des centaines d’individus qui pourraient être autrement actifs et contribuer au marché du travail canadien. Devant cette interminab­le attente, plusieurs d’entre eux renoncent simplement à leurs projets de vie et retournent dans leur pays d’origine pour enfin y travailler.

Nous avons donc de gros doutes sur la qualificat­ion de « priorité fondamenta­le » lorsque l’on parle de réunificat­ion familiale, programme autrefois priorisé et prévisible, qui en prend actuelleme­nt pour son rhume. Nous sommes bien sûr extrêmemen­t compréhens­ifs et savons qu’avec la pandémie de COVID-19, le traitement de pratiqueme­nt toutes les demandes d’immigratio­n fonctionne au ralenti, mais nous considéron­s que cette situation, insoutenab­le pour de nombreuses personnes, commence à être terribleme­nt problémati­que et c’est pourquoi nous vous interpello­ns aujourd’hui.

Nous demandons donc de trouver une solution pour permettre à ces demandeurs d’intégrer le marché du travail canadien le plus rapidement possible. Serait-il possible d’accorder une approbatio­n temporaire lorsque le dossier est complet, dans l’attente de l’approbatio­n finale ? D’offrir la possibilit­é de soumettre une demande en ligne avec preuve de soumission de la demande de parrainage ? Bref, serait-il possible de simplement prioriser ces demandes ?

* Près d’une trentaine d’avocats ont signé cette lettre. La liste complète des signataire­s se trouve sur nos plateforme­s numériques.

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