Le Devoir

Harris est la « bonne personne » pour l’aider à « reconstrui­re le pays », garantit Biden

Le candidat démocrate à la présidence américaine et sa colistière ont prononcé leur premier discours mercredi

- AGNÈS BUN À WILMINGTON AGENCE FRANCE-PRESSE Avec Élodie Cuzin, à Washington

C’est avec un ton solennel, dans une salle presque vide à cause de la pandémie, que Joe Biden a présenté officielle­ment mercredi sa colistière dans la course à la Maison-Blanche, la sénatrice noire Kamala Harris, en promettant de reconstrui­re » les États-Unis s’ils battent Donald Trump en novembre.

« J’avais le choix, mais je n’ai aucun doute d’avoir choisi la bonne personne » pour cette élection « vitale pour ce pays », a déclaré l’ancien viceprésid­ent de Barack Obama, 77 ans, après le long processus de sélection de sa colistière.

« J’ai hâte de travailler avec elles toutes pour reconstrui­re le pays », a-til ajouté.

Avec Kamala Harris, Joe Biden fait un choix déjà historique : cette fille d’immigrés (mère indienne et père jamaïcain) est la première colistière noire et d’origine sud-asiatique d’un grand parti.

Elle deviendrai­t la première femme vice-présidente des États-Unis s’ils remportaie­nt l’élection du 3 novembre.

Sous le regard de Kamala Harris, qui l’écoutait assise sur une simple chaise sur l’estrade, Joe Biden a alors évoqué les « petites filles », notamment « les petites filles de couleur qui se sentent si souvent oubliées et sous-estimées ».

Mais « aujourd’hui, peut-être, elles se voient différemme­nt pour la première fois : avec l’étoffe d’un président ou d’un vice-président », a-t-il déclaré devant plusieurs drapeaux américains.

Puis l’ex-procureure a pris la parole avec un ton tout aussi sérieux, dans un discours pourtant entrecoupé de sourires lorsqu’ils ont évoqué leurs familles et la mémoire du fils du candidat, Beau Biden, décédé en 2015, qu’elle connaissai­t bien.

« L’Amérique est en manque criant d’un dirigeant. Et pourtant nous avons un président qui se préoccupe plus de lui que de ceux qui l’ont élu », a-t-elle lancé.

« Tout ce qui nous importe — notre économie, notre santé, nos enfants, le genre de pays dans lequel nous vivons — tout ceci est en jeu » le 3 novembre, a-telle souligné.

« Nous sommes en plein examen de conscience face au racisme et à l’injustice généralisé­e », a ajouté la sénatrice de Californie.

« Pleurniche­ries »

Les attaques de Trump visant Kamala Harris n’avaient pas tardé mardi : « La plus méchante, la plus horrible, la plus méprisante de tout le Sénat américain ». Et l’équipe Trump d’épingler « Kamala l’imposture », venue de la « gauche radicale ».

En retour, Joe Biden a taclé le président, habitué des « pleurniche­ries » : « Ça étonne quelqu’un que Donald Trump ait un problème avec une femme forte, ou les femmes fortes en général ? »

Signe des temps, les candidats et leurs époux sont arrivés masqués sur scène, et ont maintenu les distances de précaution.

Ils ont dénoncé la gestion par le président de la pandémie et la profonde crise économique qui frappe les ÉtatsUnis.

« Donald Trump ne cherche qu’à souffler sur les flammes avec ses politiques tirées d’un discours raciste, et provoque les divisions », a poursuivi Joe Biden.

Le nouveau tandem part avec un avantage : Joe Biden devance Donald Trump, 74 ans, d’une marge confortabl­e dans la moyenne des sondages nationaux (+7,3 points de pourcentag­e selon la moyenne du site RealClearP­olitics) mais aussi dans plusieurs États clés.

Élue deux fois procureure à San Francisco (2004-2011) puis à deux reprises procureure générale de Californie (2011-2017), Kamala Harris est critiquée par certains progressis­tes pour avoir eu des positions trop dures à cette époque.

Elle fut la première femme, mais aussi la première personne noire, à diriger les services judiciaire­s de l’État le plus peuplé du pays. En janvier 2017, elle avait prêté serment au Sénat à Washington, s’inscrivant comme la première femme originaire d’Asie du Sud et seulement la seconde sénatrice noire dans l’histoire américaine.

« J’ai été élevée pour agir. Ma mère savait qu’elle élevait deux filles noires qui seraient traitées différemme­nt à cause de leur apparence », a raconté la sénatrice.

Alors qu’il avait promis dès mars de choisir une femme pour colistière, Joe Biden faisait face à une pression accrue pour choisir une candidate noire depuis la mort de George Floyd, fin mai.

D’autant que l’ancien vice-président doit en partie sa nomination aux électeurs noirs qui lui avaient offert une victoire éclatante en Caroline du Sud lors de la primaire.

Reste que le candidat et sa colistière ont connu des moments tendus pendant la primaire, lorsque cette dernière l’avait attaqué sur ses positions passées face à la ségrégatio­n.

Mais le fait qu’il l’ait justement choisie en dépit de cet accrochage a été salué chez les démocrates, qui y voient un bon signe sur sa capacité à diriger.

« J’ai demandé à Kamala de […] toujours me dire la vérité », a d’ailleurs confié Joe Biden. « Car c’est comme cela que nous prenons les meilleures décisions pour le peuple américain ».

L’Amérique est en manque criant d’un dirigeant. Et pourtant, nous avons un président qui se préoccupe plus de lui que de ceux qui l’ont élu.

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OLIVIER DOULIERY AGENCE FRANCE-PRESSE Joe Biden a introduit officielle­ment sa colistière, Kamala Harris, mercredi.

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