Le Devoir

L’île Maurice sauvée d’une seconde marée noire

Tout le fioul a pu être extrait du bateau échoué

- AGENCE FRANCE-PRESSE À PORT-LOUIS

Le premier ministre mauricien, Pravind Jugnauth, a annoncé mercredi la nouvelle selon laquelle les habitants de l’archipel de l’océan Indien attendaien­t depuis des jours : la fin du pompage des hydrocarbu­res renfermés dans les réservoirs du vraquier échoué, dissipant la crainte d’une seconde marée noire d’envergure.

« Tout le fioul a été pompé des réservoirs » du vraquier échoué fin juillet sur un récif près de la côte sud-est de l’île Maurice et à l’origine d’une pollution aux hydrocarbu­res, a annoncé mercredi à la presse le premier ministre.

« C’était une course contre la montre et je salue le travail formidable abattu pour éviter une nouvelle marée noire », a ajouté le premier ministre, précisant que sur les quelque 4000 tonnes d’hydrocarbu­res transporté­es par le navire, il ne restait qu’une centaine de tonnes à bord, dans la cale notamment.

Depuis la fin de la semaine dernière, des équipes d’interventi­on s’affairaien­t sur le bateau, notamment avec l’aide d’un hélicoptèr­e, pour pomper les hydrocarbu­res encore présents dans les réservoirs.

La tâche a été compliquée par des conditions météorolog­iques et un temps défavorabl­es et par le fait que le navire menaçait de se briser en deux à tout moment, la fissure dans la coque s’élargissan­t de jour en jour. Une météo plus clémente a permis aux équipes d’interventi­on d’accélérer le pompage « et cela a aussi évité la cassure du bateau, mais cette cassure est inévitable », a précisé le premier ministre.

Au total, le MV Wakashio, appartenan­t à un armateur japonais, transporta­it 3800 tonnes de fioul et 200 tonnes de diesel. Il a heurté le 25 juillet un récif à Pointe d’Esny, mais le fioul n’a commencé à s’échapper de ses flancs éventrés que la semaine dernière.

Selon le premier ministre, « environ 800 tonnes ont été déversées dans la mer » et ont atteint les côtes de l’île Maurice. L’armateur japonais avait fait état d’environ 1000 tonnes. Sur l’ensemble des hydrocarbu­res échappés du bateau, les équipes de dépollutio­n sont parvenues jusqu’à présent à collecter 570 tonnes, dans la baie et sur la côte.

« Notre île, notre maison »

La pollution a provoqué un élan de solidarité impression­nant au sein de la population de 1,3 million d’habitants de cet archipel de l’océan Indien. Des milliers d’entre eux sont à pied d’oeuvre depuis plusieurs jours pour enlever les hydrocarbu­res et tenter de contenir la pollution en confection­nant et en déployant dans l’eau des boudins flottants.

Les volontaire­s ont ignoré les appels du gouverneme­nt à rester à l’écart et ont mis toute leur énergie à fabriquer de quoi préserver au mieux cette côte auparavant immaculée et sur laquelle se trouvent deux sites naturels protégés par la convention Ramsar sur les zones humides. Des cheveux humains ont été cousus pour former des filets absorbants, des coiffeurs sur la plage offrant une coupe gratuite aux personnes consentant­es.

« C’était bien de se retrouver parmi tous ces Mauriciens, d’être impliqué aussi comme un seul peuple. C’est notre île, c’est notre maison, c’est notre patrimoine, c’est grâce à ça que beaucoup de Mauriciens vivent », a témoigné pour l’AFP Natty Gong, un volontaire, chanteur de profession.

Ce travail de dépollutio­n, auquel est associée la marine française, se poursuivra dans les semaines à venir. Tout comme l’enquête, qui vient de débuter, et devra notamment déterminer pourquoi le navire qui faisait route depuis la Chine vers le Brésil s’est retrouvé si près des côtes de l’île Maurice.

Le capitaine, de nationalit­é indienne, et des membres de l’équipage ont été interrogés par la police mardi et le capitaine était de nouveau longuement questionné mercredi, selon une source proche de l’enquête.

La catastroph­e a suscité une colère sourde au sein de la population, certains Mauriciens se demandant pourquoi les opérations de pompage n’avaient pas débuté aussitôt que le navire s’est échoué. Le premier ministre s’est défendu mercredi de toute négligence, affirmant que les experts consultés par le gouverneme­nt jugeaient faibles les risques d’une fuite d’hydrocarbu­res dans un premier temps. « On ne pouvait pas pomper dès le départ, car la mer était mauvaise. Il fallait aussi stabiliser le bateau », a-t-il mis en avant.

C’est notre île, c’est notre maison, c’est notre patrimoine, c’est grâce à ça que beaucoup de

Mauriciens vivent

NATTY GONG »

 ?? GWENDOLINE DEFENTE, EMAE VIA AP ?? Sur l’ensemble des hydrocarbu­res échappés du bateau, les équipes de dépollutio­n sont parvenues jusqu’à présent à collecter 570 tonnes, dans la baie et sur la côte.
GWENDOLINE DEFENTE, EMAE VIA AP Sur l’ensemble des hydrocarbu­res échappés du bateau, les équipes de dépollutio­n sont parvenues jusqu’à présent à collecter 570 tonnes, dans la baie et sur la côte.

Newspapers in French

Newspapers from Canada