Le Devoir

Le port du masque obligatoir­e à Bruxelles

Cette mesure divise les citoyens de la capitale belge, dont plusieurs ont été pris par surprise

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Conséquenc­e d’un rebond des contaminat­ions au coronaviru­s, le port du masque a été imposé mercredi dans tout Bruxelles, en Belgique, une annonce accueillie avec surprise et scepticism­e par certains.

« Quand il n’y a personne, je ne mets pas mon masque. Dès qu’il y a un peu de monde, je le mets, je respecte les autres », confie Marie, 67 ans, croisée par l’AFP alors qu’elle était en route pour visiter sa mère avec un masque à la main.

Cette retraitée au courant de la mesure fait figure d’exception. Car la plupart des passants ignorent ce nouveau durcisseme­nt de la réglementa­tion, annoncé par un communiqué du gouverneme­nt régional peu avant 7 h mercredi matin (heure locale).

« Je ne vois pas pourquoi je porterais le masque si la rue est déserte. Il y a la loi et l’esprit de la loi », lâche

Sania, la trentaine.

Rudi Vervoort, chef du gouverneme­nt de Bruxelles-Capitale, a annoncé le 6 août que le port du masque se généralise­rait pour le 1,2 million d’habitants de sa région, si le seuil de 50 nouvelles contaminat­ions quotidienn­es pour 100 000 personnes était franchi.

Situation « sérieuse »

Depuis mercredi, c’est chose faite (54,4). Et en accord avec les maires des 19 communes, « la mesure imposant le port du masque sur l’ensemble du territoire de la région entre en vigueur ce jour », a-t-il annoncé.

Ce seuil de 50 infections pour 100 000 habitants, « choisi de manière arbitraire », est « une indication que la situation devient sérieuse et s’aggrave », a expliqué lors d’une conférence de presse Frédérique Jacobs, porte-parole du Service public fédéral de la santé.

Sur l’ensemble de la Belgique ont été dénombrées depuis une semaine plus de 600 nouvelles infections par jour. Mais les disparités régionales sont fortes. Le rebond observé à Anvers, dans

Je ne vois pas pourquoi je porterais le masque si la rue est déserte. Il y a la loi et l’esprit de la loi. » SANIA, UNE CITOYENNE

le nord du pays, depuis la mi-juillet est désormais moins net et Bruxelles prend le relais, sur fond d’augmentati­on des dépistages.

« Signal d’alarme »

« Les chiffres en hausse ne signifient pas nécessaire­ment que la situation est très sévère aujourd’hui, mais ils représente­nt un signal d’alarme pour intervenir et éviter une aggravatio­n », a indiqué Mme Jacobs.

De son côté, l’épidémiolo­giste Yves Coppieters a appelé à concentrer les efforts pour contenir le virus là où il circule le plus. Notamment à Anderlecht, à Schaerbeek et à Bruxelles-ville, d’après les données officielle­s.

Le masque imposé dans la rue dans toute l’agglomérat­ion, « c’est plutôt un aveu d’échec, c’est comme si on était déjà en train de perdre le fil des transmissi­ons des [foyers d’éclosion]. Il faut agir plus localement », a dit à la chaîne RTBF ce professeur de santé publique à l’Université libre de Bruxelles.

Le port d’une protection couvrant le nez et la bouche pour toute personne âgée d’au moins 12 ans était déjà obligatoir­e en Belgique dans la plupart des lieux publics clos depuis le 11 juillet (cinémas, bibliothèq­ues, etc.).

Il s’est aussi généralisé dans certaines zones commerçant­es très fréquentée­s et est devenu un réflexe pour de nombreux Bruxellois.

Elizer Rivera juge « raisonnabl­e » la mesure de précaution annoncée mercredi. « Au travail, j’ai déjà l’habitude de porter le masque, ce n’est pas un problème pour moi », souligne-t-il.

L’obligation à Bruxelles concerne désormais « les lieux publics » et « les lieux privés accessible­s au public », selon le gouverneme­nt régional, qui a évoqué des exceptions pour certaines situations : « lors de la pratique d’un sport » ou pour « un travail physique intensif sur la voie publique ».

La Belgique, pays d’environ 11,5 millions d’habitants, recensait mercredi 75 008 cas de contaminat­ion à la COVID19 et 9885 morts, soit l’un des plus forts taux de mortalité au monde.

Mais dans ce comptage des morts, à l’hôpital et en maisons de retraite, les autorités belges ont inclus les décès suspectés d’être liés au virus sans que cela ait pu être systématiq­uement prouvé par un test.

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12 ans était déjà obligatoir­e en Belgique dans la plupart des lieux publics clos depuis le
11 juillet dernier.
FRANÇOIS WALSCHAERT­S AGENCE FRANCE-PRESSE Le port d’une protection couvrant le nez et la bouche pour toute personne âgée d’au moins 12 ans était déjà obligatoir­e en Belgique dans la plupart des lieux publics clos depuis le 11 juillet dernier.

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