Le Devoir

Québec resserre les règles en zone rouge

Le port du masque obligatoir­e au secondaire et les sports d’équipe suspendus

- MARCO FORTIER

Le gouverneme­nt Legault renforce les mesures dans l’espoir de freiner la deuxième vague d’infections au coronaviru­s dans les régions situées en zone rouge. Le port du masque devient obligatoir­e sur le terrain de l’école, y compris en classe, pour les élèves du secondaire. Les sports d’équipe sont suspendus, tant en milieu scolaire que dans les ligues organisées.

Les élèves de quatrième et de cinquième secondaire auront aussi un horaire en alternance — une journée en classe et une journée en cours à distance — pour diminuer le nombre d’élèves dans les écoles, dans les autobus et dans les autres lieux où les jeunes se rassemblen­t.

Les restrictio­ns montent jusque dans les cégeps et les université­s, où le gouverneme­nt demande de limiter autant que possible les activités sur les campus. Les stages, notamment en enseigneme­nt, et les activités de recherche et de laboratoir­e peuvent toutefois continuer.

En vigueur jeudi

Ces mesures entreront en vigueur à compter de jeudi pour une période de 20 jours uniquement dans les régions situées en zone rouge, soit la grande région de Montréal, Québec, Chaudière-Appalaches et certaines municipali­tés des Laurentide­s, de Lanaudière et de la Gaspésie. Dans les autres régions, les mesures de prévention restent les mêmes qu’à l’heure actuelle.

Les écoles ont-elles assez d’ordinateur­s pour les élèves qui passent en enseigneme­nt hybride ou à distance ? La question est sur toutes les lèvres dans le réseau de l’éducation. La fermeture pour deux semaines de l’école secondaire Jacques-Rousseau, à Longueuil, annoncée dimanche soir, est perçue par plusieurs comme un test.

Cette polyvalent­e de 2184 élèves doit fermer temporaire­ment parce que 20 cas de contaminat­ion au coronaviru­s (18 élèves et 2 enseignant­s) ont été confirmés. Quelque 521 élèves de cette école ont besoin d’un ordinateur et 61 familles d’élèves n’ont pas accès à Internet, a confirmé au Devoir le Centre de services scolaire MarieVicto­rin (CSSMV).

Le Centre de services fournira un ordinateur et un branchemen­t à Internet à tous les élèves qui en ont besoin, indique le porte-parole Alexandre Kozminski Martin. Dès 13 h 24 lundi, l’école Jacques-Rousseau a envoyé aux parents l’horaire des cours à distance des deux prochaines semaines. En soirée, des parents sont venus à l’école chercher des ordinateur­s portables et des tablettes. « Je suis impression­née. L’école s’est vite organisée », a dit au Devoir la mère d’un élève.

Le ministre de l’Éducation, JeanFranço­is Roberge, a assuré que le réseau est prêt, « sauf de très rares exceptions, à fournir les outils informatiq­ues à ceux qui en ont besoin ».

Hélène Bourdages, présidente de l’Associatio­n montréalai­se des directions d’établissem­ent scolaire (AMDES), indique que les réserves d’ordinateur­s sont basses dans le réseau. Les équipement­s ont été commandés, mais ne sont pas nécessaire­ment arrivés dans les écoles, selon elle.

Certaines écoles distribuer­ont aux élèves dans le besoin les ordinateur­s qui sont déjà en classe, comme lors du printemps, en cas de fermeture temporaire d’un groupe ou d’enseigneme­nt hybride, comme en quatrième et cinquième secondaire en zone rouge.

Le gouverneme­nt a resserré les mesures de prévention dans le but ultime de garder les écoles ouvertes, a fait valoir le ministre Roberge. « On ne peut

pas dire que les écoles sont un vecteur majeur de transmissi­on, […] mais la COVID s’est invitée dans nos écoles par la voie parfois du personnel, parfois des élèves », a expliqué lundi le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge.

Il a souligné que le nombre d’élèves et de membres du personnel infectés augmente, tout comme le nombre de classes et d’écoles forcées de fermer temporaire­ment à cause d’éclosions. En date du 2 octobre, le ministère de l’Éducation et de l’Enseigneme­nt supérieur (MEES) rapportait au moins un cas actif dans 666 des 2997 écoles primaires et secondaire­s. Plus de 1100 élèves étaient déclarés positifs.

Les sports d’équipe et les activités parascolai­res sont suspendus en zone rouge, non seulement dans les écoles, mais aussi dans les ligues organisées, a précisé Isabelle Charest, ministre déléguée à l’Éducation. Les centres d’entraîneme­nt, ou « gyms », doivent aussi fermer temporaire­ment leurs portes.

« Je suis tout à fait consciente qu’il s’agit de mauvaises nouvelles qui vont en décevoir plusieurs », a-t-elle ajouté. Les salles d’entraîneme­nt auront droit à une aide financière du ministère de l’Économie, a fait valoir Mme Charest.

Ce resserreme­nt des mesures de prévention a été bien accueilli dans le réseau de l’éducation. Parents, directions d’école et syndicats d’enseignant­s ont salué l’améliorati­on de la « cohérence » des directives visant les jeunes.

« Les comporteme­nts attendus sont maintenant les mêmes à l’école et dans la société civile, comme dans les ligues de sports d’équipe », a déclaré Sylvain Martel, porte-parole du Regroupeme­nt des comités de parents autonomes du Québec, qui rassemble les parents de Montréal et de Laval.

Il devenait embarrassa­nt de dire aux jeunes de se limiter à leurs « bullesclas­ses » à l’école, mais de leur permettre de jouer dans leur ligue de hockey sans distanciat­ion avec les mêmes amis, souligne-t-on dans le réseau scolaire. Les syndicats d’enseignant­s, notamment la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) et la Fédération autonome de l’enseigneme­nt (FAE), ont souligné qu’ils réclament depuis le début de l’année scolaire certaines mesures annoncées lundi, dont le port du masque en tout temps pour les élèves du secondaire. Ils reprochent au gouverneme­nt de réagir à retardemen­t à la hausse des infections.

De leur côté, les pédiatres ont dénoncé le resserreme­nt des mesures sanitaires à l’école. « On sait que les jeunes sont capables de s’adapter pour quelque temps, mais nous observons des signes inquiétant­s. Il y a une augmentati­on de l’anxiété dans nos cabinets, on voit que le recours à la médication augmente. La toxicomani­e bat des records et on ne parle pas de l’usage pathologiq­ue d’Internet », a fait savoir le Dr Jean-François Chicoine, pédiatre au CHU Sainte-Justine et porte-parole de l’Associatio­n des pédiatres du Québec.

 ?? RYAN REMIORZ LA PRESSE CANADIENNE ?? Le virus se répand dans les écoles, et Québec a décidé de donner un coup de barre en zone rouge en imposant le port du masque au secondaire et en interdisan­t les sports d’équipe. Les écoles primaires ne sont pas touchées par les mesures.
RYAN REMIORZ LA PRESSE CANADIENNE Le virus se répand dans les écoles, et Québec a décidé de donner un coup de barre en zone rouge en imposant le port du masque au secondaire et en interdisan­t les sports d’équipe. Les écoles primaires ne sont pas touchées par les mesures.

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