Le Devoir

Pénurie de bénévoles dans les hôpitaux

La porte est grande ouverte aux volontaire­s, même âgés de 70 ans et plus

- MARIE-EVE COUSINEAU

C’était un ambassadeu­r Avon. Un Québécois qui a dirigé la filiale française de l’entreprise de cosmétique­s, bien connue pour son réseau de représenta­ntes à domicile. À 67 ans, Sylvain Larose est maintenant un fier bénévole du Centre hospitalie­r de l’Université de Montréal (CHUM). « Je voulais “redonner” », ditil. Même en temps de pandémie. Le diagnostic est tombé il y a cinq ans : cancer de la gencive, de la mâchoire et des sinus, stade 4. Chirurgie, chimiothér­apie, radiothéra­pie… Sylvain Larose a subi une batterie de traitement­s au CHUM pour combattre la maladie. « On m’a sauvé la vie », dit-il.

Depuis deux ans et demi, Sylvain Larose fait du bénévolat quatre jours par semaine au CHUM. En cette deuxième vague de COVID19, il accueille les patients à l’entrée, les dirige vers des cliniques et les accompagne aux bornes d’enregistre­ment. « Je les aide à se calmer aussi, dit le bénévole masqué, aux yeux rieurs. Les gens sont anxieux étant donné la situation. »

Des bénévoles comme lui, le CHUM en a besoin d’une soixantain­e. Lors du confinemen­t au printemps, des volontaire­s ont dû abandonner leurs activités à l’hôpital en raison de leur âge (70 ans et plus) ou de leur état de santé. « On est actuelleme­nt à 50 % de nos bénévoles », dit Lise Pettigrew, chef du service de bénévolat, animation et loisirs au CHUM.

La situation est pire au CHU de Québec– Université Laval. « On est privés de plus de 90 % de nos bénévoles », dit la conseillèr­e en communicat­ion Lindsay Jacques-Dubé.

Le CHU a récemment lancé une campagne de recrutemen­t pour trouver 200 bénévoles et permettre ainsi « qu’un maximum d’employés soient affectés aux unités de soins », écrit, dans un communiqué, l’établissem­ent qui chapeaute les cinq hôpitaux. Le manque de personnel est criant dans le réseau de la santé.

« Il faut des gens pour couvrir toutes les entrées à tous les quarts de travail », précise Lindsay Jacques-Dubé. Les bénévoles auront pour mission de s’assurer que les patients respectent les mesures sanitaires, comme le port du masque et la désinfecti­on des mains. Une tâche qui incombe actuelleme­nt à des agents de sécurité et à des assistants techniques en soins de santé, indique le CHU de Québec–Université Laval.

Le CISSS de Laval a aussi un « besoin urgent de bénévoles ». « Durant la pandémie, on a pu en recruter en raison du confinemen­t, explique Sophie Bouchard, chef à la coordinati­on des ressources bénévoles et des soins spirituels. Avec le déconfinem­ent [cet été] et le retour en classe, le recrutemen­t devient plus complexe. »

Les adultes, sans antécédent­s judiciaire­s, sont les bienvenus. Les aînés aussi. « On a réautorisé les 70 ans et plus, dit

Sophie Bouchard. On donne le choix aux bénévoles, si leur santé le leur permet. Ils signent un formulaire de consenteme­nt. » Elle estime qu’une quinzaine de bénévoles âgés reviendron­t dans les rangs grâce à cette nouvelle mesure. « Certains bénévoles me disent qu’ils ne sont pas prêts à aller au front, à la porte avec les clients », explique-t-elle.

Les établissem­ents assurent qu’ils sont bien protégés. Et que leur rôle est d’autant plus important durant la pandémie. Au CHUM, les visites et les accompagne­ments ont été suspendus jeudi, comme ce fut le cas au printemps. « Lorsqu’un proche dépose les effets personnels d’un patient à l’entrée, les bénévoles vont les porter à la chambre », dit Lise Pettigrew.

Des bénévoles contactent aussi les malades esseulés pour prendre de leurs nouvelles. « On a fait 11 000 appels depuis mars », dit Lise Pettigrew. Les déplacemen­ts à la cafétéria étant limités, des bénévoles du CHUM font des tournées de boissons et de collations aux étages.

Au CIUSSS du Nord-de-l’Île-Montréal, leurs services seront nécessaire­s lors de la campagne de vaccinatio­n contre la grippe. « Notre CIUSSS recherche présenteme­nt des bénévoles », dit sa porteparol­e Séléna Champagne. Ils seront notamment chargés d’accueillir la clientèle, de remettre un formulaire, d’assurer la circulatio­n et de collaborer à la surveillan­ce post-vaccinatio­n.

Sylvain Larose, lui, donnera de son temps au CHUM. Pas question de raccrocher son masque, malgré une deuxième vague qui s’annonce costaude. « Ma motivation reste en place », ditil. Et il ne manque pas d’énergie. « Je marche 11 km par jour, ici [au CHUM] ou à l’extérieur ! »

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MARIE-FRANCE COALLIER LE DEVOIR Depuis deux ans et demi, Sylvain Larose, 67 ans, fait du bénévolat quatre jours par semaine au CHUM. « Je voulais “redonner” », dit-il. Même en temps de pandémie.

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