Les investissements publics n’auront jamais été aussi payants |
L’économie aura besoin d’un coup de pouce des gouvernements pour se sortir du marasme dans lequel la pandémie de COVID-19 l’a plongée. Cela tombe bien, dit le Fonds monétaire international (FMI), parce que rarement a-t-on eu un retard aussi important à rattraper en matière d’investissements publics, et rarement ces derniers ont-ils présenté des retombées économiques potentielles aussi grandes.
Avant même que n’éclate la crise de la COVID-19, la mollesse de l’économie, la « décrépitude » des ponts et des routes, les bas taux d’intérêt, l’urgence climatique et la faiblesse de l’investissement des entreprises privées constituaient déjà une invitation aux gouvernements à investir davantage dans les infrastructures publiques propres à aider le développement économique à long terme de leurs pays, a souligné lundi dans une vidéo un expert du Fonds monétaire international, Paulo Mauro, au moment de dévoiler un premier chapitre analytique du prochain portrait que le FMI dressera de l’état des finances publiques dans le monde.
Mais depuis que la pandémie est survenue et a infligé les dommages que l’on sait à l’économie, le monde se retrouve « dans une situation inédite » où les gouvernements se voient offrir la chance d’avoir encore plus d’impact pour chaque dollar investi.
L’investissement des entreprises
D’abord, parce que l’investissement des entreprises « est encore plus faible qu’il ne l’était déjà ». Aussi, parce qu’il y a toute cette main-d’oeuvre au chômage qui ne demanderait pas mieux que d’être remise au travail. Et puis, et peut-être surtout, en raison de « l’incertitude extrême » qui paralyse tout actuellement et que des programmes d’investissements publics bien menés pourraient aider à dissiper « en signalant l’engagement des gouvernements à assurer la stabilité et la croissance ».
Le FMI estime ainsi qu’une hausse de l’investissement public équivalant à 1 % du produit intérieur brut (PIB) pourrait se traduire, après deux ans, par une augmentation de 2,7 % du PIB, de 10 % de l’investissement privé et de 1,2 % de l’emploi. Et mieux encore, on peut s’attendre à ce que les recettes fiscales supplémentaires générées par cette croissance supérieure soient de l’ordre du double des sommes investies.
À l’échelle mondiale, le FMI évoque ainsi la création de 7 millions d’emplois directs et d’entre 20 et 33 millions d’emplois en tout.
Les bonnes priorités
Mais tous les investissements ne sont pas égaux. L’effet d’entraînement de l’investissement des gouvernements sur celui des entreprises privées est, par exemple, trois à quatre fois plus élevé en environnement, en santé ou dans les services sociaux que dans la défense.
En matière d’emploi, si l’on peut s’attendre à ce qu’un million de dollars investis dans des projets d’infrastructures traditionnelles (ponts, routes, aéroports…) créent entre 2 et 3 emplois directs, on peut en espérer entre 5 et 14 si la même somme est consacrée plutôt à la recherche et au développement, à l’énergie verte ou aux bâtiments à haut rendement énergétique.
Cet argent doit toutefois être bien investi pour être efficace, souligne le FMI dans son analyse. Des chercheurs ont montré que la même somme pouvait avoir un effet multiplicateur quatre fois moindre dans les pays affichant les pires bilans en matière de bonne gestion des dépenses publiques.
Et à cet égard, note-t-on, « les surcoûts et les retards les plus importants sont observés parmi les projets approuvés et lancés pendant les périodes de hausse notable de l’investissement public. Une progression rapide de l’investissement public risque aussi de faciliter la corruption ».
Le FMI recommande donc que les gouvernements procèdent en séquence. Qu’ils commencent par l’entretien de leurs infrastructures existantes, parce que ces chantiers ont la capacité d’être rapidement mis en branle et qu’ils créent généralement beaucoup d’emplois.
Pour ensuite réviser et relancer d’autres types de projets qui avaient déjà été analysés et approuvés, mais qui avaient fini par être retardés pour différentes raisons.
Et, enfin, accélérer l’élaboration d’autres projets en ayant en tête les besoins et les défis économiques à venir en matière notamment de développement durable et des nouvelles technologies.