Québec mettra bel et bien 10 millions
Le gouvernement et la Fondation Riopelle cherchent encore le lieu pour établir une aile consacrée au peintre. Le Musée des beaux-arts de Montréal demeure dans le portrait.
Le gouvernement du Québec sera bel et bien partenaire de la Fondation Riopelle dans le projet de création d’un espace consacré au peintre québécois, a confirmé au Devoir la ministre de la Culture, Nathalie Roy. Mais rien ne garantit que c’est au Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) que cela se concrétisera.
« Ce sera 10 millions, et on discute avec les gens de la Fondation pour trouver la meilleure façon d’honorer » Jean Paul Riopelle, a mentionné Mme Roy lors d’un entretien accordé la semaine dernière.
Le président du conseil d’administration de la Fondation Riopelle, le philanthrope Michael Audain, a pour sa part indiqué lundi au Devoir avoir bon espoir « [d’]être capable de financer ce projet avec l’aide du gouvernement. Nous avons eu une très bonne rencontre avec le premier ministre Legault le 16 septembre, et nous étions heureux d’entendre qu’il était très intéressé ».
Les intentions de Québec à cet égard n’étaient plus claires depuis la fin de l’été. Le gouvernement a en effet demandé le 19 août que le MBAM lui rembourse les 10 millions de dollars qu’il avait octroyés par décret ministériel le 25 mars, « pour la réalisation d’un espace Riopelle ».
Le texte du décret rappelait « que le centenaire de Jean Paul Riopelle, artiste marquant de l’histoire de l’art québécois et canadien, sera célébré en 2023 et que le Musée des beaux-arts de Montréal souhaite réaliser à cette occasion un espace consacré à cet artiste ».
L’affaire Bondil
Or, entre l’octroi de la subvention et la demande de remboursement, il s’est passé le congédiement de la directrice générale et conservatrice en chef du MBAM, Nathalie Bondil. Et la crise déclenchée par son renvoi a ébranlé tant la Fondation Riopelle (qui entretenait une excellente relation avec Mme Bondil) que le cabinet de la ministre Roy, qui a mandaté un expert indépendant pour qu’il fasse rapport sur la gouvernance du Musée.
La trame de fond des événements s’est un peu éclaircie depuis. L’expert de Québec a notamment conclu que le problème de climat de travail au Musée — qui est à la source de la décision du conseil d’administration de remercier Nathalie Bondil — était réel, tout en suggérant au gouvernement de revoir la Loi sur le MBAM. Le président du C. A., Michel de la Chenelière, a démissionné de son poste, remplacé par le mécène Pierre Bourgie.
« J’ai eu une très bonne discussion avec Pierre Bourgie », mentionne aujourd’hui Michael Audain. Mais la Fondation qu’il préside n’est pas prête à confirmer que le MBAM sera le port d’attache de cette aile Riopelle. « Il y a eu un peu d’instabilité au Musée récemment, dit-il. Nous devons encore mieux comprendre ce que réserve le futur pour le Musée. Nous voulons nous assurer que le futur directeur sera [à l’aise] avec le projet — quand on saura [son nom]. Alors, disons que nous sommes sur pause. »
M. Audain parle d’une décision à venir dans les « prochains mois ». Et il refuse de faire des conjectures sur les autres options qui s’offrent à la Fondation pour établir un espace Riopelle à Montréal. Il semble toutefois exclu que le projet se réalise ailleurs que dans la ville natale du peintre.
Au MBAM, on indique que « des représentants du Musée sont toujours en discussion avec le cabinet de la ministre de la Culture à ce sujet. Nous ne commenterons pas plus le dossier ». Au cabinet de Mme Roy, on ajoute à ce sujet « qu’il a été convenu que le MBAM devrait nous fournir la confirmation que le projet irait bel et bien de l’avant avec eux » avant d’envisager la suite.