Les Echaquan n’ont pas voulu du premier ministre aux funérailles
Ses excuses n’ont pas suffi. Le premier ministre François Legault s’est vu refuser mardi sa présence aux funérailles de l’Attikamek Joyce Echaquan, la communauté de Manawan jugeant que « sa position de fermeture » sur le racisme systémique le disqualifiait pour y assister.
M. Legault en avait exprimé le souhait la veille, lors d’une rencontre avec les leaders autochtones Paul-Émile Ottawa, Constant Awashish et Ghislain Picard. « Par politesse », ils ont répondu par l’affirmative, a confié une source près du dossier.
Or, la famille de Joyce Echaquan, « trop en colère », en a par la suite décidé autrement.
« [La] position de fermeture [du premier ministre] concernant la reconnaissance du racisme systémique à l’endroit des Premières Nations explique la décision de la communauté », a fait savoir le Conseil des Attikameks de Manawan, avant d’inviter le premier ministre à « revoir sa position ».
Des représentants de tous les autres partis ont été invités à se rendre aux funérailles de Mme Echaquan, morte à l’hôpital de Joliette le 28 septembre, sous les insultes racistes de membres du personnel. Seul l’élu libéral Greg Kelley est allé à Manawan, Québec solidaire et le Parti québécois ayant manifesté des inquiétudes au sujet de la COVID-19. Le PQ n’a pourtant jamais reconnu la présence de racisme systémique. « Moi, je le reconnais », a cependant déclaré la députée péquiste de Joliette, Véronique Hivon, au Devoir mardi soir.
Des excuses officielles
Au Salon bleu mardi, François Legault a déclaré que l’enregistrement des derniers moments de la vie de Joyce Echaquan est « difficile à supporter », car on y entend « toute la souffrance de ses plaintes, mais […] surtout la haine, le racisme dans la voix des employés à ses côtés ».
Il a présenté « des excuses officielles » au nom de l’État québécois aux proches de Joyce Echaquan et à la nation attikamek. « On ne doit pas avoir peur de le dire, le service public québécois a failli à son devoir envers Mme Echaquan. L’État a le devoir d’offrir la même dignité, le même respect à tout le monde », a-t-il déclaré sur le parterre de la salle de l’Assemblée nationale.
Selon le ministre fédéral Marc Miller, M. Legault a reconnu implicitement l’existence de racisme systémique au Québec en déclarant que le système de santé « a failli ». « Je salue cette reconnaissance. C’est un début », a réagi le ministre fédéral des Services aux Autochtones, se disant « écoeuré » par les « graves écarts […] de conduite » des autorités à l’égard des Premières Nations.
Bien que symboliques, les excuses de M. Legault au nom de l’État québécois ont une portée limitée d’un point de vue juridique. Le Code civil du Québec a été modifié en juin dernier de sorte qu’une excuse ne peut « être