Le Devoir

Les Echaquan n’ont pas voulu du premier ministre aux funéraille­s

- MARCO BÉLAIR-CIRINO MARIE-MICHÈLE SIOUI

Ses excuses n’ont pas suffi. Le premier ministre François Legault s’est vu refuser mardi sa présence aux funéraille­s de l’Attikamek Joyce Echaquan, la communauté de Manawan jugeant que « sa position de fermeture » sur le racisme systémique le disqualifi­ait pour y assister.

M. Legault en avait exprimé le souhait la veille, lors d’une rencontre avec les leaders autochtone­s Paul-Émile Ottawa, Constant Awashish et Ghislain Picard. « Par politesse », ils ont répondu par l’affirmativ­e, a confié une source près du dossier.

Or, la famille de Joyce Echaquan, « trop en colère », en a par la suite décidé autrement.

« [La] position de fermeture [du premier ministre] concernant la reconnaiss­ance du racisme systémique à l’endroit des Premières Nations explique la décision de la communauté », a fait savoir le Conseil des Attikameks de Manawan, avant d’inviter le premier ministre à « revoir sa position ».

Des représenta­nts de tous les autres partis ont été invités à se rendre aux funéraille­s de Mme Echaquan, morte à l’hôpital de Joliette le 28 septembre, sous les insultes racistes de membres du personnel. Seul l’élu libéral Greg Kelley est allé à Manawan, Québec solidaire et le Parti québécois ayant manifesté des inquiétude­s au sujet de la COVID-19. Le PQ n’a pourtant jamais reconnu la présence de racisme systémique. « Moi, je le reconnais », a cependant déclaré la députée péquiste de Joliette, Véronique Hivon, au Devoir mardi soir.

Des excuses officielle­s

Au Salon bleu mardi, François Legault a déclaré que l’enregistre­ment des derniers moments de la vie de Joyce Echaquan est « difficile à supporter », car on y entend « toute la souffrance de ses plaintes, mais […] surtout la haine, le racisme dans la voix des employés à ses côtés ».

Il a présenté « des excuses officielle­s » au nom de l’État québécois aux proches de Joyce Echaquan et à la nation attikamek. « On ne doit pas avoir peur de le dire, le service public québécois a failli à son devoir envers Mme Echaquan. L’État a le devoir d’offrir la même dignité, le même respect à tout le monde », a-t-il déclaré sur le parterre de la salle de l’Assemblée nationale.

Selon le ministre fédéral Marc Miller, M. Legault a reconnu implicitem­ent l’existence de racisme systémique au Québec en déclarant que le système de santé « a failli ». « Je salue cette reconnaiss­ance. C’est un début », a réagi le ministre fédéral des Services aux Autochtone­s, se disant « écoeuré » par les « graves écarts […] de conduite » des autorités à l’égard des Premières Nations.

Bien que symbolique­s, les excuses de M. Legault au nom de l’État québécois ont une portée limitée d’un point de vue juridique. Le Code civil du Québec a été modifié en juin dernier de sorte qu’une excuse ne peut « être

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