Le Devoir

Alerte COVID téléchargé­e 3,5 millions de fois

- MYLÈNE CRÊTE CORRESPOND­ANTE PARLEMENTA­IRE À QUÉBEC

Seulement 856 personnes sur près de 3,5 millions qui ont téléchargé l’applicatio­n Alerte COVID ont entré leur code pour prévenir les autres qu’elles ont reçu un diagnostic positif de la COVID-19, selon les plus récentes données de Santé Canada. De ce nombre, on compte 15 Québécois.

Le Québec s’est joint lundi aux cinq autres provinces qui l’avaient déjà adoptée, soit l’Ontario, la Saskatchew­an, le Manitoba, le Nouveau-Brunswick, Terre-Neuve-et-Labrador.

Pour qu’elle soit réellement efficace, Alerte COVID doit être utilisée par une majorité de gens. Bien que le nombre de personnes à y recourir ait augmenté, ce n’est pas encore suffisant, selon l’administra­trice en chef de la santé publique du Canada, la Dre Theresa Tam. « Nous avons besoin de plus de gens dont le test de dépistage est positif qui entrent leur code dans l’applicatio­n pour que les gens avec qui ils ont été en contact puissent être avisés », a-t-elle affirmé mardi.

Les notificati­ons envoyées par l’applicatio­n ne remplacent pas l’enquête qui doit être effectuée par les employés de la Santé publique dans chaque province. « C’est une charge de travail additionne­lle sur la Santé publique », a-t-elle reconnu. L’applicatio­n pourrait-elle ainsi mettre davantage de pression sur le système de dépistage ? « Potentiell­ement », a-t-elle répondu.

Les trois partis d’opposition au Québec craignent qu’Alerte COVID n’aggrave la congestion dans les centres de dépistage en générant des « faux positifs » lorsque, par exemple, deux personnes ont été à moins de deux mètres dans une même pièce pendant 15 minutes ou plus, mais séparées par un plexiglas.

« C’est notamment ce qui s’est produit en Australie il y a quelques semaines, a affirmé le co-porte-parole de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois. C’est notre principale inquiétude et c’est la principale raison pour laquelle nous sommes très sceptiques quant à l’utilité de cette applicatio­n-là pour lutter contre la pandémie », Il n’entend pas n’utiliser Alerte COVID tant que la Santé publique québécoise ne dévoilera pas son avis sur la question.

Le Parti québécois a soumis une motion adoptée à l’unanimité pour interdire à des employeurs ou à des propriétai­res d’immeuble d’imposer le télécharge­ment obligatoir­e.

Il y a eu 160 000 nouveaux télécharge­ments de l’applicatio­n depuis l’appel lancé par le premier ministre François Legault la veille, mais les fonctionna­ires fédéraux n’étaient pas en mesure de dire mardi s’ils provenaien­t tous du Québec lors d’un breffage à l’intention des médias. Ils n’étaient pas en mesure non plus d’indiquer comment ils mesureraie­nt l’efficacité de l’applicatio­n pour lutter contre la COVID-19. « En ce moment, tous les niveaux d’utilisatio­n vont contribuer à réduire l’émission, a indiqué la directrice générale du groupe de travail pour l’applicatio­n Alerte COVID de Santé Canada, Marika Nadeau. On a déjà des histoires de gens qui ont reçu une notificati­on et qui ont changé leur comporteme­nt. »

De nombreux citoyens ont signalé au Devoir qu’ils étaient incapables de télécharge­r l’applicatio­n, qui fonctionne seulement sur les téléphones Android et Apple qui ont moins de cinq ans. « L’applicatio­n est compatible avec 92 % des téléphones intelligen­ts utilisés au Canada », a avancé Mme Nadeau. Elle a par la suite reconnu qu’il s’agissait d’une estimation s’appuyant sur des projection­s élaborées en 2018 par Statistiqu­e Canada.

Pour qu’Alerte COVID fonctionne, les gens doivent l’activer une fois installée et activer la fonction Bluetooth sur leur téléphone lorsqu’ils sortent de la maison. Les gens qui reçoivent un résultat positif après avoir passé un test de dépistage doivent téléphoner à la Santé publique pour obtenir un code à entrer dans l’applicatio­n, qui va ensuite notifier tous les autres utilisateu­rs avec lesquels ils sont entrés en contact lors des deux semaines précédant leur diagnostic.

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