La reconnaissance du racisme systémique divise les caquistes
Des voix s’élèvent au sein de la Coalition avenir Québec pour reconnaître la présence de racisme systémique à l’égard des Autochtones.
En raison de son histoire propre, la réalité autochtone est différente de celle des minorités ethnoculturelles, font valoir des sources gouvernementales au Devoir.
Le Groupe d’action contre le racisme (GACR) envisage de reconnaître le racisme systémique envers les Autochtones dans son rapport final. Si tel est le cas, il demandera préalablement la bénédiction du chef du gouvernement, François Legault. Il n’est pas question de lui forcer la main, le groupe n’étant pas formé « d’électrons libres », comme l’exprime une source.
Pour l’heure, les conséquences d’une reconnaissance du racisme systémique à l’endroit des Autochtones préoccupent des élus. Ils craignent qu’une telle prise de position offusque les représentants des communautés culturelles.
Au sein du groupe parlementaire de la CAQ, certains font valoir que la Loi sur les Indiens est un exemple patent de « racisme d’État » à l’égard des peuples autochtones. En revanche, l’histoire des Noirs au Québec n’a rien à voir avec celle des Noirs aux États-Unis, insiste une source proche du dossier, non sans reconnaître les périls de la « différenciation » entre les types de discrimination.
Les élus du Parti libéral du Québec et de Québec solidaire reconnaissent la présence de racisme systémique au Québec. Les élus du Parti québécois attendent pour leur part l’élection d’un nouveau chef, vendredi, avant de prendre officiellement position dans le débat — ce qui n’empêche pas les élus d’avoir leur propre opinion. Le député Joël Arseneau n’a « aucune difficulté à utiliser le terme ». Véronique Hivon « le reconnaî[t] ». Sylvain Gaudreault aussi. En revanche, Pascal Bérubé « n’y croi[t] pas ». Cela dit, les « actes racistes […] méritent d’être combattus, dénoncés, jugés, condamnés », estime-t-il.
En point de presse, le premier ministre, François Legault, a dit « accepte[r] toujours [de] discuter » de la question du racisme systémique au sein de sa formation politique. Il a exprimé sa volonté de « rassembler » à la fois les groupes pour qui l’existence du racisme systémique au Québec ne fait pas de doute et ceux « qui disent : “Attention, moi, je vois ça comme étant une attaque contre le peuple québécois”. » Il a répété que la CAQ ne considère pas qu’il y a du racisme systémique au Québec.
« J’invite aussi toutes les autres nations à travailler ensemble sur les suites du rapport Viens. […] Donc, travaillons sur des actions plutôt que de faire une guerre de mots », a-t-il ensuite suggéré, en faisant référence au rapport Viens.
« Appels à l’action » suivis ?
Ce dernier suggérait il y a un an la mise sur pied de formations visant à « favoriser la sensibilité, la compétence et la sécurisation culturelle » de « tous les cadres, professionnels et employés susceptibles » d’être en contact avec les Autochtones, comme le recommandait le rapport Viens il y a un an.
Après une semaine de recherche, le SAA n’a pu dire au Devoir combien de ces formations avaient été offertes depuis un an, ou nommer les professionnels qui en ont profité. Le SAA assure que des actions en ce sens « sont déjà prises ou en voie d’être prises ».
Sous l’impulsion de la députée Véronique Hivon, l’Assemblée nationale a par ailleurs demandé mercredi au gouvernement d’enchâsser le principe de sécurisation culturelle dans la Loi sur les services de santé et les services sociaux, conjointement avec les Premières Nations et les Inuits, et ce, conformément à l’appel à l’action de la commission Viens.
À titre d’exemple, le centre hospitalier de Lanaudière, où est morte Joyce Echaquan le 28 septembre, compte déjà sur la présence d’une agente de liaison et de sécurisation culturelle.