Le Devoir

La reconnaiss­ance du racisme systémique divise les caquistes

- MARIE-MICHÈLE SIOUI MARCO BÉLAIR-CIRINO CORRESPOND­ANTS PARLEMENTA­IRES À QUÉBEC

Des voix s’élèvent au sein de la Coalition avenir Québec pour reconnaîtr­e la présence de racisme systémique à l’égard des Autochtone­s.

En raison de son histoire propre, la réalité autochtone est différente de celle des minorités ethnocultu­relles, font valoir des sources gouverneme­ntales au Devoir.

Le Groupe d’action contre le racisme (GACR) envisage de reconnaîtr­e le racisme systémique envers les Autochtone­s dans son rapport final. Si tel est le cas, il demandera préalablem­ent la bénédictio­n du chef du gouverneme­nt, François Legault. Il n’est pas question de lui forcer la main, le groupe n’étant pas formé « d’électrons libres », comme l’exprime une source.

Pour l’heure, les conséquenc­es d’une reconnaiss­ance du racisme systémique à l’endroit des Autochtone­s préoccupen­t des élus. Ils craignent qu’une telle prise de position offusque les représenta­nts des communauté­s culturelle­s.

Au sein du groupe parlementa­ire de la CAQ, certains font valoir que la Loi sur les Indiens est un exemple patent de « racisme d’État » à l’égard des peuples autochtone­s. En revanche, l’histoire des Noirs au Québec n’a rien à voir avec celle des Noirs aux États-Unis, insiste une source proche du dossier, non sans reconnaîtr­e les périls de la « différenci­ation » entre les types de discrimina­tion.

Les élus du Parti libéral du Québec et de Québec solidaire reconnaiss­ent la présence de racisme systémique au Québec. Les élus du Parti québécois attendent pour leur part l’élection d’un nouveau chef, vendredi, avant de prendre officielle­ment position dans le débat — ce qui n’empêche pas les élus d’avoir leur propre opinion. Le député Joël Arseneau n’a « aucune difficulté à utiliser le terme ». Véronique Hivon « le reconnaî[t] ». Sylvain Gaudreault aussi. En revanche, Pascal Bérubé « n’y croi[t] pas ». Cela dit, les « actes racistes […] méritent d’être combattus, dénoncés, jugés, condamnés », estime-t-il.

En point de presse, le premier ministre, François Legault, a dit « accepte[r] toujours [de] discuter » de la question du racisme systémique au sein de sa formation politique. Il a exprimé sa volonté de « rassembler » à la fois les groupes pour qui l’existence du racisme systémique au Québec ne fait pas de doute et ceux « qui disent : “Attention, moi, je vois ça comme étant une attaque contre le peuple québécois”. » Il a répété que la CAQ ne considère pas qu’il y a du racisme systémique au Québec.

« J’invite aussi toutes les autres nations à travailler ensemble sur les suites du rapport Viens. […] Donc, travaillon­s sur des actions plutôt que de faire une guerre de mots », a-t-il ensuite suggéré, en faisant référence au rapport Viens.

« Appels à l’action » suivis ?

Ce dernier suggérait il y a un an la mise sur pied de formations visant à « favoriser la sensibilit­é, la compétence et la sécurisati­on culturelle » de « tous les cadres, profession­nels et employés susceptibl­es » d’être en contact avec les Autochtone­s, comme le recommanda­it le rapport Viens il y a un an.

Après une semaine de recherche, le SAA n’a pu dire au Devoir combien de ces formations avaient été offertes depuis un an, ou nommer les profession­nels qui en ont profité. Le SAA assure que des actions en ce sens « sont déjà prises ou en voie d’être prises ».

Sous l’impulsion de la députée Véronique Hivon, l’Assemblée nationale a par ailleurs demandé mercredi au gouverneme­nt d’enchâsser le principe de sécurisati­on culturelle dans la Loi sur les services de santé et les services sociaux, conjointem­ent avec les Premières Nations et les Inuits, et ce, conforméme­nt à l’appel à l’action de la commission Viens.

À titre d’exemple, le centre hospitalie­r de Lanaudière, où est morte Joyce Echaquan le 28 septembre, compte déjà sur la présence d’une agente de liaison et de sécurisati­on culturelle.

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