« On reste chez nous », dit François Legault
Le premier ministre craint une hausse exponentielle des hospitalisations dans la province
Le premier ministre François Legault craint des ruptures de service dans le réseau de la santé si les cas de COVID-19 continuent de se multiplier au Québec. L’air grave, il a de nouveau lancé un appel aux Québécois mercredi pour qu’ils évitent de s’exposer au coronavirus inutilement.
« Mon message, aujourd’hui, va être très clair : on reste chez nous, a-t-il dit. On va à l’école, on va travailler, mais sinon, on reste chez nous. »
Le nombre d’hospitalisations dues à la COVID-19 a plus que doublé au cours des deux dernières semaines, passant de 168 à 409. M. Legault craint une augmentation exponentielle au cours des prochaines semaines si les Québécois ne respectent pas les consignes de la Santé publique. « Ça veut dire que, si on ne faisait rien, on pourrait penser que dans deux semaines on va être à 800 cas hospitalisés, puis dans quatre semaines on va être rendus à 1600 cas de personnes hospitalisées, a-t-il signalé. Puis, évidemment, on a un réseau de la santé qui est déjà fragile. »
Des interventions chirurgicales pourraient ainsi être reportées et certains Québécois pourraient ne pas recevoir des soins « dans des délais raisonnables ». Déjà, ils sont près de 132 000 à attendre une opération, dont près de 11 000 patientent depuis plus d’un an. Et il manque plus de 6000 travailleurs de la santé, ce qui rend le système de santé d’autant plus fragile. Au plus fort de la première vague, ce nombre avait grimpé à 12 000.
M. Legault a défendu les restrictions imposées la semaine dernière, comme la fermeture des bars, des restaurants et d’autres lieux de rassemblement, en zone rouge. « Il faut comprendre qu’à situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles, a-t-il affirmé. Donc, ces fermetures-là, on n’avait pas le choix. C’était pour sauver le réseau de la santé. » Un sauvetage qui est devenu sa « grande obsession » et celle du ministre de la Santé, Christian Dubé, même si cette obsession risque de nuire à la popularité du gouvernement.
Même si le nombre de cas continuait de grimper, le premier ministre n’envisage pas la fermeture des écoles comme ce fut le cas au printemps dernier. Les commissions scolaires anglophones devront reporter les élections qui étaient prévues le 1er novembre sur recommandation de la Santé publique.
Probablement qu’on n’aurait jamais dû parler de » d éconfinement DRE MYLÈNE DROUIN
Le Québec compte actuellement plus de 600 éclosions actives, selon M. Dubé.
Terminé, le déconfinement ?
Les Québécois devront apprendre à vivre avec certaines restrictions pendant longtemps, selon la directrice de santé publique de Montréal, la Dre Mylène Drouin. « Probablement qu’on n’aurait jamais dû parler de déconfinement », a-t-elle affirmé en conférence de presse. À son avis, il y a déjà des leçons à tirer de cette deuxième vague d’infections. « On a des mesures qui sont là pour freiner la hausse et aplanir [la courbe], mais après, je pense que, collectivement, il va falloir qu’on se pose la question, s’il y a une troisième vague et jusqu’au moment où on ait un vaccin, si on a à vivre avec ce virus, est-ce qu’on veut toujours faire le yoyo ou on rehausse nos mesures et on arrive collectivement à trouver notre bonheur et une vie économique ? »
Avec la hausse du nombre de cas au cours des dernières semaines, le gouvernement regrette-t-il d’avoir laissé tomber les restrictions durant l’été ? « Il y a des gens qui trouvent qu’on ferme trop, il y en a qui trouvent qu’on ne ferme pas assez, a répondu le premier ministre Legault. Je pense que la situation, cet été, nous permettait de fermer un peu moins, mais là, la situation est plus difficile. Donc, il faut fermer plus. Puis je vous invite encore une fois à aller voir ce qui se fait ailleurs. Tous les États font ça. »
Il a comparé la situation du Québec à celle de Chicago et de Detroit, où le nombre de décès par million d’habitants serait comparable, mais dit toujours chercher la recette de Toronto, où moins de gens sont morts de la COVID-19 que dans « les autres grandes villes du Nord-Est américain ».