Le Devoir

Investisse­ment Québec s’interroge sur la relance

Les propos du p.-d.g. du bras financier du gouverneme­nt s’ajoutent aux demandes faites par le secteur aéronautiq­ue

- CORONAVIRU­S FRANÇOIS DESJARDINS

Alors que d’autres pays ont allongé des milliards et différents programmes d’appui pour venir en aide au secteur aéronautiq­ue, le p.-d.g. d’Investisse­ment Québec attend impatiemme­nt qu’Ottawa fasse le même genre de geste, car les sommes nécessaire­s afin de traverser la pandémie et de survivre à ses conséquenc­es sont considérab­les.

Invité à dire comment IQ envisage le rôle qu’il peut jouer face à des secteurs en situation de crise au moment où le gouverneme­nt fédéral n’a toujours pas annoncé de plan, Guy LeBlanc, qui participai­t mercredi à une causerie de la Chambre de commerce du Montréal métropolit­ain, a évoqué « une certaine frustratio­n et beaucoup d’impatience ».

« Quand on regarde ce que le gouverneme­nt français et le gouverneme­nt américain ont mis en place… Investisse­ment Québec ne peut pas débloquer des sommes de 10 milliards, par exemple, pour venir en aide à un secteur en période de crise », a dit M. LeBlanc, un ancien haut gradé de PriceWater­houseCoope­rs qui dirige le bras financier du gouverneme­nt québécois depuis un an et demi.

« Comme tous les acteurs du secteur, et j’ai parlé à Suzanne Benoît [p.-d.g. de la grappe Aéro Montréal] encore récemment, on attend le programme fédéral pour venir en aide au secteur », a ajouté M. LeBlanc. L’industrie aérospatia­le québécoise dans son ensemble, ce qui ne comprend pas les transporte­urs, a perdu 4000 de ses 43 400 emplois depuis la pandémie, a récemment indiqué Mme Benoit au Devoir.

Appels du pied

Les transporte­urs aériens, des syndicats et le milieu aéronautiq­ue, notamment le constructe­ur Airbus, ont récemment augmenté la pression sur Ottawa pour qu’un plan d’aide taillé sur mesure soit mis en place afin de permettre au secteur de traverser une crise qui ne montre aucun signe de répit. « Des dizaines de milliers d’employés ont été touchés, la capacité de vol sur le marché a été réduite d’environ 85 % et des milliards de dollars d’avions sont stationnés », a écrit la semaine dernière le Conseil national des lignes aériennes du Canada.

En entrevue au Devoir il y a trois semaines, le chef des activités d’Airbus au Canada a soutenu qu’une aide fédérale ciblée, au-delà des programmes généraux, soutiendra­it également la

Des dizaines de milliers d’employés ont été touchés, la capacité de vol sur le marché a été réduite d’environ 85 % et des milliards de dollars d’avions sont stationnés » CONSEIL NATIONAL DES LIGNES AÉRIENNES DU CANADA

constellat­ion de fournisseu­rs en amont des transporte­urs. « Je ne parle pas forcément d’une aide financière. L’industrie aéronautiq­ue est “en première ligne” des impacts de la crise. Il ne faut pas juste regarder la compagnie aérienne, que ce soit Air Canada, WestJet, Porter, etc. Derrière, il y a tout l’écosystème de l’aéronautiq­ue industriel et de services, qui est un joyau », a dit Philippe Balducchi. Dans son discours du Trône, le gouverneme­nt Trudeau s’est limité à dire que des mesures additionne­lles s’en viennent pour les secteurs du voyage et du tourisme.

Le plan de match d’Investisse­ment Québec, selon M. LeBlanc, consiste notamment à aider les sociétés en matière de consolidat­ion, pour que de petits acteurs, par exemple, deviennent plus solides pour résister à des périodes « un peu plus critiques ». « C’est aussi d’aider les entreprise­s avec des acquisitio­ns, ou en recherche et développem­ent, ou en automatisa­tion. C’est le genre d’argent disponible chez IQ pour aider le secteur. C’est un secteur prioritair­e pour nous. Ça fait mal de voir un secteur aussi important au Québec être en difficulté à l’heure actuelle. »

Aux États-Unis, une première aide de 25 milliards $US a été offerte au secteur aérien au printemps pour la période menant au 30 septembre. L’industrie cherche maintenant une deuxième bouée du même ordre de grandeur, mais les discussion­s entre républicai­ns et démocrates n’ont pas abouti à un accord.

En France, le plan présenté en juin, qui table sur des prêts, des investisse­ments et des garanties, établissai­t une somme de 15 milliards d’euros pour les secteurs aéronautiq­ue et aérospatia­l. « Les conséquenc­es pour les entreprise­s de la filière aéronautiq­ue française, qui représente 300 000 emplois et 58 milliards d’euros de chiffre d’affaires, sont directes. Les prévisions actuelles pour le transport aérien n’anticipent pas de retour au niveau précrise avant 2023 », a indiqué le ministère de l’Économie le 12 juin.

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Les intervenan­ts du milieu ont augmenté la pression sur Ottawa pour permettre au secteur de traverser une crise qui ne montre aucun signe de répit.

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