Le Devoir

À Roland-Garros, Djokovic conjure le mauvais sort dans la douleur

- TENNIS ÉLODIE SOINARD À PARIS AGENCE FRANCE-PRESSE

Novak Djokovic a conjuré le mauvais sort : le no 1 mondial a pris sa revanche sur Pablo Carreño Busta, son adversaire lors de sa disqualifi­cation choc à l’US Open, pour rallier le dernier carré de Roland-Garros mercredi. Mais dans la douleur, souffrant du cou et du bras gauche.

Victorieux en quatre manches 4-6, 6-2, 6-3, 6-4 en un peu plus de trois heures, Djokovic affrontera Stefanos Tsitsipas (6e) pour une place en finale. Le jeune Grec s’est lui vengé 7-5, 6-2, 6-3 en moins de deux heures d’Andrey Rublev, son bourreau en finale à Hambourg à l’aube du Grand Chelem parisien.

Dans le tableau féminin, après la demi-finale entre novices qui a pris forme mardi, entre la jeune Polonaise Iga Swiatek (19 ans, 54e) et la qualifiée argentine Nadia Podoroska (131e), c’est une seconde entre initiées qui s’est dessinée mercredi, entre Petra Kvitova (11e), double lauréate de Wimbledon, et Sofia Kenin (6e), victorieus­e de l’Open d’Australie en début d’année.

Carreño Busta ne rappelait pas à Djokovic de bons souvenirs : leur huitième de finale de l’US Open avait tourné court quand une balle frappée par le Serbe dans un geste d’humeur avait malencontr­eusement atterri sur une juge de ligne, ce qui avait abouti à sa disqualifi­cation.

Patch imposant sur la nuque, bras gauche douloureux, qu’il étirait et secouait entre les points, puis se faisait masser aux changement­s de côté, grimaces de douleur : « Djoko » n’était visiblemen­t pas dans son assiette mercredi soir.

Quand Tsitsipas séchait les cours

Ses statistiqu­es du premier set, son premier perdu de la quinzaine parisienne, en témoignent : avec 40 % de premières balles, 16 fautes directes pour seulement 7 points gagnants, et pas mal d’amorties mal touchées, il n’était que l’ombre de lui-même.

Mais, au fil du match, le Serbe a fait progresser tant bien que mal son pourcentag­e et sa réussite au service, limité les fautes et gagné en puissance. Ce qui lui a suffi pour prendre le dessus sur son adversaire espagnol, malgré quelques derniers soubresaut­s, mais pas pour apaiser son humeur des mauvais jours.

À 33 ans, Djokovic n’est plus qu’à deux victoires d’un accompliss­ement historique : devenir le premier joueur de l’ère Open, et seulement le troisième de l’histoire, après les Australien­s Rod Laver et Roy Emerson, à s’offrir au moins deux fois chacun des quatre trophées du Grand Chelem.

Tsitsipas, son prochain adversaire, tentera lui de s’inviter pour la première fois en finale en Grand Chelem, à 22 ans. Il n’y était pas parvenu à sa première tentative, à l’Open d’Australie 2019. Le Grec en est à quinze manches remportés consécutiv­ement : il n’en a plus concédé aucun depuis qu’il a été mené deux manches à zéro au premier tour (par Munar).

Le vainqueur du Masters 2019 est ravi de briller sur la terre battue parisienne, lui qui « séchai(t) les cours pour regarder les matchs » dans son enfance. « C’est dire à quel point j’aime ce tournoi », confie-t-il.

« Miracle » pour Kvitova

Côté dames, avantage aux plus expériment­ées mercredi, avec les succès de Kvitova et Kenin. La première, victorieus­e 6-3, 6-3 de l’Allemande Laura Siegemund (66e), atteint pour la première fois depuis huit ans le dernier carré à Roland-Garros, mais pour la septième fois de sa carrière en tournoi majeur.

La seconde, qui a contenu 6-4, 4-6, 6-0 la hargne sonore de Danielle Collins (57e) dans un duel 100 % américain, jouera sa première demi-finale porte d’Auteuil, mais affiche un bilan de 15 victoires pour une seule défaite en Grand Chelem en 2020.

Pour Kvitova (30 ans), qui se réinstalle­ra dans le top 10 à l’issue du tournoi, cette qualificat­ion est un « autre miracle », après sa finale à l’Open d’Australie 2019. « Je n’aurais pas pu imaginer que je rejouerais une demi-finale ici après tout ce que j’ai traversé », rappelle la gauchère tchèque.

En décembre 2016, une agression au couteau au cours d’un cambriolag­e à son domicile en République tchèque avait un temps mis sa carrière en péril : sa main gauche, blessée, avait nécessité une opération importante et elle avait été éloignée des courts pendant cinq mois.

C’est précisémen­t à Roland-Garros qu’elle avait renoué avec la compétitio­n au printemps 2017. « On peut dire que cet endroit me porte chance », sourit-elle. Kvitova, comme Swiatek, n’a pas perdu la moindre manche depuis le début du tournoi. Kenin, à l’inverse, a pris l’habitude d’en laisser échapper un : ç’a encore été le cas en quarts de finale, pour la quatrième fois en cinq matchs.

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ANNE-CHRISTINE POUJOULAT AGENCE FRANCE-PRESSE Le Serbe Novak Djokovic renvoie la balle à Pablo Carreño Busta au 11e jour du tournoi de Roland-Garros 2020, mercredi à Paris.

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