Le Devoir

Plus de la moitié des Américains craignent une flambée de violence après le 3 novembre

Selon eux, même si le scrutin s’annonce « honnête et juste », les résultats risquent d’être contestés, indique un récent sondage

- FABIEN DEGLISE

La fin d’un chemin cahoteux pour mieux en suivre un autre tout aussi instable. Plus de la moitié des électeurs américains s’attendent à une augmentati­on de la violence partout au pays, alimentée par le résultat de l’élection du 3 novembre prochain, indique un sondage YouGov dévoilé mercredi.

Cette inquiétude exprimée est en contradict­ion avec une perception du scrutin qui s’annonce « honnête et équitable », selon la majorité des électeurs républicai­ns et démocrates interrogés. À plus de 50,7 %, ils s’entendent toutefois pour dire que le nom du président légitimeme­nt élu sera probableme­nt contesté. Alors que 49,3 % envisagent l’inverse.

Le coup de sonde a été mené entre septembre et octobre dans un bassin d’environ 2000 électeurs pour le compte de l’organisati­on non partisane Bravers Angles. Cette dernière oeuvre depuis plusieurs mois au rapprochem­ent des camps démocrate et républicai­n aux États-Unis, où les divisions idéologiqu­es, en partie nourries par les réseaux sociaux, ont passableme­nt compromis le débat public, les relations sociales, et menacent désormais les fondements de la démocratie.

Dans une « Lettre à l’Amérique », le groupe souligne l’importance d’un dialogue entre les partis pour « trouver des solutions fondées sur la Constituti­on et guidées par nos traditions démocratiq­ues et non violentes », dans l’éventualit­é où, « dans un avenir proche », le pays serait « confronté à une crise constituti­onnelle face à laquelle nos institutio­ns ne pourr[aient] pas parvenir à un consensus sur le président légitimeme­nt élu », peut-on lire.

Selon YouGov, 47 % des électeurs estiment que l’intégrité du scrutin de novembre prochain pourrait être compromise. 45 % des démocrates pensent que le résultat du vote va être accepté, contre 49 % des républicai­ns. Les électeurs indépendan­ts et les indécis sont les plus craintifs, à 55 %.

Le climat de défiance envers le processus électoral s’explique en partie par la campagne menée depuis des mois par Donald Trump pour dénigrer le vote par la poste. La pandémie de COVID-19, qui a repris de l’ampleur dans plusieurs États depuis quelques semaines, se prépare à l’amplifier partout au pays. Selon lui, ce vote est une source de fraude qui devrait davantage desservir les intérêts républicai­ns. Ces affirmatio­ns sont faites sans qu’aucune étude ni aucun expert ait établi de lien entre fraude et vote postal à ce jour.

La tension a été ravivée mercredi par le président américain, en convalesce­nce à la Maison-Blanche après avoir contracté la COVID-19, dans une rafale de tweets dont plusieurs faisaient référence à « un coup d’État » fomenté par la « gauche radicale » pour prendre sa place au sommet de l’État, prétend-il.

Donald Trump a également réitéré ses accusation­s habituelle­s à l’endroit de Biden, d’Obama et d’Hillary Clinton qui, selon lui, ont « espionné » sa campagne. Aucune enquête n’a été ouverte à ce sujet par les autorités américaine­s. Il a aussi invité Biden à se « retirer de la course ».

Le démocrate mène actuelleme­nt par une avance significat­ive dans les sondages, y compris dans plusieurs États d’ordinaire républicai­ns.

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