Louis-Philippe Hébert, raciste ?
Dans l’article d’un de vos collaborateurs dans le D Mag de samedi dernier intitulé « Doit-on peindre et exposer la violence ? », il est question de diverses opinions touchant les nombreux Indiens représentés par le sculpteur LouisPhilippe Hébert. Une des opinions rapportées affirme que son oeuvre sur le sujet est empreinte de racisme, rien de moins ! J’ignore sur quelle définition du racisme repose le raisonnement du scribe dont il s’agit, mais son opinion n’a rien à voir avec la réalité. Je lui conseille de lire les deux ouvrages que j’ai écrits sur l’artiste (Fides 1973 et Lidec 2001).
Philippe Hébert (1850-1917) est né en plein pays de colonisation dans la région des Bois-Francs, nourri jeune des Relations des jésuites, que son père lisait à la famille le soir à la maison. Il y est question de la vie des missionnaires auprès des Indiens. Ces histoires passionnaient le petit Philippe, au point qu’il prit sur lui de passer à travers les trois tomes de l’ouvrage qu’il avait obtenu qu’on lui prêtât. Il y consacra un an et demi. Il racontait ces histoires à la maisonnée au point que ses frères et soeurs ont fini par l’appeler « le sauvage ».
« De bonne heure, les sauvages ont pris une grande place dans mon esprit, écrira-t-il plus tard. Je me sentais attiré vers ces races si étranges, si intéressantes et si malheureuses. » Des oeuvres comme la Famille indienne devant la porte centrale du Parlement de Québec, son Pêcheur à la nigogue plus bas et son Iroquois du monument Maisonneuve disent assez son admiration pour ces naturels de notre pays. Et je ne parle pas de la dizaine de bronzes de plus petites dimensions qui illustrent le même sujet.
En fait, marquer la différence entre des groupes humains qui diffèrent, ce n’est pas du racisme. Le racisme implique une hiérarchie, ce qui se concrétise par la dépréciation chez les uns et une sorte de snobisme chez les autres, quand ça ne va pas jusqu’au mépris. Bruno Hébert.
Le 13 octobre 2020.