Bienvenue aux dames
Les mecs de Jacques Davidts se font brasser la cage par la gent féminine
Le jour où Jacques Davidts, auteur de la charmante série Les Parent,a présenté à André Béraud, premier directeur des émissions dramatiques et longs métrages à Radio-Canada, son projet de série mettant en scène quatre hommes dans la cinquantaine, c’était le lendemain du scandale Weinstein. Il a bien cru que Les mecs, comédie dramatique déclinée en 10 épisodes de 30 minutes, n’allait jamais voir le jour. Déjà que le titre laissait présager une série truffée de blagues de mononcles et de propos misogynes rappelant l’époque où le « serial lover » Jean-Paul Belleau (Gilbert Sicotte) faisait son coq dans Des dames de coeur de Lise Payette.
« Je n’avais aucune crainte par rapport à ce que j’avais écrit, parce que ce n’est pas litigieux, mais pour certaines personnes, j’avais peur qu’une telle série soit déplacée », confiait Jacques Davidts lors d’un point de presse virtuel mercredi avant-midi. L’auteur ignorait encore que la suite de l’histoire lui réservait toute une surprise.
Alerte COVID
Réalisée par Ricardo Trogi, la série Les mecs a connu une fin de tournage mouvementée puisque celle-ci a concordé avec le début de la pandémie. S’il ne regrette pas d’avoir reporté la dernière journée du tournage pour des raisons sanitaires, le producteur Guillaume Lespérance, à qui l’on doit le retour des fictions cet automne à Radio-Canada, n’aurait jamais cru que celle-ci se ferait près de quatre mois plus tard.
« Au moment où on a repris le tournage, les équipes étaient disponibles, les gens étaient contents de se retrouver et, aussi, il y avait un besoin de tout le monde de terminer ce tournagelà, donc ça a été très agréable. »
À l’image du tournage entier, si l’on se fie aux propos de Ricardo Trogi : « C’est un show qui est bien écrit, et quand c’est bien écrit, ça dicte une réalisation plus sobre. Je n’ai pas eu besoin d’installer trop d’artifices pour rendre ça divertissant. On est à une époque où nos budgets diminuent ; il faut donc être inventifs et trouver une autre façon d’éclairer de manière à avoir des journées agréables, ce qui signifie pouvoir faire trois ou quatre prises par plan. »
Affirmant qu’il se verrait faire cinq ou six saisons avec les quatre acteurs principaux, le réalisateur ajoute : « Alexis Martin, Christian Bégin, Normand Daneau et Yanic Truesdale, c’est quatre gars très forts… Je pense que c’est la première fois que je me ramasse avec autant de talent, d’expérience, de générosité et de respect envers l’autre dans le même quatuor, ce qui a rendu ma job facile. »
Du bar au gym
Ayant puisé dans ses propres expériences familiales pour Les Parent, Jacques Davidts s’est inspiré de ses conversations de bar avec ses amis pour créer ces quatre quinquagénaires aux prises avec des problèmes de couples, de dysfonction érectile et… de poids. Eh oui, les hommes aussi se soucient de la taille de leurs seins !
Largué par Geneviève (Lynda Johnson), avocate médiatrice lui ayant avoué sa liaison avec un avocat de 38 ans, Simon Letendre (Alexis Martin), écrivain raté recyclé en traducteur, débarque chez Christian Laliberté (Christian Bégin). Séparé, Christian « héberge » ce soir-là Wendy (Lanisa Dawn), future Simone de Beauvoir de 30 ans. Et Simon de rappeler à Christian le mouvement #MeToo. « Ce n’est pas mon étudiante », dit le professeur de littérature pour se défendre.
Lorsque Martin Lamoureux (Normand Daneau), sa femme Sophie (Nathalie Mallette), féministe au foyer, et Étienne Lebeau (Yanic Truesdale) reçoivent la nouvelle par texto, ils ne sont pas du tout surpris. Voilà trois ans que Christian, Martin et Étienne tiennent un pool comme au hockey sur l’imminente séparation du couple : « Disons que ça paye ta chambre, OK ? » répond Christian à Simon qui lui a demandé qui avait gagné.
Quand ils ne se font pas remettre à leur place par Geneviève ou Sophie, les mecs se font brasser la cage par Natalie (Julie Ménard), propriétaire du bistro Chez Nat, qui ne se gêne pas pour souligner leurs propos crus teintés de sexisme et d’un soupçon d’homophobie.
Seul personnage gai et racisé du quatuor, Étienne, dont on connaîtra davantage la vie amoureuse à partir du cinquième épisode, se plaît également à provoquer ses trois amis à coups de répliques piquantes, que ce soit avec un verre de vino à la main ou lors d’une séance d’entraînement dans son gym. L’homme blanc cisgenre hétéro en prend un peu pour son rhume. Signe des temps ?
« Pour moi, c’était intéressant d’avoir des dialogues comme ça parce que ça me permet de mettre en relief certaines choses, d’établir le point de vue de tout un chacun, d’avoir un débat. Les personnages féminins ont existé en même temps que les personnages masculins. C’était extrêmement important pour moi ; ce n’était pas une pression ni une obligation, mais un procédé d’écriture. Les mecs, ce n’est pas un truc à thèse, c’est juste une comédie sur des gars de mon âge », conclut Jacques Davidts.
Les mecs
Dès le jeudi 15 octobre sur ICI Tou.tv Extra
Jacques Davidts s’est inspiré de ses conversations de bar avec ses amis pour créer ces quatre quinquagénaires aux prises avec des problèmes de couples, de dysfonctionnement érectile et… de poids