Le Devoir

Pour une aide ciblée et une contributi­on des mieux nantis

Le ratio de la dette publique mondiale devrait se stabiliser en 2021

- GÉRARD BÉRUBÉ

Poursuivan­t ses réunions d’automne, le Fonds monétaire internatio­nal a parlé, mercredi, de relance économique. D’une relance appelée à s’articuler autour d’une aide ciblée et d’une contributi­on accrue des mieux nantis. D’une relance qui devra s’attaquer à l’autre défi majeur : la réduction des émissions de GES.

D’entrée de jeu, les analystes du FMI sont revenus sur la réponse économique visant à contrer les effets de la pandémie. Au total, les gouverneme­nts ont pris des mesures budgétaire­s évaluées à 11 700 milliards au 11 septembre, soit l’équivalent d’environ 12 % du PIB mondial. Ces mesures budgétaire­s ont pris la forme, pour moitié, d’un surcroît de dépenses ou d’une perte de recettes, pour l’autre moitié de mesures de soutien à la liquidité et aux revenus.

Une riposte saluée, vu les conséquenc­es économique­s de la pandémie sur les individus et les entreprise­s, mais qui n’est pas sans créer de profondes fissures dans les finances publiques. « En 2020, les déficits publics devraient s’envoler de 9 % du PIB en moyenne et la dette publique mondiale devrait, selon les projection­s, approcher 100 % du PIB, soit un niveau record. » L’étude du FMI n’est pas sans rappeler que l’endettemen­t était déjà problémati­que avant la pandémie. À la fin de 2019, la moyenne pondérée de la dette privée atteignait 144 % du PIB mondial et la dette publique, 83 %.

Toutefois, selon les hypothèses de référence, à savoir un rebond de l’activité économique et des taux d’intérêt bas et stables, le ratio de la dette publique mondiale devrait se stabiliser en 2021, hormis en Chine et aux États-Unis.

L’étude, cosignée par Vitor Gaspar, responsabl­e des affaires budgétaire­s au

FMI, souligne que, « lorsque les risques sanitaires diminuent et qu’une reprise durable est envisageab­le, le soutien ne devrait plus être consacré à la protection des relations entre les salariés et les entreprise­s ». Il devrait plutôt porter sur l’appui des chômeurs dans leur recherche d’un nouvel emploi puis sur la formation afin de permettre aux travailleu­rs d’accéder aux « emplois de demain », sur l’accompagne­ment des entreprise­s viables mais encore vulnérable­s dans la reprise de leurs activités et sur l’adaptation structurel­le à l’économie post-pandémie. Puis, « lorsque la pandémie sera maîtrisée, les autorités devront stimuler la reprise tout en s’attaquant aux conséquenc­es de la crise, dont un endettemen­t privé et public élevé, un chômage important et une montée des inégalités et de la pauvreté », et à un rééquilibr­age budgétaire.

Les auteurs suggèrent que les gouverneme­nts prennent des mesures « pour améliorer l’observance fiscale et envisager d’augmenter les impôts pour les groupes les plus aisés et les entreprise­s fortement bénéficiai­res » afin de financer les services essentiels, comme les filets de sécurité sanitaire et sociale, soutenus durant une crise ayant « frappé plus durement les segments les plus pauvres de la société ».

Il est précisé qu’avec les taux d’intérêt au plancher, « une hausse des investisse­ments publics de qualité pourra avoir un impact prononcé sur l’emploi et l’activité, attirer des investisse­ments privés et absorber l’excès d’épargne privée sans augmenter le coût des emprunts ».

Dans l’après-pandémie, « les politiques devront s’employer à lutter contre la pauvreté et les inégalités », sans oublier que « la réduction des émissions restera un enjeu majeur […] Cela impliquera de prendre des dispositio­ns pour augmenter les prix du carbone et encourager les investisse­ments dans des technologi­es sobres en carbone ».

Newspapers in French

Newspapers from Canada