La pandémie a accéléré la révolution numérique
Près de la moitié des travailleurs qui conserveront leur poste auront besoin d’une mise à niveau de leurs compétences
La pandémie de COVID-19 a accéléré la transition des entreprises canadiennes vers l’automatisation et la nouvelle économie numérique, rapporte une étude.
Une forte proportion d’entreprises canadiennes dit avoir été forcée par la crise sanitaire et les règles de confinement d’accélérer non seulement leur recours à des outils numériques (90 %), tels que les conférences vidéo, ou au télétravail (80 %), mais aussi l’automatisation de leurs tâches (63 %), la formation de leurs employés aux technologies numériques (63 %) et la restructuration de leurs activités (53 %), selon une enquête réalisée auprès des dirigeants de grandes entreprises de 26 pays dans le cadre d’un rapport sur l’avenir des emplois dévoilé mercredi par le Forum économique mondial de Davos.
« Ce qui était considéré comme “l’avenir du travail” est déjà arrivé », résument les auteurs du rapport annuel de 163 pages. À ce rythme, estiment-ils, l’automatisation et « une nouvelle répartition du travail entre les humains et les machines » auront perturbé 85 millions d’emplois dans de grandes et moyennes entreprises de la planète en 2025.
Près de la moitié des travailleurs qui conserveront leur poste auront besoin d’une mise à niveau de leurs compétences de base, prévient-on. Ce choc s’accompagnera toutefois de l’émergence de 97 millions de nouveaux postes dans l’économie des soins aux personnes, dans les secteurs technologiques, comme l’intelligence artificielle, ainsi dans les domaines de la création de contenu.
Au Canada, les entreprises sondées disent s’attendre à devoir embaucher, entre autres, des spécialistes en intelligence artificielle, des experts en traitement de données et en automatisation et des analystes en protection de l’information. À l’inverse, elles prévoient de devoir réduire leur nombre d’employés chargés de la saisie de données et de la comptabilité, leurs adjoints administratifs ou encore leurs travailleurs d’usine.
Un peu moins de la moitié des répondants canadiens à l’enquête admettent qu’ils envisagent de mettre à pied des employés qui n’auraient pas les nouvelles compétences requises ou faire appel à des sous-traitants. Ils sont bien plus nombreux toutefois à compter recourir de plus en plus à l’automatisation et aux robots (80 %), engager du nouveau personnel habile avec les nouvelles technologies (93 %) et offrir la formation nécessaire à leurs employés actuels (93 %).
Les habiletés recherchées
Comme les machines seront surtout utiles au traitement des informations et des données, aux tâches administratives et aux travaux manuels répétitifs, les compétences les plus recherchées par ces employeurs canadiens seront la pensée analytique et critique, la capacité d’apprentissage et de créativité ainsi que les habiletés sociales et la flexibilité.
Nos dirigeants d’entreprises ne croient pas que la mise à niveau de leur personnel sera trop longue ou difficile.
Seulement le quart de leur maind’oeuvre leur semble avoir besoin d’une formation qui pourrait nécessiter plus d’un an, contre 14 % de 6 à 12 mois, les 60 % restants partagés presque également entre de 3 à 6 mois, de 1 à 3 mois et moins d’un mois.
Les pouvoirs publics et les entreprises devront accorder une attention spéciale aux travailleurs les plus vulnérables, disent les auteurs du rapport. « L’accélération de l’automatisation et les retombées de la récession entraînée par la COVID-19 ont aggravé les inégalités existantes sur les marchés du travail et annulé les progrès en matière d’emploi réalisés depuis la crise financière mondiale de 2007-2008. C’est un scénario de double perturbation qui présente un autre obstacle pour les travailleurs en cette période difficile. »