Mères en colère contre l’inaction politique
Elles réclament du gouvernement Trudeau des mesures environnementales plus courageuses
L’élan maternel, et la volonté de protéger les enfants des changements climatiques, a rassemblé plusieurs dizaines de mères, devant le bureau montréalais du premier ministre du Canada, Justin Trudeau, pour exiger du gouvernement des mesures environnementales plus courageuses.
Bravant la pluie, les « Mères au front » sont venues réclamer du gouvernement Trudeau, qui célèbre son anniversaire au pouvoir, qu’il fasse preuve de « courage politique » et qu’il prenne des mesures plus ambitieuses pour faire face aux changements climatiques, notamment en renonçant au projet d’expansion du pipeline Trans Mountain, qui comptera pour une bonne part des émissions de gaz à effet de serre au pays.
Elles demandent par exemple que le gouvernement cesse de subventionner les énergies fossiles, et utilise les 12,6 milliards de dollars d’investissements prévus dans le projet Trans Mountain pour soutenir les communautés, les travailleurs et leurs familles dans la transition vers l’utilisation d’énergies plus vertes.
L’idée de faire quelque chose pour protéger l’avenir de ses enfants est venue à la cinéaste et écrivaine Anaïs Barbeau-Lavalette l’hiver dernier. « Moi qui suis généralement douée pour le bonheur, j’ai rencontré pour la première fois de ma vie un profond sentiment d’impuissance », dit-elle en entrevue. Elle entre en contact avec la militante Laure Waridel, qui vient de faire paraître son livre La transition, c’est maintenant, choisir aujourd’hui ce que sera demain, pour comprendre que celle-ci partage son sentiment d’impuissance.
« J’étais très, très triste par rapport à la difficulté de protéger l’avenir de mes enfants et de l’inaction politique », dit Laure Waridel. Transformant leur impuissance et leur colère en mobilisation, les deux femmes réunissent une quarantaine d’autres mères provenant de tous les milieux : du monde des arts, de l’enseignement, de l’écologie et de la santé.
C’était avant la pandémie. Depuis, 23 groupes de Mères au front se sont formés dans différentes régions du Québec, au Saguenay, en Gaspésie, en passant par Lanaudière ou l’Abitibi. Ces groupes ont créé des liens avec
For our kids, un mouvement semblable qui se déploie dans l’Ouest canadien.
Car des solutions pour renverser la vapeur du réchauffement climatique existent. Les Mères au front ont présenté hier 101 idées pour y arriver. « Ces 101 idées ont été élaborées par des scientifiques et des citoyens », dit Anaïs Barbeau-Lavalette.
« Pour relancer l’économie, investissons dans une transition écologique équitable. Adoptons des mesures qui permettront de répondre aux besoins humains dans le respect des limites des écosystèmes. Donnons-nous les moyens de réduire la taille de notre empreinte écologique et de créer de la richesse sociale. Finançons le réaménagement de nos milieux de vie, l’agriculture biologique régénératrice locale, la réduction du gaspillage (notamment alimentaire), l’économie circulaire, l’efficacité énergétique, le transport collectif, la rénovation et la construction écologiques, la production d’énergies renouvelables, l’économie sociale, et 101 autres idées pour une relance juste et verte », disait la comédienne Ève Gravel, qui a lu mercredi la déclaration du groupe, accompagnée d’un choeur de jeunes militants.
Pour Laure Waridel, l’amour des mères (et des pères) pour leurs enfants est une « arme de construction massive », qui peut pousser les autorités politiques au changement.
« Aujourd’hui, une quinzaine d’actions ont eu lieu », ainsi que des vigiles à travers le Québec, organisées par différents groupes de Mères au front, dit-elle. Ces actions vont du dépôt de dessins d’enfants en lien avec l’avenir climatique aux rencontres avec des députés de comtés pour sensibiliser les gouvernements à l’urgence d’agir.