Le Devoir

Un autre enseignant dénoncé sur les réseaux sociaux

-

Un professeur de l’école Henri-Bourassa, dans Montréal-Nord, a été filmé par ses élèves en train d’utiliser le mot en n à maintes reprises, déclenchan­t les passions sur les réseaux sociaux. Le centre de service scolaire de la Pointede-l’Île confirme avoir entrepris « des actions pour faire la lumière sur ces événements ».

Sur une publicatio­n Instagram, aimée plus de 1600 fois, on peut voir le professeur utiliser le mot en n alors qu’il donne son cours à distance. Il parle d’un monologue d’Yvon Deschamps, «Nigger black», et explique qu’à l’époque, le président de la Ligue des Noirs a voulu porter plainte et condamner le monologue. « Savez-vous ce qui est arrivé à ce cave [...] ? » demande-t-il aux élèves.

Le professeur explique qu’il utilise également le mot « sauvage » dans ses cours. Les vidéos sont coupées et il est donc impossible de saisir tout le contexte autour de ces propos. « Je suis à l’aise avec ce que je fais et je sais que les propos que je tiens en classe n’ont aucunement l’intention de blesser », ajoute-t-il, avant de demander s’il faudrait également arrêter de parler des camps de concentrat­ion « parce que c’est blessant et que ça a été dur pour eux ».

Le professeur n’accordera pas d’entrevues, précise le centre de service scolaire de la Pointe-de-l’Île.

Sur les réseaux sociaux, beaucoup se sont indignés devant ces propos et invitent les gens à faire part de leur mécontente­ment à l’école et au centre de service de la Pointe-de-l’Île. « Ils sont au courant que leur école est composée de plusieurs étudiants racisés, peut-on lire en anglais dans la publicatio­n originale. Ces mots portent un poids. Votre population étudiante fait encore aujourd’hui face au racisme, [à] des micro-agressions quotidienn­es et à une variété de déclencheu­rs. »

« Les écoles ont besoin d’avoir les meilleurs standards, particuliè­rement lorsqu’il est question des professeur­s. C’est la responsabi­lité de l’école de s’assurer que les étudiants se sentent confortabl­es et en sécurité dans leur environnem­ent d’apprentiss­age, particuliè­rement à ce jeune âge », ajoute l’auteur de la publicatio­n, Marlyne Désia.

Ce n’est pas elle qui a filmé le professeur, mais elle a fait le relais après avoir obtenu les vidéos par les jeunes qui fréquenten­t l’école, explique-t-elle en entrevue au Devoir. « Je ne m’attendais pas à ce que ce soit autant partagé, mais je suis contente, car plus il y a de gens qui sont au courant, moins on va pouvoir l’ignorer et j’espère que de vraies actions seront posées. »

Faire la lumière

Contacté par Le Devoir, le centre de services scolaire de la Pointe-de-l’Île a refusé d’accorder une entrevue sur le sujet, mais répond par courriel qu’il suit ce dossier de près. « Nous prenons la situation au sérieux et des actions ont été entreprise­s afin de faire la lumière sur ces événements, qui surviennen­t dans un contexte particuliè­rement délicat », répond Valérie Biron, responsabl­e des communicat­ions au centre de service scolaire. « Les actions entreprise­s […] relèvent actuelleme­nt des ressources humaines et sont confidenti­elles », précise-t-elle.

« L’inclusion, l’équité et la bienveilla­nce sont au coeur de la mission éducative du CSSPI et aucune forme de discrimina­tion ne saurait être tolérée dans nos établissem­ents », ajoute Mme Biron.

Syndicat

De son côté, Sylvain Mallette, le président de la Fédération autonome de l’enseigneme­nt (FAE), syndicat qui représente les enseignant­s dans cet établissem­ent scolaire, lance un appel au calme. « La rapidité avec laquelle les informatio­ns circulent sur les médias sociaux, ça a valeur de procès, dit-il. Je pense qu’il faut qu’on se calme et qu’on regarde les choses calmement et sereinemen­t. »

Enseignant d’histoire lui-même, il estime, en écoutant les capsules éditées diffusées sur les médias sociaux, que le professeur tentait de faire un débat sur l’utilisatio­n de certains mots. « Je m’étonne de voir que le professeur a été enregistré à son insu », dit-il, affirmant que l’élève aurait pu exprimer son malaise directemen­t au professeur plutôt que de passer par les réseaux sociaux.

« Ce n’est pas en tentant de faire des procès d’intention et en jetant certains individus à la vindicte populaire qu’on va se donner un climat dans lequel on va pouvoir échanger. J’espère juste que ça ne se mettra pas à déraper et qu’on va accepter de pouvoir utiliser des mots pour être capable de faire des débats et échanger sur l’histoire humaine. »

 ?? PAUL CHIASSON LA PRESSE CANADIENNE ??
PAUL CHIASSON LA PRESSE CANADIENNE

Newspapers in French

Newspapers from Canada