Le Devoir

Des équipes d’interventi­on tactique dans six CHSLD

- MARIE-MICHÈLE SIOUI MARIE-EVE COUSINEAU LE DEVOIR

Le coronaviru­s s’est désormais infiltré dans 109 lieux d’hébergemen­t et la « situation critique » dans six CHSLD a justifié l’envoi par Québec, jeudi, d’équipes d’interventi­on devant « contrôler et éliminer la contagion ».

En matinée, le cabinet du ministre de la Santé, Christian Dubé, a annoncé avoir envoyé des équipes « SWAT » dans quatre CHSLD. Or elles ont plutôt été dépêchées dans six établissem­ents, à savoir Fargy et Saint-Augustin (Capitale-Nationale), Isidore-Gauthier (Saguenay–Lac-Saint-Jean), CSSS Granit (Estrie), Ste-Croix et MarcelFerr­on (Montérégie-Centre), a-t-on confirmé en soirée.

Selon les chiffres du gouverneme­nt, plus du quart des résidents sont atteints de la COVID-19 dans ces CHSLD, à l’exception du centre Marcel-Ferron (21 %). Au total, 39 CHSLD et 70 résidences privées pour aînés sont aux prises avec au moins un cas de COVID-19.

Les équipes qui y ont été dépêchées ne remplacent pas le personnel offrant des soins et des services. Elles servent plutôt à trouver les failles ayant mené à des éclosions et à créer un plan de match pour les éviter dans l’avenir.

En annonçant l’envoi des équipes, le cabinet Dubé a fait savoir qu’il « n’a pas été satisfait de l’étendue [des] réponses » qu’il a obtenues de la part des CHSLD où des éclosions ont eu lieu.

Trop tard

Selon le Dr Quoc Nguyen, gériatre et épidémiolo­giste au CHUM, la réaction de Québec est venue trop tard : elle aurait dû survenir dès l’apparition des premiers cas. « Malheureus­ement, avec cette maladie-là, avec une transmissi­on asymptomat­ique, particuliè­rement rapide en CHSLD, quand on est au rouge, il est souvent très tard. La maladie a déjà fait le plus gros de ses dommages », a-t-il dit au Devoir.

Le médecin croit que les CHSLD qui s’en sont le mieux tirés lors de la première vague sont « probableme­nt les plus vulnérable­s […] parce qu’ils n’ont pas nécessaire­ment eu l’apprentiss­age expérienti­el ». « Il n’y a rien de mieux que de vivre [une éclosion majeure] pour savoir ce qu’il faut faire » après, a-t-il déclaré.

Les représenta­nts syndicaux d’employés du CHSLD Ste-Croix, où 30 % des résidents ont la COVID-19, ont dit chercher par quels moyens le virus avait pu se faufiler. Épargné lors de la première vague, le centre compte aujourd’hui plus de 60 résidents ayant contracté le coronaviru­s depuis le début de la seconde vague, a noté Jean Mercier, président du syndicat des travailleu­rs du CISSS Montérégie-Centre CSN. Malgré les mesures en place, le président du Syndicat des profession­nelles en soins de Montérégie-Centre (FIQ), Denis Grondin, a souligné que « le moral des troupes est difficile ». Les équipes, déjà éprouvées lors de la première vague, sont « très fatiguées ».

Le président et directeur général de l’Associatio­n québécoise des résidences privées pour aînés, Yves Desjardins, s’est quant à lui dit fort préoccupé par la situation dans les RPA. « Le nombre de cas a doublé en une semaine », a-t-il fait remarquer.

Il a dit souhaiter que Québec revoie « la notion de proche aidant » afin de limiter le nombre de visiteurs dans les résidences. « Des gens, qui viennent voir des aînés une fois par année, se présentent comme proche aidant, a-t-il dit. On va proposer au gouverneme­nt qu’on identifie un ou deux proches aidants. »

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