Le Devoir

Les agriculteu­rs québécois seront indemnisés pour leur virage vert

- III AGRICULTUR­E DURABLE MYLÈNE CRÊTE CORRESPOND­ANTE PARLEMENTA­IRE À QUÉBEC

La réduction de l’usage des pesticides au Québec passera par une rétributio­n des agriculteu­rs qui adoptent de meilleures pratiques. C’est ce que prévoit le ministre André Lamontagne dans son Plan d’agricultur­e durable 2020-2030 dévoilé jeudi.

« On leur dit : prenez des risques de plus, puis on va être là pour vous aider ; donc, c’est certaineme­nt une matière à les inciter à adopter des pratiques qui vont au-delà du cadre réglementa­ire », a résumé le ministre de l’Agricultur­e en conférence de presse.

Il espère ainsi réduire la quantité de pesticides de synthèse vendus de 500 tonnes en dix ans. Des 125 millions de dollars accordés à la mise en oeuvre du plan pour ses cinq premières années, 70 millions serviront d’incitatifs. Lesquels ? Ils n’ont pas encore été déterminés, a admis M. Lamontagne. Il reviendra au Centre d’étude des coûts de production agricole de le faire. Ces incitatifs seront ensuite testés en 2021 dans le cadre d’un projet-pilote pour vérifier leur efficacité, puis appliqués en 2022.

Le Plan d’agricultur­e durable 2020-2030 se veut une réponse à la commission sur les pesticides qui avait fait grand bruit en 2019. Cette commission parlementa­ire faisait suite au congédieme­nt de l’agronome Louis Robert en début d’année pour avoir transmis un document confidenti­el à des journalist­es et avoir contrevenu à ses obligation­s de discrétion. Il avait dénoncé ce qu’il considère comme de l’ingérence des compagnies du secteur privé dans la recherche financée par le gouverneme­nt sur l’utilisatio­n des pesticides. Il a pu réintégrer son poste depuis.

On leur dit : prenez des risques de plus, puis on va être là »

pour vous aider ANDRÉ LAMONTAGNE

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Le plan du ministre Lamontagne alloue 30 millions de dollars pour établir un partenaria­t de recherche qui sera sous la responsabi­lité du Fonds de recherche du Québec et du scientifiq­ue en chef, Rémi Quirion. Les 25 millions de dollars restants seront consacrés à la formation continue en agroenviro­nnement et au transfert des connaissan­ces. Ces mesures sont accompagné­es d’une nouvelle Politique sur la conduite responsabl­e en recherche destinée aux centres financés par le ministère de l’Agricultur­e comme le Centre de recherche sur les grains (CEROM) qui s’était retrouvé au coeur de la controvers­e. Le ministère a également déployé 75 agronomes et ingénieurs agricoles sur le terrain.

La Loi sur les agronomes sera également révisée pour mieux encadrer « l’indépendan­ce et [de] la rémunérati­on des agronomes » et assurer une « meilleure traçabilit­é » de leurs actes. Le ministre Lamontagne a souligné à plusieurs reprises que cette loi date de l’époque de la Seconde Guerre mondiale.

Son plan a été salué à la fois par Équiterre et par l’Union des producteur­s agricoles (UPA) qui ont participé à la conférence de presse. « L’heure est venue d’agir de manière décisive et le gouverneme­nt semble l’avoir compris », a affirmé la directrice générale d’Équiterre, Colleen Thorpe. L’organisme promet de suivre la mise en oeuvre du plan.

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