Le meurtrier de Samuel Paty aurait été en contact avec un djihadiste en Syrie
L’assassin du professeur français tué pour avoir montré des caricatures de Mahomet à ses élèves était en contact avec un djihadiste russophone en Syrie avant son acte, a-t-on appris jeudi.
L’identité de ce djihadiste n’a pas été établie à ce stade, a indiqué une source proche du dossier.
Selon le journal Le Parisien, cette personne localisée grâce à son adresse informatique IP serait basée à Idleb. Ultime grand bastion djihadiste et rebelle dans le nord-ouest de la Syrie, la province d’Idleb est tenue par les djihadistes de Hayat Tahrir al-Cham, ancienne branche syrienne d’Al-Qaïda.
Samuel Paty, enseignant de 47 ans à Conflans-Sainte-Honorine en région parisienne, a été décapité le 16 octobre par Abdoullakh Anzorov, un réfugié russe d’origine tchétchène de 18 ans, pour avoir montré des caricatures de Mahomet lors de deux cours début octobre sur la liberté d’expression.
L’assaillant avait revendiqué son geste dans un message audio en russe où il dit avoir « vengé le prophète » Mahomet. Il avait été abattu peu après par la police.
Lors de l’hommage national rendu à l’enseignant mercredi, Emmanuel Macron a réaffirmé que la France ne renoncerait ni à la liberté d’expression ni à la laïcité.
Mises en examen pour complicité
Du côté de l’enquête, sept personnes ont été mises en examen (inculpées), dont six pour « complicité d’assassinat terroriste ». Parmi eux, deux mineurs, âgés de 14 et 15 ans, sont poursuivis pour avoir désigné le professeur à l’assaillant à la sortie du collège en échange d’argent. Ils ont été laissés libres sous contrôle judiciaire.
Figure aussi un parent d’élève, Brahim Chnina, qui avait posté des vidéos appelant à la vindicte populaire contre l’enseignant. Quelques jours après la diffusion des vidéos, Samuel Paty était assassiné. Les enquêteurs s’intéressent également à des échanges téléphoniques entre ce parent d’élève et l’assaillant.
Brahim Chnina est accusé, comme le militant islamiste Abdelhakim Sefrioui également mis en examen, d’avoir « nommément désigné le professeur comme cible sur les réseaux sociaux ».
« Il y a des commanditaires qui sont derrière cet attentat et qui sont certainement ravis de voir que l’enquête se focalise sur des comparses périphériques, qui n’ont jamais voulu une telle horreur », a réagi auprès de l’AFP l’avocat de M. Sefrioui.
Deux amis de l’assaillant ont également été mis en examen ; un troisième proche est lui poursuivi pour « association de malfaiteurs terroriste en vue de commettre des crimes d’atteintes aux personnes ».
« Respecter les professeurs »
Ces derniers jours, de nombreux professeurs ont dénoncé leurs difficultés à enseigner, notamment sur les questions de laïcité.
Selon un sondage Ifop publié jeudi, près de huit Français sur dix trouvent « justifié » que les professeurs utilisent des caricatures moquant les religions dans leur cours sur la liberté d’expression.
« Le sursaut national doit nous conduire à considérer que le professeur est central dans notre société et que chacun d’entre nous dans notre vie de parent d’élève, de citoyen, doit respecter les professeurs », a affirmé le ministre de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer.
« Une quinzaine d’enquêtes » pour des faits d’« apologie du terrorisme », de « menaces de mort » ou de « provocation » au crime ont été ouvertes depuis l’assassinat du professeur, selon le parquet de Paris.