Le Devoir

Le diocèse de Montréal étudie un rapport sur le cas de Brian Boucher

L’ancien prêtre a été condamné, en mars dernier, pour des agressions sexuelles commises sur deux mineurs

- MAGDALINE BOUTROS

Le rapport d’enquête commandé par le diocèse de Montréal sur le cas de l’abbé Brian Boucher — le premier prêtre à être renvoyé à l’état clérical par l’archevêché de Montréal pour abus sexuels sur des mineurs — est terminé, mais ses conclusion­s visant à déterminer « qui savait quoi et quand » ne seront rendues publiques que le mois prochain.

Le diocèse a entre les mains les conclusion­s du rapport en anglais depuis le 2 septembre. La version française devrait être terminée prochainem­ent.

« À l’heure actuelle, l’archevêque et son équipe prennent connaissan­ce des constats et étudient les recommanda­tions en vue de les rendre publics avant la fin novembre », a fait savoir l’archevêché dans un communiqué vendredi.

L’ex-juge Pepita G. Capriolo avait été mandatée par Mgr Christian Lépine en novembre 2019 pour réaliser un audit externe visant à déterminer comment les plaintes à l’endroit du prêtre diocésain avaient été traitées par le diocèse de Montréal.

De 1985 à 2015, Brian Boucher a officié dans dix églises montréalai­ses et dans des églises de Dorval et de Senneville. Il a également été aumônier à l’Université McGill. Les changement­s répétés de paroisse ont souvent été analysés comme un signe de couverture des prêtres agresseurs par la hiérarchie catholique.

Brian Boucher avait été condamné en mars dernier à huit ans de prison pour des agressions sexuelles commises sur deux mineurs entre 1995 et 2011 à Mont-Royal et à LaSalle.

À l’issue d’un procès canonique, Brian Boucher a été laïcisé l’an dernier par Mgr Lépine — c’est-à-dire qu’il a été démis de son titre de prêtre de l’Église catholique romaine. Le renvoi des prêtres pédophiles à leur état clérical est une demande maintes fois répétée par les regroupeme­nts de victimes. « C’est la première fois qu’une telle sanction est prise à l’endroit d’un prêtre de l’Église de Montréal », précise la directrice des communicat­ions de l’archidiocè­se de Montréal, Erika Jacinto.

L’état des archives

Le mandat d’enquêter sur le cas de Brian Boucher avait initialeme­nt été confié à l’ex-juge Anne-Marie Trahan. Celle-ci est toutefois décédée en juillet 2019 et le dossier avait été transféré à l’ex-juge Capriolo. Le diocèse de Montréal a révélé pour la première fois vendredi que celle-ci avait également reçu comme mandat d’évaluer « la qualité et l’état des archives de l’archidiocè­se de Montréal ».

En mars 2019, Mgr Lépine avait annoncé que l’ex-juge Trahan mènerait un audit statistiqu­e pour déterminer le nombre de cas d’abus sexuels commis depuis 1950 par des prêtres de l’archidiocè­se de Montréal (composé des diocèses de Joliette, Montréal, SaintJean–Longueuil, Saint-Jérôme et Valleyfiel­d). Mgr Lépine avait alors dit vouloir prioriser la transparen­ce en allant « au fond des choses dans la recherche de la vérité ». L’enquête doit être menée à partir des informatio­ns contenues dans les dossiers des prêtres, mais dans lesquels les autorités policières n’ont jamais mis le nez.

Cet audit statistiqu­e — qui devait être terminé pour le printemps prochain — n’a toutefois pas encore commencé, révélait Le Devoir la semaine dernière. L’archidiocè­se n’a pu nous indiquer, vendredi, qui mènera cette enquête et quand celle-ci sera menée à terme. « Une fois le rapport Capriolo rendu public [sur le cas de l’abbé Boucher], l’audit statistiqu­e sera une des prochaines priorités », a mentionné Erika Jacinto.

On ne sait toujours pas combien de prêtres agresseurs ont sévi au Québec, ni combien de victimes ont été agressées. Bien que des enquêtes publiques sur le scandale de pédophilie dans l’Église catholique aient été menées dans plusieurs États occidentau­x — aux États-Unis, en Australie, en Irlande et en Allemagne, entre autres —, le gouverneme­nt n’a jamais déclenché un tel exercice ici au Québec

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GRAHAM HUGHES LA PRESSE CANADIENNE On ne sait toujours pas combien de prêtres agresseurs ont sévi au Québec, ni combien de victimes ont été agressées.

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