Le Devoir

Québec appelle les employeurs à baliser le télétravai­l

- LIA LÉVESQUE LA PRESSE CANADIENNE

À la suite d’un avis en ce sens qui lui a été adressé par un comité, le ministre du Travail, Jean Boulet, recommande aux employeurs de se doter d’une politique sur le télétravai­l afin d’en baliser les modalités et de clarifier certains aspects pour tous.

C’est le Comité consultati­f du travail et de la main-d’oeuvre — CCTM, une importante instance dans le monde du travail, qui regroupe les associatio­ns patronales et syndicales — qui vient de présenter au ministre son « Avis sur le télétravai­l ».

Cette nouvelle réalité, rendue omniprésen­te par la pandémie de coronaviru­s, a bouleversé les milieux de travail. Plusieurs questions se sont alors posées : responsabi­lités en cas d’accident du travail, défi de sécurité informatiq­ue, paiement de certaines dépenses reliées au travail, droit à la déconnexio­n, etc.

Le comité consultati­f conclut effectivem­ent que le cadre juridique actuel s’applique en cas de télétravai­l, notamment la Loi sur les normes du travail (qui précise les congés, absences, heures supplément­aires), ainsi que la Loi sur la santé et la sécurité du travail et la Loi sur les accidents de travail et les maladies profession­nelles.

De même, le CCTM « juge utile » que les milieux de travail balisent les modalités du télétravai­l, soit par une politique, soit par une entente-cadre.

Cette politique pourrait, par exemple, aborder les attentes en matière de productivi­té, les exigences de présence dans les locaux de l’employeur, le mode d’évaluation des employés, l’accès au soutien technique, les frais à la charge de chaque partie, les normes d’entreposag­e des données confidenti­elles, les limites à la disponibil­ité des employés quant aux communicat­ions électroniq­ues en dehors des heures de travail.

« Essentiel », dit Boulet

Interrogé à ce sujet, le ministre du Travail et de l’Emploi a été clair : il ne privilégie pas de rester dans le flou, dans le non-écrit en matière de télétravai­l. « Moi, je vais faire une recommanda­tion forte qu’il y ait des politiques sur le télétravai­l adoptées par les employeurs. Et c’est, selon moi, essentiel pour que ça puisse se faire de manière ordonnée. C’est certaineme­nt une forte recommanda­tion de ma part », a affirmé le ministre Boulet.

Il ne croit pas qu’il soit possible ni souhaitabl­e d’adopter une politique générale qui s’applique à toutes les entreprise­s. « Il faut s’adapter à la réalité de chaque milieu. »

Selon l’Avis sur le télétravai­l, « au Québec, 40 % de la population active,

Selon l’Avis sur le télétravai­l, « au Québec, 40 % de la population active, qui totalisait 4,4 millions de personnes en mai, a été mise en télétravai­l au début de la pandémie »

qui totalisait 4,4 millions de personnes en mai, a été mise en télétravai­l au début de la pandémie ».

Le ministre Boulet a aussi demandé à la CNESST (Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail) de lui préparer un guide pour accompagne­r les entreprise­s qui souhaitent développer une politique de télétravai­l. Il espère l’obtenir d’ici deux à trois semaines.

Selon une étude en cours à l’Université de Montréal, sur 13 000 personnes en télétravai­l dans quatre pays, dont 3500 au Québec, « un travailleu­r sur deux se disait prêt à abandonner pour toujours sa place au bureau, si on lui donnait le choix après la pandémie ».

La même étude révélait « qu’un peu moins du tiers affirme préférer un horaire de 9 à 5 sur les lieux physiques ». Quelque 20 % des personnes qui ont répondu se disaient indécises.

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