1 La veille
Lucien Bouchard. En 1995, chef du Bloc Québécois, l’opposition officielle à Ottawa. Désigné négociateur en chef du Québec pour l’après-référendum, il est le leader effectif de la campagne du Oui. Premier ministre du Québec de 1996 à 2001.
« On a fini cette campagne en crescendo, dans une sorte de paroxysme. À Bonaventure, aux Îles-de-la-Madeleine, c’était des foules incroyables partout. »
« Le dimanche, on a eu une assemblée sur la Rive-Sud, dans la région de Montréal. C’était la première fois qu’on [Jacques Parizeau et lui] était sur la même scène depuis qu’il m’avait nommé négociateur en chef. Après le rassemblement, Jean Royer [chef de cabinet de M. Parizeau] m’avait tiré par la manche : “M. Bouchard, on vient de recevoir les derniers sondages : on est à 52-53 %.” Ça voulait dire une victoire… Les sondages de Michel Lepage, c’était du solide. Il n’y avait pas de complaisance pour encourager qui que ce soit. Jusque-là, j’avais été dubitatif. Mais le dimanche soir, je me disais que c’était probable… »
John Parisella. En 1995, membre du comité de coordination et d’organisation du camp du Non. Ancien chef de cabinet du premier ministre Robert Bourassa et délégué général du Québec à New York.
« Aux élections de 1994, on [les libéraux de Daniel Johnson] avait le sentiment d’avoir gagné la campagne, mais on était prêts à perdre le vote. On le savait, mais on était fiers de notre campagne. Au référendum, c’était l’inverse. On était partis avec 10 points d’avance, et c’était presque à égalité à la veille du vote. Alors, on se disait qu’on n’avait pas gagné la campagne, mais qu’on allait gagner le référendum. C’est cet esprit qui nous animait à la fin. »
Liza Frulla. En 1995, députée libérale et vice-présidente du comité du Non. Elle était auparavant ministre de la Culture.
« J’avais eu un appel téléphonique à minuit le dimanche, d’une amie dans le camp du Oui — Francine Joli-Coeur. Elle m’a dit : “J’ai un message. Si jamais le Oui gagne, vas-tu être des nôtres pour la transition ?” Parce que j’étais identifiée comme une nationaliste chez les libéraux. Mais c’est là que j’ai compris que c’était très sérieux. Beaucoup plus sérieux que je l’avais pensé. »