Biologie à la carte
Plongée en zones troubles au royaume des biohackers américains
Le posthumain n’a jamais paru plus proche avec l’émergence des biohackers, ces pirates qui pratiquent ce que l’Office québécois de la langue française appelle la bio-informatique libre. Le déroutant Citizen Bio de Trish Dolman ouvre une brèche sur cet univers souterrain qui tantôt se pare d’élans communautaires désintéressés, avec ses laboratoires participatifs et sa science ouverte, tantôt effraie, avec ses manipulations génétiques conduites en amateur en dehors des cadres éthiques habituels.
Le pirate biologique Aaron Traywick est au centre de ce documentaire rythmé qui donne la parole à quatre des biohackers parmi les plus influents aux États-Unis. Électron libre dans ce milieu qui cherche à prolonger la vie et à éradiquer la maladie, Aaron Traywick a connu une ascension fulgurante avant d’être retrouvé mort, à 28 ans, dans des circonstances nébuleuses. Son combat difficile, tantôt hargneux, tantôt euphorique, contre la science institutionnelle et les pharmaceutiques pour ramener le savoir vers l’individu s’avère une démonstration éloquente des écueils qui guettent quiconque choisit cette approche.
Ce documentaire de Showtime ne cache pas son penchant pour le versant éclairé de la bio-informatique libre, y voyant l’expression d’une vision d’avenir qui ne saurait tarder à advenir. Présentant ses porteurs de ballon comme des pionniers, il rêve avec eux d’affranchissement par des sciences du vivant rendues accessibles à tous. Paradoxalement, cet angélisme fait bien davantage trembler que ses critiques un peu molles des errances mégalomaniaques qui les guettent.
Citizen Bio
Crave, le vendredi 30 octobre, 21 h