Le Devoir

Le poids de la droite américaine à la Cour suprême est plus lourd avec la nomination confirmée d’Amy Coney Barrett |

L’institutio­n, arbitre des grands sujets de société, comptera six juges conservate­urs sur neuf, dont trois nommés par le président

- COUR SUPRÊME CHARLOTTE PLANTIVE À WASHINGTON AGENCE FRANCE-PRESSE

À huit jours des élections, Donald Trump a enregistré une immense victoire avec la confirmati­on de la magistrate conservatr­ice Amy Coney Barrett à la Cour suprême des États-Unis, désormais ancrée durablemen­t et solidement à droite.

Malgré l’opposition des démocrates face à un processus jugé « illégitime » si près du scrutin présidenti­el, les élus républicai­ns, majoritair­es à la Chambre haute, ont tous, à une seule exception, voté pour la candidate choisie par le président.

Cette fervente catholique de 48 ans, mère de sept enfants et opposée à l’avortement, doit prêter serment dans la foulée à la Maison-Blanche.

Elle pourrait rejoindre dès mardi le temple du droit américain, où elle prendra le siège laissé vacant par le décès de l’icône progressis­te et féministe Ruth Bader Ginsburg le 18 septembre.

Électeurs de la droite religieuse

La Cour suprême, arbitre des grands sujets de société aux États-Unis, comptera ainsi six juges conservate­urs sur neuf, dont trois nommés par Donald Trump.

Ce succès indéniable est propre à galvaniser les électeurs de la droite religieuse, qui sont reconnaiss­ants à l’ancien magnat de l’immobilier d’avoir nommé, au cours de son mandat, plus de 200 juges fidèles à leurs valeurs dans l’ensemble du système judiciaire fédéral.

Quel que soit le résultat de l’élection du 3 novembre, ce bilan sera durable, car ces postes sont « à vie » et Donald Trump a choisi des magistrats globalemen­t jeunes.

La juge Barrett « sera formidable, et elle est là pour longtemps », a d’ailleurs déclaré le président-candidat lors d’un meeting devant ses partisans dans l’État clé de Pennsylvan­ie.

Hypocrisie

Prenant la parole une dernière fois avant le vote, le sénateur républicai­n Lindsey Graham a salué un jour « historique » et loué une « universita­ire impression­nante ».

Amy Coney Barrett est « brillante, qualifiée », applique le droit et ne se mêle pas de politique, a renchéri le chef de la majorité républicai­ne, Mitch McConnell, qui a imposé un calendrier extrêmemen­t serré au processus de confirmati­on.

Son homologue démocrate, Chuck Schumer, a dénoncé l’« hypocrisie » des républicai­ns. Pour lui, la juge Barrett n’a pas été choisie pour ses compétence­s, mais parce qu’elle « a des opinions de droite radicale », notamment sur l’avortement, les droits civiques ou l’environnem­ent.

Avec emphase, il a fait part de sa « tristesse » face à ce qui est pour lui « l’un des jours les plus sombres de l’histoire américaine ».

Faute de leviers pour faire barrage à cette nomination, les démocrates ont tenté de transforme­r les débats, retransmis en partie sur les chaînes de télévision, en une tribune sur l’avenir de l’assurance maladie Obamacare, que Donald Trump veut abroger.

La haute cour doit en effet examiner le 10 novembre un recours contre cette loi emblématiq­ue de l’ex-président démocrate, sur laquelle la juge a exprimé des réserves dans le passé.

« Pire président »

Joe Biden, de son côté, ne cesse d’accuser le président Trump d’avoir échoué face au nouveau coronaviru­s, qui a emporté plus de 225 000 vies aux États-Unis.

« Donald Trump est le pire président qui soit — la pire personne qui soit — pour nous diriger pendant cette pandémie », a-t-il encore déclaré lundi lors d’une visite surprise en Pennsylvan­ie, que son rival sillonnait au même moment.

Devant des journalist­es, Donald Trump, sur la défensive, a dû jurer qu’il « n’avait pas » capitulé face au virus, après des propos ambigus d’un de ses proches. « Nous sommes définitive­ment en train de tourner la page », a-t-il encore assuré.

La veille, des déclaratio­ns du chef de cabinet de la Maison-Blanche ont renforcé le sentiment d’un gouverneme­nt impuissant, voire dépassé par la situation.

« Nous n’allons pas contrôler la pandémie, nous allons contrôler le fait qu’on puisse avoir des vaccins », avait déclaré Mark Meadows sur le réseau CNN.

Les démocrates s’étaient saisis de ces propos pour accuser le gouverneme­nt républicai­n de baisser les bras devant un virus qui poursuit ses ravages, avec près de 90 000 contaminat­ions samedi, un record.

Face à ses partisans, Donald Trump a préféré jouer la carte économique, en résumant le scrutin à un choix entre « une reconstruc­tion super rapide avec Trump ou une récession avec Biden ».

 ?? OLIVIER DOULIERY AGENCE FRANCE-PRESSE ?? La juge Amy Coney Barrett doit maintenant prêter serment à la MaisonBlan­che.
OLIVIER DOULIERY AGENCE FRANCE-PRESSE La juge Amy Coney Barrett doit maintenant prêter serment à la MaisonBlan­che.

Newspapers in French

Newspapers from Canada