Le Devoir

Le DPCP n’ira pas en appel dans le dossier de Normandeau

- MARIE-MICHÈLE SIOUI CORRESPOND­ANTE PARLEMENTA­IRE À QUÉBEC

Dossier clos pour Nathalie Normandeau, Marc-Yvan Côté et leurs quatre coaccusés. Le Directeur des poursuites criminelle­s et pénales (DPCP) a annoncé lundi qu’il ne contestera­it pas en appel l’arrêt des procédures prononcé en leur faveur il y a un mois.

« Après une analyse approfondi­e », l’équipe de procureurs au dossier a conclu qu’elle ne serait « pas en mesure de faire [annuler le] jugement » prononcé le 25 septembre, et qui marquait la fin de la saga judiciaire impliquant Mme Normandeau depuis son arrestatio­n par l’UPAC, en 2016.

« Toujours en réflexion sur la poursuite », a immédiatem­ent déclaré l’exvice-première ministre. « Je suis heureuse de tourner la page. Compte tenu de la solidité du jugement [de première instance], c’était la décision à prendre. Le contraire aurait été abusif », a-t-elle écrit dans une courte déclaratio­n.

Dès l’annonce de l’arrêt des procédures la visant, Mme Normandeau n’avait pas exclu la possibilit­é de poursuivre l’État québécois, comme l’ont fait l’expremier ministre Jean Charest, le député Guy Ouellette et les ex-policiers Richard Despaties et Stéphane Bonhomme, tous dans des dossiers impliquant l’Unité permanente anticorrup­tion (UPAC).

L’interpréta­tion du DPCP rejetée

Pour expliquer sa décision, le DPCP a rappelé dans un communiqué de presse avoir insisté sur le caractère « imprévisib­le » des délais dans cette affaire. Or le juge André Perreault, de la Cour du Québec, n’a pas retenu cette interpréta­tion lorsqu’il a ordonné la fin des procédures. « Il a estimé que le caractère déraisonna­ble du délai était attribuabl­e à une inconduite policière reliée à des fuites dans l’espace public » et que ce délai « devait être imputé à l’État dans son ensemble », a écrit le DPCP.

Puisque le jugement de première instance repose « essentiell­ement sur l’appréciati­on de la preuve » et « compte tenu des règles de droit qui encadrent les pouvoirs d’interventi­on de la Cour d’appel à l’égard de questions factuelles, le DPCP considère qu’il ne sera pas en mesure de faire [annuler] ce jugement » en appel, a-til ajouté. En conséquenc­e, Nathalie Normandeau, Marc-Yvan Côté, Mario W. Martel, France Michaud, Bruno Lortie et François Roussy se trouvent libérés, pour de bon, des accusation­s qui pesaient contre eux. Mme Normandeau était accusée d’abus de confiance, de souscripti­on frauduleus­e à une caisse électorale et d’actes de corruption dans les affaires municipale­s.

Dans la décision qu’il a rendue il y a un mois, le juge Perreault n’a pas écorché le DPCP autant qu’une entité dont le nom est caviardé, et qui aurait voulu tromper la poursuite et le magistrat.

« Le DPCP n’a pas été passif dans l’obtention des renseignem­ents pertinents. Il a même été assez proactif », a-t-il noté. « Il a toutefois été dupé par [partie caviardée], […] tout comme l’a été le soussigné [le juge] », a-t-il ajouté. Le juge a en outre qualifié une enquête de l’UPAC — le projet A — de « bidon ».

 ?? JACQUES BOISSINOT LA PRESSE CANADIENNE ?? L’ancienne vice-première ministre Nathalie Normandeau n’exclut toujours pas la possibilit­é de poursuivre l’État québécois.
JACQUES BOISSINOT LA PRESSE CANADIENNE L’ancienne vice-première ministre Nathalie Normandeau n’exclut toujours pas la possibilit­é de poursuivre l’État québécois.

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