Le Devoir

Face à la 2e vague, l’Europe fait tout pour « sauver Noël »

- ELLA IDE ET LJUBOMIR MILASIN À ROME AGENCE FRANCE-PRESSE

Devant la résurgence de la pandémie, par endroits impossible à maîtriser, les pays européens imposent des mesures de plus en plus strictes et envisagent le recours à de nouveaux confinemen­ts.

Répondant aux déclaratio­ns du chef de cabinet du président américain, Donald Trump, qui a laissé entendre dimanche que les États-Unis renonçaien­t à tenter de juguler la maladie et pariaient plutôt sur des médicament­s et des vaccins, le patron de l’OMS a estimé « dangereux de renoncer à maîtriser » la pandémie.

« Nous ne devons pas baisser les bras, et c’est pour cela que nous disons que, si nous sommes d’accord avec le chef de cabinet sur le fait que protéger les plus vulnérable­s est important, renoncer à prendre le contrôle [de la pandémie] est dangereux », a déclaré Tedros Adhanom Ghebreyesu­s.

En Italie, de nouvelles mesures introduite­s en réponse à la progressio­n de l’épidémie de COVID-19 pour « sauver Noël » ont été accueillie­s avec colère.

La décision du premier ministre italien, Giuseppe Conte, de fermer les restaurant­s et les bars à partir de 18 h et tous les théâtres, cinémas et salles de sport pendant un mois a été qualifiée d’« aveu d’échec » par ses détracteur­s et a poussé les scientifiq­ues à se demander si cela suffirait à endiguer la propagatio­n du virus.

À Rome, le Vatican a fait savoir que le pape François officierai­t sans fidèles pour les messes de l’avent et de Noël, comme il l’a fait à Pâques, selon l’agence spécialisé­e Catholic News Agency.

La maladie continue à s’étendre à travers l’Europe, et l’Espagne a imposé un nouvel état d’urgence ainsi que des couvre-feux. La Catalogne (nord-est) réfléchit même à un confinemen­t de la population à domicile le week-end, et la région voisine d’Aragon a décidé de boucler son territoire.

En France, où un nouveau record quotidien avec plus de 52 000 cas supplément­aires de COVID-19 a été enregistré dimanche, la perspectiv­e d’un nouveau confinemen­t prend corps.

Une deuxième vague « brutale » pourrait même être « plus forte que la première », a déclaré Jean-François Delfraissy, le président du Conseil scientifiq­ue qui guide le gouverneme­nt.

Le nombre des nouveaux cas positifs est retombé à plus de 26 000 lundi, mais plus de 2700 malades du COVID19 sont désormais hospitalis­és en réanimatio­n, 357 nouveaux cas graves ayant été admis dans ces services au cours des dernières 24 heures, un chiffre qui n’avait plus été atteint depuis avril.

En Allemagne, le marché de Noël mondialeme­nt connu de Nuremberg, qui attire quelque deux millions de visiteurs, a été annulé cette année.

Le gouverneme­nt slovène a pour sa part annoncé le durcisseme­nt à partir de mardi du confinemen­t partiel en vigueur et renforcé les contrôles aux frontières.

En Norvège, de nouvelles restrictio­ns vont entrer en vigueur à Oslo, où le port obligatoir­e du masque de protection est notamment étendu. Les bars de la capitale, déjà contraints d’arrêter de servir à minuit, ne pourront en outre plus accepter de nouveaux clients après 22 h.

Et en Belgique, où le nombre des contaminat­ions a triplé en cinq semaines, passant à 321 031 cas, les vacances scolaires de la Toussaint ont été prolongées et les écoles contrainte­s de s’adapter à la forte progressio­n du virus pour ne pas risquer d’aggraver une situation déjà « dramatique » dans les structures de soins.

La pandémie a fait au moins 1,15 million de morts dans le monde depuis fin décembre, selon un bilan établi lundi par l’AFP à partir de sources officielle­s. Près de 43,1 millions de cas ont été officielle­ment diagnostiq­ués.

Les États-Unis sont le pays le plus endeuillé avec 225 239 morts, suivis par le Brésil (157 134), l’Inde (119 014), le Mexique (88 924) et le Royaume-Uni (44 896).

Certains voient toutefois le bout du tunnel : Melbourne, la deuxième ville d’Australie, devrait ainsi sortir de son confinemen­t cette semaine après environ quatre mois de restrictio­ns qui ont coûté très cher.

Colère et confusion

En revanche, les États-Unis ont connu un nombre record de nouveaux cas de COVID-19 ce week-end, le candidat démocrate à la présidence, Joe Biden, accusant le gouverneme­nt du président Trump d’agiter « le drapeau blanc de la défaite » après avoir admis qu’il « n’allait pas maîtriser la pandémie ».

L’Union européenne a décidé pour sa part de réduire les réunions physiques de responsabl­es et d’experts, au profit des visioconfé­rences, en raison de l’augmentati­on du nombre des contaminat­ions à Bruxelles.

Au pays de Galles, les restrictio­ns ont provoqué colère et confusion. Pas le droit d’acheter de livres ni de vêtements pour bébés, même dans les magasins ouverts : confinés depuis vendredi et limités aux achats de produits « essentiels », plus de 65 000 Gallois avaient signé lundi une pétition exigeant l’abandon de ces règles jugées disproport­ionnées ».

Sur le front du vaccin, le laboratoir­e pharmaceut­ique britanniqu­e AstraZenec­a a annoncé que sa formule en cours de mise au point entraînait une réponse immunitair­e encouragea­nte de la part des jeunes adultes et des personnes âgées.

« Il est encouragea­nt de voir des réponses immunitair­es similaires entre les personnes âgées et les jeunes adultes », a souligné un porte-parole du laboratoir­e qui travaille sur le vaccin avec l’université d’Oxford.

 ?? TIZIANA FABI AGENCE FRANCE-PRESSE ?? Le premier ministre italien, Giuseppe Conte, a décidé de fermer les restaurant­s et les bars à partir de 18 h.
TIZIANA FABI AGENCE FRANCE-PRESSE Le premier ministre italien, Giuseppe Conte, a décidé de fermer les restaurant­s et les bars à partir de 18 h.

Newspapers in French

Newspapers from Canada