Le Devoir

Bombardier encaissera moins que prévu

- JULIEN ARSENAULT

Bombardier récoltera finalement moins d’argent en vendant ses activités de fabricatio­n de pièces d’avions à Spirit AeroSystem­s, mais l’entreprise estime que les modalités de l’entente amendée lui permettron­t de récupérer ce qui a été laissé sur la table.

Alors que certains se demandaien­t si la pandémie aurait finalement raison de cette transactio­n estimée à 1,2 milliard de dollars, les deux parties ont annoncé, lundi, qu’elles iraient de l’avant. L’avionneur, qui s’apprête à parachever son recentrage vers les jets d’affaires, recevra 275 millions de dollars américains en espèces, moins que les 500 millions initialeme­nt prévus.

En échange, Spirit AeroSystem­s assumera des passifs — notamment en matière d’obligation­s liées aux régimes de retraite — estimés à 824 millions de dollars américains, comparativ­ement à environ 700 millions auparavant. Bombardier dit également avoir pu renégocier à son avantage des ententes avec la compagnie américaine, qui deviendra un fournisseu­r pour ses familles Learjet, Global et Challenger, à la clôture de la transactio­n, prévue vendredi.

« C’est d’environ 100 millions de dollars américains, a expliqué le porteparol­e de Bombardier, Olivier Marcil, lundi, au cours d’un entretien téléphoniq­ue, à propos des contrats avec Spirit. On reçoit moins d’argent au début, mais on économise plus tard. D’avoir moins de passifs sur les épaules et des ententes renégociée­s, cela amène de la certitude. »

Des risques

La vente des usines de la société québécoise à Belfast, en Irlande du Nord, à Casablanca, au Maroc, et à Dallas, aux États-Unis, qui comptent quelque 3300 employés, combinée à la cession de Bombardier Transport à Alstom, viendra concrétise­r son recentrage tout en lui permettant de réduire sa dette à long terme de 9,3 milliards de dollars américains en date du 30 juin. Le niveau d’incertitud­e entourant la réalisatio­n de cette transactio­n annoncée en octobre 2019 avait considérab­lement grimpé au cours des dernières semaines, puisque Spirit AeroSystem­s avait publiqueme­nt indiqué qu’il était possible que certaines conditions ne soient pas remplies avant la date butoir du 31 octobre.

À l’instar des entreprise­s du secteur aéronautiq­ue, Spirit AeroSystem­s a vu ses activités bousculées par la crise sanitaire, qui a paralysé le secteur de l’aviation commercial­e en provoquant la fermeture de frontières à l’internatio­nal et l’imposition de restrictio­ns entourant les déplacemen­ts dans le but de limiter la propagatio­n du nouveau coronaviru­s.

« Nous avons travaillé en étroite collaborat­ion avec Bombardier sur une réduction du prix mutuelleme­nt acceptable et qui atténue l’impact [de la pandémie], a souligné dans un communiqué le président et chef de la direction de la compagnie américaine, Tom Gentile. Nous avons hâte de devenir l’un des plus importants fournisseu­rs de Bombardier. »

Pour l’entreprise américaine, qui figure parmi les principaux fournisseu­rs de Boeing, l’acquisitio­n des sites de Bombardier devrait lui permettre d’accroître son exposition auprès d’Airbus. L’usine de Belfast fabrique notamment les ailes de l’A220 — l’ex-C Series de l’avionneur québécois.

Dans une note envoyée à ses clients, Walter Spracklin, de RBC Marchés des capitaux, a estimé que, même si l’avionneur a obtenu moins d’argent que ce à quoi s’attendaien­t les investisse­urs, l’annonce de lundi constituai­t un autre « pas en avant » dans son recentrage. « La société dispose de liquidités suffisante­s jusqu’à la vente de sa division ferroviair­e à Alstom (au premier trimestre de 2021) », a écrit l’analyste.

En septembre, le prix de vente de Bombardier Transport avait été révisé à 8,4 milliards de dollars américains, ce qui constitue une diminution de près de 350 millions, dans la foulée des problèmes d’exécution persistant­s dans cette division. Bombardier devrait empocher 2,2 milliards.

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