Le Devoir

Tandis que la France s’apprête à durcir ses consignes sanitaires, l’exaspérati­on gagne l’Europe

- AGENCE FRANCE-PRESSE

La France et l’Allemagne se préparent à « durcir » leurs dispositif­s pour tenter d’endiguer la deuxième vague de la pandémie de coronaviru­s, emboîtant le pas à d’autres pays européens, comme l’Italie, où le mécontente­ment grandit relativeme­nt à des mesures de plus en plus restrictiv­es.

Le président Emmanuel Macron s’est adressé mercredi soir aux Français, qui sont 46 millions à être concernés par un couvre-feu, pour leur présenter un nouveau tour de vis dans la lutte contre l’épidémie de COVID-19, qui pourrait aller jusqu’à un reconfinem­ent national, mais moins strict que celui du printemps. C’est que la circulatio­n du virus est « hors de contrôle », a estimé l’infectiolo­gue Gilles Pialoux, appelant à « reconfiner le pays ».

Situation comparable en Allemagne, où plusieurs responsabl­es politiques plaidaient mardi eux aussi pour un renforceme­nt des mesures, à la veille d’une réunion de crise. « Il nous faut maintenant prendre des décisions rapidement et de façon déterminée afin de briser cette deuxième vague de contaminat­ions », a martelé le vicechance­lier allemand, Olaf Scholz.

Des discussion­s entre le gouverneme­nt d’Angela Merkel et les dirigeants régionaux, prévues pour vendredi à l’origine, ont à cet égard été avancées à mercredi. Selon les médias, la chancelièr­e préconise la fermeture des restaurant­s et des bars ainsi qu’une interdicti­on des rassemblem­ents publics, tandis que les écoles et les crèches resteraien­t ouvertes.

Les autres États de l’Union européenne sont sur une trajectoir­e identique, à l’exemple de la République tchèque, qui va imposer, de ce mercredi au 3 novembre un couvre-feu de 21 h à 4 h 59. Quant aux habitants du sud de la Suède, ils sont désormais invités à limiter les contacts et à éviter transports publics et lieux clos, ont annoncé mardi les autorités sanitaires.

Des Italiens excédés

En Italie, les rassemblem­ents de personnes excédées sont désormais quotidiens, des milliers d’entre elles étant même descendues dans la rue lundi soir, avec de violents incidents à Milan et à Turin, les deux grandes villes du nord de ce pays meurtri par la crise sanitaire au printemps.

En effet, certains n’y croient plus : dans la petite cité portuaire de Pesaro, non loin de San Marino, dans l’est du pays, la police est intervenue dans un restaurant dont le propriétai­re avait convié 90 personnes à dîner pour signifier son refus de se plier aux règles édictées. « Vous pouvez m’arrêter, je ne fermerai plus », a-t-il lâché.

Le gouverneme­nt a imposé un couvre-feu dans plusieurs grandes régions, la fermeture des bars et des restaurant­s à 18 h, ainsi que celle des salles de sport, de cinéma et de concert.

« La mèche allumée il y a trois jours piazza del Plebiscito, à Naples, a déjà réussi à propager le feu d’un bout à l’autre de l’Italie : Turin, Milan, Trieste, Lecce, Viareggio, Pescara, Catane, Crémone. L’Italie en révolte », a écrit mardi le quotidien La Repubblica.

Un mélange de personnes se qualifiant de « libres penseurs », de militants antivaccin­s, de conspirati­onnistes ou encore de sympathisa­nts d’extrême droite participen­t à ces actions. Tous s’insurgent contre la « dictature » que constituen­t selon eux les dispositif­s mis en place contre la propagatio­n du coronaviru­s SRAS-CoV-2.

En Espagne, toutefois, les manifestat­ions restent marginales et pacifiques depuis le début de la pandémie, malgré un des confinemen­ts les plus stricts du monde au printemps. Elles regroupent souvent quelques centaines de personnes, comme lundi soir à Barcelone contre le couvre-feu nocturne décrété dimanche sur tout le territoire espagnol à l’exception des îles Canaries.

De leur côté, exsangues après avoir lutté contre le coronaviru­s pendant plus de six mois, la grande majorité des médecins espagnols du service public ont entamé mardi une grève nationale, la première en 25 ans, pour réclamer plus de reconnaiss­ance.

Des manifestat­ions sporadique­s ont par ailleurs lieu en Autriche, au Portugal ou au Royaume-Uni.

Par ailleurs, les autorités russes ont, elles aussi, annoncé mardi un renforceme­nt de leur dispositif, avec l’obligation de porter un masque dans les lieux publics et des recommanda­tions visant à limiter la vie nocturne.

Dans le monde, la COVID-19 a fait près de 1,2 million de morts jusqu’ici pour plus de 43,5 millions de cas recensés. Les États-Unis déplorent à eux seuls plus de 225 000 morts pour près de neuf millions de cas.

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JOE GIDDENS ASSOCIATED PRESS Une mère et son fils traversant une rue de Nottingham, au Royaume-Uni, où la région sera frappée par une nouvelle série de mesures restrictiv­es.

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