Legault adopte la ligne dure
Les clients des centres sportifs qui enfreindront les règles seront aussi mis à l’amende
Le premier ministre François Legault adopte la ligne dure envers les contrevenants aux consignes visant à freiner la propagation de la COVID-19.
Les personnes qui fréquenteront des salles d’entraînement censées être fermées s’exposeront, tout comme leurs propriétaires, à des amendes, a-t-il notamment averti mardi, après avoir bombé le torse.
Le Conseil des ministres adoptera mercredi un décret prévoyant des peines pécuniaires « non seulement pour les propriétaires, mais les clients qui se présenteraient dans les gyms qui n’ont pas de droit d’être ouverts », a-t-il indiqué au lendemain du renouvellement des mesures restrictives en zone rouge pour 28 jours de plus, c’est-à-dire jusqu’au 23 novembre prochain.
Le gouvernement veut tuer dans l’oeuf le mouvement de contestation lancé par quelque 250 propriétaires de gym, de centres de yoga, d’établissements de danse, d’arts martiaux et de CrossFit. Ceux-ci menaçaient ces derniers jours de rouvrir les portes de leurs installations jeudi, et ce, en contravention des règles de la Santé publique.
M. Legault demeure convaincu que « la grande majorité des Québécois » comprennent la nécessité de maintenir
les salles à manger des restaurants et les salles d’entraînement fermées en raison des risques de contagion. « Partout dans le monde », les démocraties composent avec des « oppositions » aux mesures de distanciation sociale, a-t-il fait remarquer lors d’une mêlée de presse mardi après-midi. Le Québec n’y échappe pas.
À l’Assemblée nationale, les partis d’opposition ont pressé, une nouvelle fois, le gouvernement de faire preuve de plus de transparence et de plus de cohérence. La cohésion sociale en dépend. « Il faut à tout prix que le premier ministre se ressaisisse par rapport à la crise de la COVID-19. Il en va maintenant de la paix sociale au Québec », a déclaré la cheffe de l’opposition officielle, Dominique Anglade.
M. Legault s’est défendu en lançant : « Toute l’information qu’on a, on la donne. » Après avoir rappelé que « les suggestions sont toujours bienvenues », il a invité ses adversaires politiques à montrer un front uni dans la lutte contre la COVID-19 en « travaill[ant] tous ensemble, envoy[ant] un message clair à la population qu’il faut faire des efforts, que la situation est difficile ici comme partout ailleurs dans le monde, puis que si on veut passer au travers, il faut respecter les consignes ».
Le chef du gouvernement québécois a dit souhaiter voir les Québécois rencontrer des proches durant la période des Fêtes. « J’espère vraiment et je suis convaincu que dans 28 jours, nous ne pourrons peut-être pas faire de grandes fêtes pour Noël, mais pouvoir voir nos familles », a-t-il lancé.
Il demande à son homologue fédéral, Justin Trudeau, de renoncer à l’idée — si celle-ci lui a traversé l’esprit — de rouvrir la frontière canadienne au moins jusqu’à la fin de l’année. « Ce qui est important, c’est que M. Trudeau — qui veut gérer les CHSLD — […] s’assure de bien gérer, de mieux gérer les frontières », a-t-il déclaré en conférence de presse.
M. Legault s’offusque de voir le gouvernement fédéral chercher à s’ingérer dans les compétences des provinces avec des normes nationales régissant les services offerts dans les centres d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD). Il l’invite plutôt à garder les points d’entrée du Canada à l’oeil. « Au mois de mars, ça nous a fait très mal que M. Trudeau ne ferme pas plus rapidement les frontières. Il y a plein de gens qui sont rentrés au Québec avec le virus. Là, c’est très important que M. Trudeau garde les frontières fermées pour un bon bout de temps », a-t-il laissé tomber.
À Ottawa, le premier ministre Justin Trudeau a dit vouloir travailler de concert avec le Québec « pour assurer que les aînés sont protégés ».