Le Devoir

Pas de casier judiciaire pour Éric Lapointe

Le chanteur a obtenu une absolution conditionn­elle, mardi, dans une affaire de voies de fait

- JEANNE CORRIVEAU

Le chanteur rock Éric Lapointe, qui avait plaidé coupable il y a trois semaines à une accusation de voies de fait contre une femme, a obtenu une absolution conditionn­elle assortie d’une probation d’un an, mardi.

Le juge Steeve Larivière, de la Cour municipale, a ainsi entériné la peine suggérée par les deux parties. Le juge a souligné que cette peine apparaissa­it « raisonnabl­e » et non contraire à l’intérêt public. L’accusé a exprimé des remords qui apparaisse­nt sincères au tribunal et il a déjà entamé une psychothér­apie, a-t-il dit : « Il admet son problème de consommati­on et semble démontrer un intérêt à poursuivre les démarches afin de l’éradiquer. »

Sans antécédent­s judiciaire­s, Éric Lapointe aurait subi des « conséquenc­es importante­s » s’il avait eu un casier judiciaire, a ajouté le juge en rendant sa décision.

Le chanteur sera soumis à une ordonnance de probation d’un an avec certaines conditions à respecter, notamment de ne pas troubler l’ordre public et avoir une bonne conduite.

Éric Lapointe devra aussi s’abstenir de communique­r directemen­t ou indirectem­ent avec la victime ou de se trouver en sa présence à moins que celle-ci exprime son consenteme­nt. Il devra aussi poursuivre son cheminemen­t thérapeuti­que avec la psychosoci­ologue aussi souvent que cette dernière le jugera nécessaire.

S’il devait briser les conditions qui lui sont imposées ou qu’une autre infraction de nature criminelle était commise, le tribunal pourrait annuler l’absolution et imposer toute peine qu’il considère adéquate, a prévenu le juge Larivière.

Des remords

Le 7 octobre dernier, Éric Lapointe avait plaidé coupable à une accusation de voies de fait contre une femme qui ne peut être identifiée en raison d’une ordonnance du tribunal. « Je regrette sincèremen­t le geste que j’ai posé et je sais pertinemme­nt que l’état d’intoxicati­on dans lequel je me trouvais n’excuse en rien mon comporteme­nt », avait déclaré l’homme de 51 ans lors de sa comparutio­n.

Les événements en cause sont survenus en septembre 2019, au lendemain de sa soirée d’anniversai­re. Le chanteur était rentré chez lui avec une amie, alors qu’une autre femme se trouvait déjà au domicile. Vers 6 h 45, il était encore intoxiqué quand la femme l’avait trouvé assis seul dans sa cuisine. Après qu’une dispute eut éclaté, le chanteur avait posé sa main sur le cou de la victime et l’avait adossée au garde-manger.

Lors de l’audience, l’avocat du chanteur, Me Jacklin Turcot, avait fait valoir qu’à l’arrivée des policiers, la victime n’avait pas de blessure physique apparente et que M. Lapointe avait collaboré avec les policiers. Le chanteur a aussi versé 3000 $ à un organisme de femmes victimes de violence.

Les deux parties avaient suggéré qu’une absolution conditionn­elle, avec une probation d’un an, lui soit accordée.

Éric Lapointe et son avocat n’ont pas fait de commentair­es à la sortie de la salle d’audience mardi, pas plus que l’avocate de la Couronne, Me Christine Plourde.

« Je suis un peu sous le choc. [La sentence] représente peu l’acte commis », a commenté Chantal Arseneault, présidente du Regroupeme­nt des maisons pour femmes victimes de violence conjugale. Prendre quelqu’un par le cou n’est pas anodin et peut entraîner des blessures graves, a-t-elle signalé. Selon elle, cette décision du juge n’est pas de nature à inciter les femmes victimes de violence conjugale à avoir confiance envers le système de justice.

« C’est une personnali­té publique et ce jugement va porter beaucoup dans le public, a-t-elle déploré. Mon problème avec l’absolution conditionn­elle, c’est que dans un an, il n’aura pas de dossier criminel. »

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