Que voulons-nous pour nos aînés ?
Le privé ne peut tout simplement pas nous permettre d’offrir des services adéquats et accessibles à nos aînés.
La pandémie a fait ressortir plusieurs enjeux concernant les services offerts dans les CHSLD ; le mécontentement de la population est général. Deux éléments culminants en découlent : les services offerts ne répondent tout simplement pas aux besoins de nos aînés et les effets de la privatisation associés à ce service essentiel sont remarquablement négatifs.
Pour comprendre ces enjeux, il est intéressant ici d’évoquer la pensée de Jürgen Habermas, un philosophe allemand du XXe siècle. En dissertant sur la relative autonomie entre sphère publique et sphère privée, Habermas affirme la supériorité de la sphère publique sur la sphère privée en se basant sur la thèse suivante : la liberté collective est garante de notre liberté individuelle. C’est un principe que nous avons laissé de côté dans ces débats. Les enjeux discutés plus tôt se rapportent à la réalité vécue par plusieurs familles, particulièrement lors des derniers mois. Au départ, elles exprimaient chacune leurs craintes concernant leurs proches. L’accumulation de ces témoignages a permis d’entamer un dialogue avec le gouvernement en rapport avec les problèmes évoqués. Voilà ce qu’Habermas propose : certains aspects de la sphère privée nécessitent d’être discutés publiquement afin d’apporter des solutions concrètes qui profitent à tous les individus.
Les effectifs publics ne peuvent supporter la demande croissante de places en CHSLD. La population paye des impôts en échange d’une couverture de certains frais de santé, mais se retrouve à débourser des frais supplémentaires pour être placée dans des institutions privées. C’est pourquoi ceux qui sont touchés par le manque d’accès aux services publics demandent des subventions gouvernementales afin de réduire leur facture au privé. Or, la pandémie nous a démontré que c’est un enjeu qu’il faut prendre au sérieux et c’est pourquoi le gouvernement doit investir dans un secteur public durable, car donner des subventions aux résidents du privé consiste à transférer l’argent des fonds publics à des entreprises privées. Où est la logique dans tout ça ?
Les frais des résidents du public sont établis en fonction de leurs économies et des revenus familiaux afin de promouvoir l’équité au sein de la population. Alors que plusieurs familles se retrouvent à payer des frais qui montent jusqu’à 8000 $ par mois pour placer leurs proches dans des institutions privées, des événements terrifiants tels que les conditions insalubres et le manque d’hygiène observés au centre Herron se produisent. Le gouvernement est dans l’incapacité d’expliquer concrètement à la population ces tragédies. C’est le résultat de la privatisation des CHSLD, notamment entamée par le gouvernement libéral, qui a entraîné une perte de contrôle sur le réseau.
Le conflit de valeur avec le privé s’explique par l’objectif principal de ces entreprises : faire du profit. Cette aspiration n’a définitivement pas sa place lorsqu’on parle de prendre soin des personnes qu’on aime. Il n’est pas logique que dans une société comme le Québec, qui prône l’accessibilité au système de santé, les aînés se retrouvent laissés à eux-mêmes dans des conditions de vie médiocres, et ce, à des coûts exorbitants.
Les institutions publiques ne sont pas parfaites, mais elles nous permettent d’avoir un réel impact sur les services offerts par l’entremise de nos élus. D’ailleurs, les revendications concernant nos aînés ont été entendues, elles sont présentement débattues à l’Assemblée nationale. Des gestes concrets relativement aux services offerts dans nos CHSLD publics doivent être mis en place pour régler les conditions médiocres liées au manque d’organisation observé pendant la pandémie. Cela dit, la solution aux ruptures de valeur avec le privé est claire : il faut nationaliser les CHSLD afin de promouvoir l’accessibilité à des services optimaux pour tous.