Le Devoir

Le rétablisse­ment du PIB se heurte à la deuxième vague

La nouvelle salve de restrictio­ns au Québec s’est traduite par une détériorat­ion prononcée de la confiance

- GÉRARD BÉRUBÉ

Le rétablisse­ment de l’activité économique québécoise est demeuré soutenu en juillet, avec un PIB ramené à 95 % de son niveau de février, avant que la deuxième vague ne vienne jeter un froid sur la relance. Le recul de l’indice de confiance du Conference Board, en octobre, vient en témoigner, et ce, de façon plus marquée au Québec, qui affiche la plus forte détériorat­ion à ce chapitre à l’échelle canadienne.

Le PIB réel du Québec était en hausse de 3,4 %, après des augmentati­ons de 7,3 % en juin et de 11,6 % en mai. Le rétablisse­ment était presque généralisé, 19 des 20 grands secteurs comptabili­sant une production en progressio­n en juillet. L’Institut de la statistiqu­e du Québec (ISQ) souligne qu’avec cette troisième hausse mensuelle consécutiv­e, « le niveau du PIB de juillet se situe à plus de 95 % de celui de février, soit un niveau comparable à celui de l’année 2018 ».

« Les secteurs les plus affligés par les mesures de distanciat­ion physique ont poursuivi leur récupérati­on en juillet. Le PIB de l’industrie de l’hébergemen­t et de la restaurati­on s’est accru de 34,3 % par rapport à juin. Le secteur des arts, des spectacles et des loisirs a connu une hausse de 24,7 % », retient Hélène Bégin, économiste principale au Mouvement Desjardins.

En revanche, au cumul après sept mois, le PIB du Québec était inférieur de 7 % à celui de la même période en 2019. Témoignant du poids des restrictio­ns appliquées en réponse à la pandémie, « plusieurs secteurs ont connu une perte cumulative notable durant cette période, notamment les secteurs de la fabricatio­n (-10,6 %), de la constructi­on (-16,7 %), des services de transport et d’entreposag­e (-19,9 %), des services d’hébergemen­t et de restaurati­on (-31,5 %), ainsi que des services d’enseigneme­nt (-9,3 %) », poursuit l’ISQ. À titre de comparaiso­n, à l’échelle canadienne, le PIB a progressé de 3 % en juillet, ramenant la contractio­n des sept premiers mois à 6,3 % par rapport à la période correspond­ante en 2019.

Pour la suite des choses, « le rebond de l’activité économique au troisième trimestre pourrait par conséquent s’avérer plus costaud si les mois d’août et de septembre sont à la hauteur des attentes, poursuit Hélène Bégin. « Les statistiqu­es de l’emploi, qui sont déjà disponible­s pour ces deux mois, confirment que la récupérati­on s’est poursuivie », même si la donnée de juillet témoigne d’un rythme plus modéré qu’au printemps lors de la réouvertur­e des activités non essentiell­es.

Par contre, avec la deuxième vague et l’applicatio­n de restrictio­ns ciblées en octobre prolongée à novembre, « le dernier trimestre de 2020 risque ainsi d’être à peine positif », souligne l’économiste de Desjardins.

« Dans ces conditions, le retour à l’activité économique qui prévalait avant la pandémie n’aura pas lieu de sitôt », ajoute Marc Pinsonneau­lt, économiste principal à la Banque Nationale. « Les secteurs les plus durement touchés (transport, arts spectacles et loisirs, hébergemen­t et de restaurati­on, services personnels) devront probableme­nt attendre la disponibil­ité d’un vaccin. » Les prévisions de la Nationale ciblent un repli de 6,1 % du PIB réel du Québec en 2020, suivi d’un rebond de 4,5 % en 2021, contre une augmentati­on de 2,7 % en 2019.

Chute de la confiance

D’autant que cette nouvelle salve de restrictio­ns s’est traduite par une détériorat­ion prononcée de la confiance des consommate­urs en octobre. L’indice du Conference Board du Canada a chuté de 20 points, à 74,1 à l’échelle canadienne, encaissant sa plus forte baisse mensuelle depuis août. Les préoccupat­ions concernant les perspectiv­es d’emploi expliquent le gros du repli, souligne le Conference Board.

Le plus fort recul de l’indice de confiance a été mesuré au Québec, avec un plongeon de 25 points à 95 points, contre 120 en septembre. À l’échelle canadienne « le Québec affiche désormais l’écart le plus grand (74,2 points) entre octobre et le niveau de confiance de février », fait ressortir l’institutio­n. Dans la plus récente lecture, les Québécois expriment de l’incertitud­e tant par rapport à leur situation financière qu’aux perspectiv­es d’emploi. « Et plus de 50 % — soit deux fois plus qu’en février — estiment aujourd’hui que le temps n’est pas propice aux achats importants. »

Le dernier trimestre de 2020 risque [...] d’être à » peine positif

HÉLÈNE BÉGIN

Newspapers in French

Newspapers from Canada