La confiance est brisée entre les Attikameks et le CISSS de Lanaudière, dit le ministre Dubé
Le lien de confiance entre la communauté attikamek et le CISSS de Lanaudière est « complètement brisé », a déclaré jeudi après-midi le ministre de la Santé, Christian Dubé, laissant planer un doute sur l’avenir du p.-d.g. Daniel Castonguay.
« Il faut s’assurer qu’on ait les bonnes personnes en poste pour rétablir le lien de confiance avec la communauté », a-t-il ajouté.
En entrevue au Devoir mardi, le chef du Conseil des Attikameks de Manawan, Paul-Émile Ottawa, disait avoir rompu toute communication avec le CISSS. Du même souffle, il réclamait la démission du p.-d.g. pour avoir « failli à ses obligations en ne donnant pas suite au rapport de la commission Viens ». De nombreux témoignages de racisme vécu par la communauté attikamek à l’hôpital de Joliette — où est décédée Joyce Echaquan le 28 septembre — ont été documentés dans le rapport de la Commission d’enquête sur les relations entre les Autochtones et certains services publics, déposé il y a plus d’un an.
Dans une entrevue à La Presse publiée mercredi, le p.-d.g. du CISSS de Lanaudière, Daniel Castonguay, affirmait qu’il « n’était pas au courant » de ces témoignages.
Pourtant, en septembre 2018, lors des audiences publiques de la commission Viens, la procureure Edith-Farah Elassal avait questionné la directrice de la protection de la jeunesse du CISSS de Lanaudière, Maryse Olivier — qui était la représentante du CISSS à la commission —, sur « l’insatisfaction généralisée des Attikameks à l’égard de l’hôpital de Joliette ».
Celle-ci s’engageait à ce que de telles situations ne se reproduisent plus dans l’établissement. « Vous pouvez être certaine que c’est quelque chose que je vais ramener auprès de mes collègues et pour lesquels il y aura des actions de posées », avait-elle déclaré.
Daniel Castonguay soutient que « ce suivi n’a pas été fait », ce que dément Maryse Olivier, qui n’est par ailleurs plus à l’emploi du CISSS. Selon La Presse, celle-ci assure avoir fait un suivi auprès du p.-d.g. à plusieurs reprises.
Il faut s’assurer qu’on ait les bonnes personnes en poste pour rétablir le lien de confiance avec la » communauté
CHRISTIAN DUBÉ
« Ça m’achale d’entendre ça [la déclaration du p.-d.g.] quand on parle d’imputabilité », a déclaré le premier ministre François Legault en point de presse jeudi après-midi. « On va aller fouiller complètement le dossier. »
P.-d.g. adjoint
Dans des documents de la commission Viens, le p.-d.g. adjoint, Éric Salois, est désigné comme la personne responsable des dossiers autochtones au sein du CISSS de Lanaudière, fait remarquer Sébastien Brodeur-Girard, professeur à l’École d’études autochtones de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue, qui était codirecteur de l’équipe de recherche de la commission Viens.
« À ce titre, M. Salois ne pouvait donc certainement pas ignorer les informations présentées par la commission Viens à Maryse Olivier lors des audiences », souligne-t-il.
« Et si le p.-d.g. adjoint est aussi responsable des dossiers autochtones au sein de l’établissement, comment la haute direction peut-elle dire qu’elle ignorait la situation ? », se questionne-t-il.
Pour le ministre de la Santé, Christian Dubé, la priorité est désormais de restaurer le lien de confiance entre la communauté attikamek et le CISSS de Lanaudière. « La population attikamek n’a pas confiance. Alors, pour moi, le premier dossier important avec Ian Lafrenière [le nouveau ministre responsable des Affaires autochtones], c’est d’essayer de rétablir ce lien de confiance là. » Des « actions très concrètes » ont été posées, et continueront de l’être, a-t-il assuré.
Christian Dubé dit notamment avoir rencontré à trois reprises le chef de Manawan au cours des dernières semaines. « [La perte de confiance envers la direction du CISSS] va faire partie des éléments qu’on va considérer dans les prochains jours. »
Le CISSS de Lanaudière n’a pas répondu à nos questions jeudi.