La gestion de la pandémie plus politisée que jamais
Pendant qu’une troisième vague de COVID-19 fait rage dans plusieurs États du pays, les candidats à l’élection présidentielle, Joe Biden et Donald Trump, ont politisé plus que jamais la gestion de la pandémie. À Miami, comme pratiquement partout en Floride, les inquiétudes sont vives, alors que le port du masque ne semble toujours pas une mesure prise au sérieux.
« Je n’ai pas vu mes grands-parents depuis des mois. Ce sont des supporteurs de Trump et ils ne veulent rien savoir du masque, ils n’y croient pas », confie Kristen Gandon, croisée par Le Devoir en marge d’un drive-in — rassemblement automobile — organisé samedi pour accueillir Kamala Harris venue stimuler les appuis à Joe Biden à quelques jours de l’élection.
Même si sa famille lui manque, la femme de 21 ans refuse de se mettre en danger, étant donné que le nombre de cas a recommencé à grimper dans les derniers jours. « Ils continuent à recevoir des amis chez eux. Je ne suis pas à l’aise, je ne vais pas me mettre à risque parce qu’ils se moquent des mesures sanitaires », souligne-t-elle.
La gestion de la pandémie crée des tensions dans plusieurs familles. D’un côté, le président Donald Trump minimise la flambée de COVID-19 et, de l’autre, le candidat démocrate, Joe Biden, affirme qu’il freinera la propagation du virus s’il est élu.
Au bord des plages de Miami Beach, le port du masque est quasi inexistant, malgré les pancartes qui indiquent qu’il est obligatoire.
« Je le porte parce qu’il y a des affiches qui disent qu’il est obligatoire, mais, en réalité, je ne suis pas préoccupée. Si ce n’était pas de la campagne électorale, je ne crois pas qu’on en entendrait autant parler », souligne Dileidy Donate, une Cubaine qui habite Miami depuis 15 ans.
La femme est convaincue que la gravité de la situation est amplifiée par le camp démocrate pour créer un climat de peur et gagner des votes. « Beaucoup de chaînes de télévision hispaniques ne parlent que de la COVID-19. Personnellement, je ne me laisse pas distraire, je vote Donald Trump parce que c’est le seul qui me semble habilité
à remonter notre économie et à libérer Cuba », fait-elle valoir.
Torses nus, Simone Onnis et Derek Yarbrough détonnent avec leurs masques pendant leur promenade sous les palmiers du South Pointe Park Pier.
« Trois membres de ma famille ont eu la COVID-19. Ils y ont tous survécu, mais disons qu’ils ont passé un mauvais quart d’heure », explique Derek Yarbrough, qui mentionne que la gestion de la pandémie a confirmé qu’il votera bleu cette année. « Je trouve ça stupide que ça devienne un enjeu politique, parce que c’est une question de science, qui ne devrait pas être politisée », poursuit-il.
Simone Onnis s’explique mal que des gens aient l’impression que le port d’un couvre-visage brime leur liberté.
« Il y a plus de 200 000 morts au pays, il me semble que c’est la moindre des choses d’essayer de prévenir d’autres décès, ce n’est pas un geste compliqué », dit-il.
Propagation en cours
« La COVID-19 est toujours bel et bien présente. Avec la reprise des classes, l’ouverture des commerces, il était prévisible qu’on verrait à nouveau une propagation », souligne Mary Jo Trepka, professeure et directrice du Département d’épidémiologie de la Florida International University en entrevue avec Le Devoir.
Dimanche, le comté de Miami-Dade a enregistré 918 infections supplémentaires, le plus grand nombre de nouveaux cas répertoriés dans le sud de la Floride, qui a cumulé un total de 4865 nouvelles personnes infectées.
« C’est inquiétant parce qu’à la miaoût, nous avions réussi à atteindre un plateau qui s’est maintenu pendant un moment et, là, ça recommence à grimper. Il faut vraiment éviter que ça redevienne exponentiel », explique Mme Trepka, ajoutant que le port du masque et le respect d’une distance de six pieds (presque deux mètres) sont des gestes primordiaux pour limiter la propagation communautaire. « Ça ne devrait pas être optionnel, ce sont des gestes simples, qui peuvent réellement changer les choses », souligne-t-elle.
À l’approche du jour du scrutin du 3 novembre, un nombre record de cas a été enregistré aux États-Unis, tandis que la barre des 94 000 par jour a été franchie le 30 octobre dernier. Le coronarivus a fait plus de 230 000 morts aux États-Unis depuis le mois de mars.
« Ce n’est pas surprenant, les spécialistes l’avaient prédit », lance Roxey Nelson du 1199SEIU United Healthcare Workers East, le plus grand syndicat d’employés de la santé et d’infirmières aux ÉtatsUnis. « Lorsqu’on a un président qui ne croit pas aux mesures sanitaires, qui n’interdit pas aux familles de célébrer l’Action de grâce ensemble, et bien, c’était prévisible qu’on se retrouverait avec une troisième vague », déplore Mme Nelson.
Ce reportage a été financé grâce au soutien du Fonds de journalisme international Transat-Le Devoir.